Ah, M6… une chaîne pour laquelle j’ai un souvenir nostalgique assez fort, et qui me vendait vraiment pas mal de rêve dans les années 90-début 2000. Avec son positionnement plus jeune, ses jingles pubs créatifs, M6 Kid avec Nathalie Vincent puis Karine Lima, les sitcoms diffusées en face des JT de TF1 et France 2, la Trilogie du samedi avec son jingle angoissant, le 6 minutes et son générique en morse, la programmation 0% football en pleine coupe du monde 1998, et plein d’autres choses…
Ça me fait un peu mal au cœur de me dire qu’aujourd’hui, quand je pense à M6, c’est surtout pour les mauvaises raisons : programmation très orientée ménagère, stratégies de diffusion accroissant la rentabilité au détriment du confort de visionnage pour le spectateur, chaînes TNT du même groupe qui ne servent quasiment qu’à rediffuser les programmes de la chaîne mère, service de replay exécrable qui donne l’impression que la chaîne ne veut pas qu’on la regarde autrement qu’en linéaire… bon, après, tout n’est pas négatif dans la M6 d’aujourd’hui non plus, et ça m’arrive encore de la regarder de temps à autre ; mais le temps de la petite chaîne qui monte est bel et bien révolu, laissant place à une grande chaîne qui stagne un peu trop au niveau de mon ressenti.
Bref. Parmi les spécificités qu’avait M6 à ses débuts, et qu’elle a un peu perdues par la suite, il y avait le fait que la chaîne devait consacrer au moins 30% de sa programmation à la musique. Au fil du temps, ses obligations à ce sujet se sont réduites (à tel point qu’elle pouvait s’en sortir simplement en balançant des clips pendant la nuit pour les assurer) ; ce qui était cependant justifié par l’arrivée de la TNT, et notamment de W9 et le canal 17 (aujourd’hui CStar, après quatre changements d’identité successifs) dont la thématique musicale était censée être plus marquée. Bon, en revanche, quand on voit que W9 a dernièrement demandé à l’Arcom de faire sauter ses obligations à ce sujet, et que je tombe beaucoup plus souvent sur les douanes australiennes que sur de la musique en zappant sur CStar (et qu’il me semble qu’eux aussi ont demandé à avoir des obligations réduites…), on se dit que la thématique musicale doit finalement davantage emmerder les diffuseurs plus qu’autre chose.
Mais bon, du temps où M6 avait des obligations musicales plus marquées, ce n’était pas une mauvaise idée de proposer autre chose que des clips ; comme, par exemple, un jeu musical. Ce qu’elle a fait.
Ainsi, Zygomusic fut diffusé de septembre 1990 à août 1992, et présenté par Laurent Petitguillaume. Je n’ai évidemment pas connu cette émission en direct (étant donné que je n’étais soit pas encore né, soit encore un nourrisson de même pas un an…) ; mais, en la revoyant, cette vibe que j’avais en regardant M6 durant les années 90 est revenue. Et la vibe que j’avais en regardant les jeux TV de cette époque aussi, d’ailleurs ; si bien que c’est peut-être le jeu de ce bloc “musique” qui m’a le plus donné la pêche. Même si ce n’est techniquement pas le meilleur du lot à mon sens ; et on va tout de suite voir pourquoi.
Ah, et au passage : même si Étienne Robial a fait un super travail au niveau de l’habillage de M6 de l’époque, je ne le remercie pas pour m’avoir donné du fil à retordre lorsque j’ai dû prendre une capture d’écran du titre (vous avez dû le remarquer en regardant la miniature de l’article…). Mais c’est surtout parce que son travail à ce niveau-là s’apprécie dans l’action ; et que le générique gagne vraiment à être regardé en entier, car prises indépendamment, les captures d’écran ne veulent pas dire grand-chose.
La confrontation
Durant une quinzaine de minutes, trois candidats vont s’affronter ; et leur but sera d’avoir le plus de points possible, le candidat en tête gagnant un billet pour la finale. Très classique.
Cette confrontation va consister en une série de questions se jouant à la rapidité, avec à la clé la possibilité de répondre à une autre question qui permettra de remporter des points. Très classique là encore ; après tout, là, je pourrais tout aussi bien être en train de résumer le concept de Slam.
Mais ici, pour prendre la main, il faut reconnaître… des images de clips, sans le son !
Ce qui est plutôt original, et beaucoup moins fréquent que ce que font la plupart des autres jeux musicaux. Parmi tous les jeux du bloc “musique” que je suis en train de traiter, Zygomusic est d’ailleurs le seul à jouer là-dessus.
Bon, après, j’ai un peu envie de dire que c’est moins parlant que de reconnaître des extraits musicaux, ou de répondre à des questions de culture musicale ; et le fait que ces clips datent des années 80-début 90 n’aide pas trop à s’en souvenir encore aujourd’hui. En outre, reconnaître les clips est le seul moyen de prendre la main, et donc de tenter de marquer des points ; autrement dit, si vous n’écoutez la musique que via la radio, inutile de tenter votre chance à Zygomusic.
Après, oui, c’était l’époque où YouTube n’existait pas encore, et où la plupart des gens découvraient les clips via… M6, justement (sauf pour les abonnés au câble et au satellite, qui pouvaient accéder à des chaînes musicales type MTV). Donc j’imagine que pour les spectateurs assidus de M6, ça ne devait pas trop poser problème.
Toutefois, je pense que ça aurait peut-être été mieux de garder la reconnaissance de clips pour les mini-jeux dont je vais parler juste après, et de partir plutôt sur des questions de culture musicale plus diverses pour prendre la main, afin que la réussite des candidats ne dépende pas trop de cet aspect-là.
Bref. Une fois la main prise par le candidat qui a donné la bonne réponse, celui-ci actionne un levier, qui active une machine. Celle-ci va proposer aléatoirement un événement, parmi :
- Le vrac : le candidat a quelques secondes pour trouver le nom d’un artiste ou d’un groupe, à l’aide d’un pendu ou d’une anagramme.
- Le dernier mot : l’animateur prononce les paroles d’une chanson ; le candidat doit les compléter. Bref, c’est du NOPLP ; mais en beaucoup plus léger, puisqu’il n’y a qu’un seul mot à trouver.
- La musique (titre très original s’il en est…) : l’animateur pose une question de culture musicale, à laquelle le candidat doit répondre.
- Le Vrai/Faux : l’animateur pose une série de 5 questions de type Vrai/Faux (duh !). Cette série de questions peut porter sur un thème commun ou non (par exemple, 5 extraits musicaux sont diffusés, et il faut dire si leur titre comporte le mot “rêve” ou non). Le candidat remporte des points pour chaque bonne réponse.
- Le Zygophone : le candidat doit reconnaître une chanson (et son interprète) jouée à l’aide d’un tourne-disques, qu’il doit lui-même manipuler. Il devra donc gérer la vitesse à laquelle le disque tourne, afin d’avoir la meilleure qualité sonore pour pouvoir l’écouter et le reconnaître.
- Monsieur Zygo : une voix-off annonce un événement aléatoire (par exemple : le candidat perd des points, il ne se passe rien…).
- La prison : le candidat doit passer son tour, et ne peut donc pas proposer de réponse lors de la question suivante.
Là où je vais émettre davantage de réserves, c’est sur la “solidité” de la mécanique.
Bon, déjà, on est sur une mécanique où le hasard a une part assez prépondérante (à l’instar d’une Roue de la fortune) ; et où le simple fait d’avoir un excellent niveau ne garantit donc pas forcément de faire la course en tête. En effet, les événements “Monsieur Zygo” et “Prison” sont surtout là pour créer du rebondissement, et font plutôt bien le job à ce niveau-là. Cela dit, c’était peut-être un peu dispensable, dans la mesure où les candidats prennent la main en buzzant (là où dans une Roue de la fortune ou dans un Motus, ça aurait été indispensable afin d’éviter le syndrome du candidat qui “décide” de ne jamais laisser la main).
L’autre point qui me chiffonne un peu, c’est le nombre de points en jeu sur les différents types de questions, que je trouve un peu inutilement arbitraire. En effet, le Vrac, le Dernier mot et la Musique rapportent tous les trois 40 points ; mais le Zygophone, lui, en rapporte 50 ; et le Vrai/Faux permet de gagner 5 ou 10 points (probablement selon les saisons) par bonne réponse, ce qui est davantage modulaire.
Après, ce n’est pas affreux, et j’imagine que le nombre de points en jeu devait finalement dépendre plus ou moins de la difficulté estimée des différents défis. Le Zygophone étant probablement jugé plus difficile, car on demande au candidat une manipulation supplémentaire, ainsi que deux réponses au lieu d’une seule ; et le Vrai/Faux plus facile vu qu’il n’y a que deux possibilités de réponses à chaque fois. Mais bon, dans ce dernier cas, ça ne marche que pour la version où les questions valent 5 points chacune…
Un petit mot sur l’ambiance
Oui, quand je disais que Zygomusic me donnait davantage la pêche que les autres jeux musicaux de ce bloc, c’est principalement par rapport à l’ambiance que recherche le programme.
Bon, déjà, je reconnais que la mécanique du jeu se prête plutôt bien à avoir un jeu ambiancé. Déjà, parce que les jeux musicaux se prêtent généralement bien à ça ; mais également parce que, même si j’ai un peu reproché à la mécanique son côté “aléatoire”, le côté “tout peut arriver” y contribue.
Et puis on sent également qu’on a affaire à un jeu dont l’ambiance est délibérément moins formelle, voire plus intimiste. Le décor est plutôt cosy, Laurent Petitguillaume est à l’aise à l’animation avec un ton détendu…
En outre, on sent également que le jeu cherche à viser un plus jeune public : les candidats sont jeunes, et l’animateur se permet d’ailleurs de les tutoyer.
Je n’ai pas grand-chose de plus à développer à ce sujet. En fait, comme je le disais en introduction, je pense que si j’affectionne autant cette ambiance, c’est parce qu’elle me rappelle le bon souvenir de la M6 de l’époque.
La finale
Le candidat qui a le plus de points à l’issue de la confrontation gagne le droit de disputer la finale.
Avant de la démarrer, un clip est diffusé ; le candidat doit le regarder attentivement.
Car, juste après, on va lui poser 10 questions de type “Vrai/Faux” (enfin, plutôt “Oui/Non” d’après les termes employés durant la finale), qui vont porter sur des détails du clip qu’il vient de voir.
Son but est, bien évidemment, d’avoir le plus de bonnes réponses possibles. 8 bonnes réponses, pour être plus précis. S’il atteint ce score, il remporte la finale.
En fait, Zone Rouge n’était pas le premier jeu à proposer une question d’observation sur une séquence vidéo : Zygomusic l’avait déjà fait une dizaine d’années plus tôt, et en version XXL !
Bon, commençons quand même par le reproche que j’aurais à formuler envers ce principe de finale : on s’écarte de l’idée de culture musicale mise en avant durant le reste du jeu. Certes, on se base sur un clip ; en revanche, on peut totalement réussir cette finale, même sans avoir de culture musicale, puisqu’il suffit avant tout d’avoir de bonnes capacités d’observation et de mémorisation, à l’instar de la manche 2 de Réveillez vos méninges.
Mais c’est aussi ce qui fait la force de cette finale pour moi : la mise en avant des qualités susmentionnées. Des qualités qui ne sont pas si souvent mises en avant dans les jeux TV, et que je prends généralement avec plaisir quand on me les propose.
En outre, même si l’enjeu de la finale reste binaire, cet aspect reste à mon sens moins frustrant que pour Fa si la chanter, dans la mesure où les questions de type “Vrai/Faux” me semblent plus accessibles que de reconnaître des chansons sans proposition de réponse ; et qu’ici, le candidat a quand même droit à deux erreurs. Ça ne me semble pas trop injuste.
Total : 13/20
Zygomusic est un jeu musical qui, pour moi, est plutôt bien arrivé à trouver sa voie.
Certes, il ne prétend pas révolutionner le genre ; mais il propose une ambiance cosy et détendue, que je prends beaucoup de plaisir à suivre ; ainsi qu’une mécanique qui a ses petites spécificités plutôt plaisantes. Je retiens en particulier le fait de jouer davantage avec les clips, ce que les autres jeux musicaux n’ont pas (beaucoup) fait, avec notamment une finale qui s’écarte un peu du concept orienté musique, mais qui met en avant d’autres qualités d’observation et de mémoire en contrepartie.
Et après avoir vu ce que M6 a proposé en matière de jeu musical, voyons ce que sa petite sœur W9 avait à offrir à ce niveau-là…