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#110 – C’est déjà Noël

Ho ho ho. Bon, je ne vous cache pas que, parmi les jeux de plateau français qui me restaient à (re)visionner, le jeu d’aujourd’hui était l’un de ceux pour lesquels j’ai le plus traîné des pieds avant de me lancer, pour des raisons assez évidentes connaissant mes goûts.
Mais pour resituer le contexte, C’est déjà Noël est un jeu diffusé par TF1 en 2018, durant le mois d’octobre… comment ça, vous ne me croyez pas ? En même temps, vu que les diffuseurs dégainent les téléfilms de Noël à cette période-là, ça aurait pu être totalement plausible ! Bon, ok, plus sérieusement, le jeu a été diffusé en quotidienne (hors week-ends) à 18h15, du 3 décembre au 28 décembre. En revanche, ils n’en ont pas profité pour renommer les numéros post-25 décembre en « Noël est passé »… dommage.
Et, quelque part, ce jeu marque la fin d’une époque sur plusieurs plans. Car, à ma connaissance, c’est la dernière nouveauté en matière de jeu que TF1 a lancé en quotidienne depuis 2018 (oui, en fait, contrairement à ce que j’avais dit à l’époque, The Wall n’était pas le dernier… mais bon, C’est déjà Noël me semblait davantage assumer son côté événementiel, là où The Wall ambitionnait d’avoir une programmation davantage pérenne), la chaîne ayant fini par préférer les feuilletons (et quelques retours éphémères de QVGDM, qui existait déjà depuis belle lurette) ; mais également l’un des derniers jeux de plateau véritablement saisonniers, toutes chaînes confondues. Par la suite, les chaînes auront plutôt tendance à diffuser les mêmes jeux pendant toute l’année (hormis la diffusion en alternance de Mot de passe et Un mot peut en cacher un autre en fin de matinée sur France 2 en 2020-2021), quitte à compléter avec des rediffusions (notamment en été).
Et c’est un état de fait que je déplore. Car, même si je n’ai pas particulièrement apprécié C’est déjà Noël, j’ai en revanché trouvé ce jeu intéressant par rapport à la façon dont il a participé à la diversité télévisuelle en matière de jeux TV. Et, clairement, c’est un jeu qui n’aurait eu aucun sens si on avait cherché à le diffuser pendant toute l’année. Bon, certes, on aurait tout simplement pu en retirer les éléments Noëlesques, pour en faire un jeu plus lambda, diffusable plus longtemps ; mais, franchement, ça aurait donné un jeu assez basique qui aurait manqué d’âme. Et à ce niveau-là (attention, balle perdue dans 3… 2… 1…), on a déjà Le jeu des 1000 euros qui occupe ce créneau actuellement. Un créneau qui ne devrait même pas exister, pour un diffuseur qui se respecte un tant soit peu…
Bref, voyons à présent comment TF1 a souhaité fêter la fin d’année 2018.

L’ambiance et la mise en scène

Ouais, évacuons ça tout de suite, étant donné que ça fait partie des points négatifs évidents pour moi… en même temps, un jeu animé par Jean-Luc Reichmann, le contraire m’aurait étonné.
Désolé pour ceux qui accrochent sincèrement à son style d’animation… mais, vraiment, je le trouve poussif. Et, par conséquent, je trouve le jeu plus mièvre que nécessaire. Certes, c’était sans doute l’animateur de la chaîne que j’imaginais le plus animer un programme événementiel dans l’esprit de Noël (étant donné qu’il fait déjà Les 12 coups de Noël, la déclinaison du jeu du midi présent depuis beaucoup trop longtemps…) ; mais bon…
On ne va pas disserter pendant des heures là-dessus, aussi on va passer directement à la suite.

Au niveau de la mise en scène, on appuie le côté « Noël » (histoire d’honorer le titre) ; avec notamment les tons rouge et doré très présents et très festifs, un écran-sapin géant, et les candidats installés dans des traîneaux, qui avancent d’une ou plusieurs cases en fonction des bonnes réponses des candidats. Ce qui n’apporte rien de particulier par rapport à la mécanique du jeu (qui reste assez lambda), mais qui marque correctement le côté événementiel.
Cela dit, le petit problème avec cette mise en scène, c’est qu’elle participe au manque de rythme global du jeu. Car les traîneaux n’avancent pas vite, ce qui rend la gestion des scores bien plus lente que si on avait un simple compteur de points mis à jour après chaque question.

Le duel

Deux binômes s’affrontent, dans un duel en trois temps.
Enfin… à vrai dire, dans les deux premiers temps, les deux binômes jouent individuellement, il n’y a que lors du troisième qu’ils s’affrontent réellement.

Pour la première partie de cette manche, les binômes jouent à tour de rôle.
Le premier binôme (tiré au sort) choisit un thème parmi les 6 proposés, et doit répondre à 3 questions dessus. Les questions sont de type QCM, avec 3 propositions de réponse. Si le binôme a la bonne réponse, il remporte un point. Puis c’est au second binôme de jouer, avec l’un des cinq thèmes restants.
Bon, vu comme ça, rien d’original ; après, j’ai envie de dire que ce n’était pas forcément la prétention du jeu. Cela dit, j’avoue que j’ai omis quelques détails exprès, qui rendent cette première partie de manche plus intéressante qu’il n’y paraît.
Déjà, si un binôme répond correctement à ses trois questions, il remporte un cadeau supplémentaire. Ce qui va dans le thème du jeu.
Ensuite, il est tout à fait possible qu’il y ait plus d’une bonne réponse pour chaque question ; voire que les trois réponses soient correctes. Ce qui fait qu’en fin de compte, il n’y a donc pas 3 possibilités de réponses, mais 7. Après, il faut quand même avoir la bonne réponse “complète” pour marquer le point ; s’il y avait deux réponses correctes à la question, mais que le binôme n’en a donné qu’une seule, il ne gagne rien. Certes, j’ai déjà vu dans Le club des invincibles un système de multi-réponse plus poussé ; mais ça fait plaisir que C’est déjà Noël soit allé un peu plus loin que le QCM ultra basique.

La petite originalité ici, c’est que les réponses « Dany Boon » et « Pierre Richard » sont les deux réponses correctes.

Et enfin, le choix du thème n’est finalement pas si anodin que ça, car les deux parties suivantes de la manche vont également jouer dessus d’une autre façon.
En effet, la deuxième partie de cette manche reprend le principe de la première, mais avec le choix du thème laissé au binôme adverse (et les questions qui valent désormais 2 points) ; quant à la troisième partie, elle verra ses questions être jouées sur l’un des deux thèmes restants, décidé par le binôme qui aura le plus de points à ce moment-là. Selon les émissions, le dernier thème sera joué après avoir proposé 3 questions sur l’avant-dernier.
Bon, ça n’a finalement rien de très exceptionnel ; mais, au moins, il y a quand même un petit twist appréciable à ce niveau-là pour la deuxième partie, et une certaine importance dans l’ordre des thèmes traités. On verra effectivement que les deux thèmes laissés pour la manche 3 permettront de remporter plus de points, donc d’avoir une importance potentiellement plus forte. Mais bon, en pratique, ça m’étonnerait que les binômes aient sciemment laissé les thèmes les plus inspirants pour la fin, puisqu’on n’est pas dans un jeu où les candidats jouent de façon stratégiquement poussée.

Parlons à présent de la troisième partie de jeu.
Celle-ci se joue vraiment en duel, les binômes jouant sur les mêmes questions (cette fois-ci avec une réponse directe et non plus en QCM), et devant prendre la main au buzzer.
Pour les trois premières questions, si le binôme qui prend la main a la bonne réponse, il avance de 4 cases ; mais recule d’une case si ce n’est pas la bonne. Pour les trois dernières, c’est 5 cases en avant par bonne réponse, et 2 cases en arrière par mauvaise réponse.
Le premier binôme à arriver à 20 points (bizarrement pas 25… occasion manquée de faire allusion à Noël, là) remporte la partie ; mais si aucun binôme n’arrive à ce score avant la fin des questions, c’est le plus avancé qui part en finale.

Je n’ai pas grand-chose à redire. Même si on sent que ces enjeux impliquant soudainement plus de points sont là pour “accélérer” le duel, j’apprécie toutefois que les erreurs soient pénalisées, afin de décourager de répondre au hasard.

Enfin, signalons également que le premier binôme à atteindre un certain score (variable selon l’émission) gagne un cadeau supplémentaire. A nouveau, l’esprit de Noël, toussa.

La finale

La finale suit une formule à la QVGDM… particulièrement généreuse. On va y revenir.
Le binôme finaliste va devoir répondre à une série de 7 questions, portant sur des thèmes dont ils vont décider de l’ordre dans lequel ils vont les traiter (comme dans Carbone 14 ou NOPLP v1).
Mais l’originalité à ce niveau-là, c’est que, pour chaque question, les binômes doivent choisir à la fois un thème et une année, et donc faire les compositions de leur choix. Bien entendu, une fois un thème et une année choisis, ils ne peuvent pas être choisis à nouveau.

Attention : les thèmes et les années peuvent être associés librement, ainsi on n’est pas obligés de faire « Sport 1977 » ou « Cinéma 1990 ».

Pour moi, c’est de loin la meilleure idée de ce jeu.
Déjà, car j’aime beaucoup lorsqu’une formule à la QVGDM cherche à donner plus de liberté aux candidats dans la façon de gérer leur parcours, afin qu’ils en soient davantage acteurs et le subissent le moins possible, et qu’ils puissent même y apporter une touche de stratégie, par exemple en choisissant volontairement les thèmes les moins inspirants pour commencer, afin de réserver les plus “faciles” pour la fin.
Alors, ici, forcément, avec les candidats qui peuvent choisir non pas un, mais deux paramètres dans leur parcours, je ne peux qu’adorer l’idée !

Hélas, ce côté stratégique potentiel est rendu quelque peu caduque par la générosité anormale des règles.
Déjà, parce que contrairement à Carbone 14 et NOPLP, on n’a quasiment pas de gradation objective de la difficulté en fonction des questions posées. En effet, les questions 1 à 5 sont toutes des QCM à 2 propositions de réponse ; et je n’ai pas l’impression que leur difficulté augmente selon un critère subjectif. Seule la question 6 ne dispose d’aucune proposition de réponse.
Donc ça rend finalement l’idée de traiter les thèmes dans l’ordre qu’on veut un peu caduque… même si ça reste sauvé par l’idée d’associer un thème à une année, qui permet quand même de rendre le pouvoir de décision utile.
Mais, idéalement, je trouve que cette mécanique se serait mieux prêtée à un nombre de réponses croissant à chaque nouvelle question.

Et c’est comme ça pendant 6 questions… dommage de ne pas avoir un peu plus poussé la difficulté.

Ensuite, aucune erreur n’est éliminatoire ni pénalisante. Le fait de répondre faux à une question empêche juste d’avancer dans l’échelle de gains et de remporter un cadeau bonus.
Oui, parce qu’en plus de progresser d’un échelon, les candidats peuvent également choisir une boule sur le sapin, qui cache un cadeau au hasard. Bon, heureusement, pas de cadeaux farfelus ou sans intérêt façon paquet de mouchoir à l’effigie de Bruno Guillon (coucou Chacun son tour…).
Donc, à nouveau, ça diminue un peu la pression mise sur les candidats s’ils se trompent.

Et enfin, même sans compter les cadeaux bonus, les gains sont quand même assez généreux, surtout compte tenu du fait que les erreurs ne sont pas pénalisantes, et que l’accès à la finale n’était pas très disputé.
1 000 €, 5 000 €, 10 000 €, 25 000 €, 50 000 € puis 100 000 €… bon, certes, c’est partagé avec un spectateur (évidemment, j’ai envie de dire… on est sur TF1, what did you expect ?), mais ça reste des gains assez généreux compte tenu de la mécanique. On a cependant une mini-originalité à ce niveau-là, car si les candidats décrochent le gain maximal, ils ne le partagent pas. Ne me demandez pas pourquoi…

Bref, à cause de sa très grande générosité, ainsi que sa relative simplicité d’accès, cette finale n’est pas particulièrement prenante à suivre, puisqu’on voit finalement une avalanche d’argent et de cadeaux être distribuée assez facilement.
Cela dit, ça reste cohérent avec le thème de l’émission, je le reconnais. Après tout, Noël, c’est un peu la période de la générosité et tout et tout ; et j’avoue que c’est plutôt rafraîchissant de voir un diffuseur qui ne lésine pas à ce niveau-là (bon, à part pour le gain partagé, mais ça reste minime), alors que d’habitude il n’hésite généralement pas à faire preuve d’astuce pour dépenser le moins possible.

Et, par conséquent, ça vient confirmer le caractère événementiel de l’émission, car ça m’aurait fortement étonné que TF1 puisse se permettre de faire de même sur une période plus longue.
Cela dit, avec quelques ajustements de règles comme ceux suggérés plus haut, et des erreurs pénalisables, ça pourrait donner une version plus pérenne pour les finances de la chaîne, pourquoi pas… tout en remettant un peu plus de stratégie au cœur du concept de la finale.

Total : 9,5/20

Bon, je ne suis pas étonné par le fait de ne pas avoir accroché à C’est déjà Noël, dont je n’attendais honnêtement rien de spécial.
En termes de mécanique, ça reste globalement assez basique, mais correctement exécuté. J’ai même été un peu positivement surpris par quelques idées un peu créatives dans le lot, en particulier la façon dont les thèmes sont gérés dans les deux manches de jeu. Si, vraiment, je devais trouver un « défaut » là-dedans, ce serait peut-être le côté un peu trop généreux de la finale… mais, thématiquement parlant, ça colle bien avec la période de Noël. Bref, si je ne m’en tenais qu’à un plan purement technique, j’aurais trouvé le jeu passable-correct sans plus.
En revanche… ben, ça reste un programme dont l’appréciation dépend grandement de l’appréciation qu’on a du style des jeux habituellement présentés par Jean-Luc Reichmann. Donc, sans surprise, étant donné que je n’aime pas ce style, j’ai davantage ressenti le côté ennuyeux du jeu, qui n’était pas aidé par sa durée un peu trop longue à mon goût pour ce que c’est.
Mais bon, ça reste inoffensif. Comme programme événementiel saisonnier, ça passe, surtout pour les fans de ce style. Et je sais que je me répète un peu par rapport à mon introduction (ainsi que par rapport à la conclusion de mon article précédent), mais ce genre de programmation événementielle saisonnière me manque. Mine de rien, nonobstant le côté peu ambitieux du jeu en lui-même, le fait de proposer un jeu spécifique pour cette période-là restait quand même une ambition en soi.

Et tant qu’à faire, pour rester sur un jeu présenté par Jean-Luc Reichmann…

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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