(au passage, ce logo fait furieusement penser à celui de l’émission jeunesse de TF1 des années 2000, TF!…)
À l’instar d’Une famille en or, Duels en familles est un jeu pour lequel il m’aura fallu un long moment avant de m’y pencher… mais pas pour les mêmes raisons.
En effet, pendant un moment, ça a été difficile pour moi de dissocier ce jeu de la placardisation de Des chiffres et des lettres au week-end, vu qu’il en avait pris la place à la rentrée 2022. Mais bon, c’était quelque peu stupide de ma part : après tout, c’était principalement à France 3 que j’aurais dû en vouloir pour cette décision. Et je vous rassure : j’en veux toujours autant à France 3 pour ça, surtout depuis qu’elle a définitivement supprimé DCDL deux ans plus tard, au profit d’une double diffusion du Jeu des 1000 euros (et celui-là, en revanche, j’ai toujours des raisons de m’énerver dessus, et qui ne sont certainement pas près de se dissiper de surcroit…).
En fait, de façon générale, j’ai trouvé la rentrée 2022 particulièrement décevante en matière de jeux TV (du moins en day-time). Car outre la placardisation d’un jeu culte au profit de cette seule nouveauté, on a également assisté à la suppression de trois jeux hebdomadaires, réduisant encore davantage la diversité à ce niveau-là. Petite consolation toutefois : l’un d’eux était Trouvez l’intrus, il était temps au bout de 6 ans (dont 5 ans et 11 mois de trop)…
En outre, quand j’ai enfin daigné y jeter un oeil une fois l’agitation passée, je me suis dit que je n’allais pas être très inspiré pour en faire une critique, vu que c’est plutôt le genre de jeu correct sans plus sur lequel je n’aurais pas trop su quoi développer.
Du moins, jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’il en a existé (à l’heure actuelle) deux versions différentes : la première, de la rentrée 2022 à la rentrée 2023 ; et la seconde, qui a suivi. Et là, je me suis dit que je tenais quelque chose… même si ça allait être très abstrait.
Mais pour expliquer où je veux en venir à ce sujet, il va falloir que j’entre dans le détail de ces deux versions ; une fois que j’aurai expliqué au préalable les ambitions du programme. Allez, c’est parti.
Une compétition entre familles étirée sur une semaine
La première particularité du format est qu’il s’étire sur une semaine (enfin, plus précisément, du lundi au vendredi).
En effet, durant toute la semaine, ce sont deux familles de candidats (composées de 4 membres chacune) qui s’affrontent ; et dans chaque émission, le but est d’accumuler le plus de points possible, l’équipe en ayant le plus gagnant sa place pour la finale du jour.
C’est le même principe pour tous les jours de la semaine ; mais l’émission du vendredi se distingue de par son enjeu maximal plus élevé de 5 000 € (vs. 2 000 € pour les autres jours de la semaine), et potentiellement d’autres aspects selon la version.
En soi, c’est effectivement une particularité. Certes, ce n’est pas la première fois qu’on a un jeu de France 3 diffusé du lundi au vendredi, dont le vendredi constitue une « conclusion » de la semaine (je pense notamment à Fa si la en 1999, où l’émission du vendredi faisait s’affronter les gagnants des émissions du lundi au jeudi) ; mais ça reste assez peu fréquent pour rester notable. Et je reconnais que, dans le contexte, ça fait même du bien de voir des jeux de day-time plus récents qui partent sur un autre style de formule qu’un énième système de champion (limité ou non) pullulant dans les jeux TV depuis quelques années… c’est d’ailleurs un point positif que je pourrais également attribuer à Chacun son tour et Y’a pas d’erreur ?, sortis un an plus tôt (pour une fois que je dis du bien de Chacun son tour…).
Néanmoins… ça s’arrête plus ou moins là, selon la version. Autant la première version joue un peu plus là-dessus, en proposant un avantage plus significatif à la famille « gagnante » du reste de la semaine ; autant dans la seconde version, la seule différence entre l’émission du vendredi et les autres est l’enjeu de la finale. Mais autrement, on aurait tout aussi bien pu avoir des émissions totalement individuelles, avec à chaque fois deux familles différentes, que ça n’aurait pas changé grand-chose. Enfin, si ce n’est que les familles doivent davantage profiter en jouant sur 5 jours plutôt qu’un seul, certes.
Et maintenant que j’y pense : comment ça se passe si l’émission est déprogrammée durant l’un des jours de la semaine (lorsque c’est prévu de longue date, comme par exemple la retransmission d’un événement sportif) ? Les familles qui jouent l’ont dans l’os en perdant une occasion de gagner de l’argent ?
L’autre particularité est donc le fait qu’il fait s’affronter des familles… mais dans un sens plutôt large. En effet, les familles se composent de quatre membres ; mais à l’instar d’Une famille en or, ça peut être un peu n’importe qui. Bref, ça aurait pu être deux bandes de potes de tout âge que ça n’aurait pas changé grand-chose. On ne joue pas forcément sur un aspect générationnel spécifique ni sur une connaissance approfondie des membres entre eux, ce qui est un peu dommage compte tenu de l' »argument de vente » du programme.
Bon, à nouveau, ce n’est pas un défaut (autrement, je l’aurais également souligné pour UFEO) ; mais plutôt une occasion manquée, selon le point de vue.
Et est-ce que l’idée de faire jouer des équipes est exploitée à son plein potentiel ? … oui, d’une certaine manière ; même si, là encore, mon appréciation va dépendre de la version.
Dans les deux cas, on trouve une approche plutôt originale dans la structure globale, avec :
- une première manche, où les deux familles se confrontent en 4 vs. 4, et dont les questions rapportent relativement peu de points ;
- une deuxième manche, où chaque famille est représentée par deux membres, et dont les questions rapportent un peu plus de points ;
- une troisième manche, où chaque famille n’a qu’un seul représentant, et dont les questions rapportent davantage ;
- une finale, où la famille gagnante joue entièrement sur la complémentarité de ses membres.
Au départ, je me suis dit que le fait de jouer en équipe n’apportait aucune plus-value particulière (en dehors de la finale, et encore je trouve que ça y reste légèrement artificiel) ; mais en y réfléchissant davantage, j’ai compris que l’intérêt des trois premières manches résidait ailleurs.
Car en ce qui concerne ces trois manches de duels, c’est plutôt la progression dans le ratio enjeux/efforts fournis pour y parvenir qui est intéressante. Un peu comme pour TLMASMAD, si ce n’est que les « efforts fournis » résident dans le nombre de candidats. Ainsi, on peut juger la première manche plus « confortable », car chaque équipe peut compter sur ses quatre membres pour marquer des points ; tandis que pour la troisième, il y a davantage de pression sur le seul représentant de la famille, avec plus de points en jeu. Et entre les deux, on retrouve un compromis sur le nombre de points et de représentants.
Bref, même si j’étais très sceptique au départ, je reconnais que la structure du jeu était un peu plus réfléchie qu’il n’y paraissait.
Toutefois, il reste à voir comment c’est exécuté en pratique. Et c’est à partir de là que je vais faire la différence entre les deux versions.
Version 1 (2022-2023)
Les duels
Pour les trois premières manches, un thème sera donné, intitulé « Duels de … », les points de suspension pouvant être remplacés par… un peu de tout. On peut avoir des duels de mots (jouant sur le vocabulaire), de régions (jouant sur la géographie), d’images (jouant sur la reconnaissance visuelle), d’orthographe, etc. Le thème change à chaque manche.
Du lundi au jeudi, le thème est imposé par la production ; mais le vendredi, c’est l’équipe ayant remporté le plus de duels le reste de la semaine qui peut choisir le thème parmi deux propositions pour chaque manche. Une façon appréciable de justifier le format hebdomadaire, qui ne survivra pas à la seconde version.

Pour le premier duel, ça se joue à la rapidité, avec les quatre membres de chaque famille qui ont chacun un buzzer. L’animateur pose des questions, un candidat buzze lorsqu’il pense avoir la réponse ; si c’est la bonne, il fait gagner un point à son équipe ; sinon, la main passe et seule l’équipe adverse peut répondre.
Il y a dix questions, rapportant chacune un point.

Pour le deuxième duel, les équipes jouent chacune leur tour. Les deux représentants de chaque équipe ont six questions, avec à chaque fois 5 secondes de réflexion pour se concerter et donner une réponse (bon, en revanche, c’est comme le délai de réponse dans TLMVPSP, ce n’est absolument pas grave si on dépasse le délai pour donner la réponse… tiens, je ne l’ai pas souvent taclé là-dessus, celui-là) ; et si la réponse est bonne, ça fait deux points en plus.
Six questions sont posées à chaque équipe sur ce modèle.


Pour le troisième duel, les questions sont individuelles et sans délai de réflexion, et rapportent 3 points pour un total de 5 questions par candidat.

Bon, dans un sens, même si on change de mécanique à chaque fois, ça reste une façon relativement variée d’enchaîner des duels.
Sinon, concernant la nature des questions posées, je n’ai pas grand-chose à dire là-dessus. Ça dépend notamment de la nature des duels, et ça peut donc jouer sur pas mal de choses.
En revanche, tel que proposé (et c’est là que ça va devenir un peu plus compliqué à expliquer pour moi), c’est une façon plutôt cohérente de proposer une mécanique qui aurait été autrement un peu trop fourre-tout. Par là, je veux dire que si les mini-jeux n’ont pas grand-chose en commun, le jeu joue toutefois sur sa diversité de façon acceptable, en assumant le brassage de ses différents principes pour toutes les manches (hors finale).
La finale
L’équipe gagnante de la journée choisit un thème parmi trois proposés ; puis, pendant un temps donné (1’30 du lundi au jeudi, 2′ le vendredi), les membres vont devoir répondre tour à tour aux questions posées.
À l’instar de la finale de Harry, une bonne réponse permet de progresser d’un cran dans l’échelle des gains ; et une mauvaise réponse fait reculer d’un cran. Toutefois, un montant minimal est sanctuarisé, dépendant du nombre de duels gagnés au préalable.

Pas grand-chose à dire, c’est un principe de finale qui fonctionne bien et fait le café. Mouais, je m’excuse pour ces avis succincts au sujet des différentes manches ; mais je dois vous avouer qu’en termes de « micro-challenges », cette critique n’est vraiment pas la plus inspirante pour moi, tant les mini-jeux proposés n’inventent ni ne réinventent grand-chose…
Total (version 1) : 12,5/20
Cette première version de Duels en familles était correcte, sans plus.
Les mini-jeux sont plutôt variés, et même s’ils sont disparates entre eux, la structure du jeu fait en sorte que ces disparités arrivent à rester un peu cohérentes ; ce qui reste une approche réfléchie, et m’empêche donc de considérer cette version comme du fourre-tout.
Pour le reste, rien de particulièrement notable. Certes, le jeu se démarque de par son approche « partie décomposée en 5 émissions sur une semaine avec les mêmes candidats », mais ce n’est pas non plus un aspect exploité à son plein potentiel pour que je m’extasie devant.
Version 2 (depuis 2023)
Pour cette seconde version, les trois premières manches changent de principe ; en revanche, le déroulement de la finale reste identique, je ne reviendrai donc pas dessus.
Manche 1
Cette fois-ci, le principe de la manche 1 est le même pour toute la semaine.
Ici, les quatre candidats de chaque équipe doivent répondre à une question posée… qui est juste une bête question de culture générale. Bon, certes, l’idée reste d’essayer de surprendre un peu les candidats avec des questions relativement insolites, à la manière des Nuggets du Burger Quiz… mais, franchement, on reste assez loin de ce qui en fait l’intérêt.
En outre, si la plupart des questions sont de type Vrai/Faux (ou avec 2 propositions de réponse), l’un des membres de chaque équipe a droit à un QCM à 3 propositions ; parce que pourquoi pas…


Mouais, je ne vous cache pas que c’est assez décevant de voir que l’une des manches devient un QCM récurrent assez « banal », comme c’était le cas pour le « Ça passe ou ça casse » de Crésus qui devenait une vulgaire succession de questions de culture générale contrastant avec l’originalité du reste du jeu. Non pas que j’aie chanté les louanges des mini-jeux de Duels en familles ; mais tout de même, c’était en partie leur diversité qui faisait l’intérêt du programme dans sa première version..
En fait, c’est même « pire » que ça, car cette succession de QCM manque un peu de rythme, vu que c’est là qu’on condense une bonne partie du blabla avec les candidats. Bon, après, je mentirais en disant que la première version n’avait pas ce défaut ; mais le blabla était un peu plus réparti entre les différentes manches, donc ça se ressentait moins.
Manche 2
Une liste comprenant 6 propositions est proposée aux candidats (correspondant à un thème donné au préalable) ; tour à tour, les deux paires de candidats choisis pour chaque équipe vont devoir en choisir une, et répondre à la « question » qui va avec.
Chaque bonne réponse rapporte 2 points ; excepté pour la dernière proposition, qui est une proposition « mystère », sur laquelle les candidats n’ont pas d’indice, et qui vaut 4 points en cas de bonne réponse.


Ce principe de manche 2… me laisse mitigé. En fait, il me donne l’impression que Cyril Féraud était un peu nostalgique des manches 2 et 3 de Personne n’y avait pensé, et a voulu faire un principe vaguement similaire, mais sans la partie « estimation de panel »… bon, après, cette partie-là serait vraiment sortie de nulle part dans ce contexte.
Sinon… mouais. Certes, c’est un peu original d’avoir une « question » masquée qui vaut davantage si les candidats osent la prendre ; mais bon, en pratique, ça a de fortes chances de se solder par le premier binôme interrogé qui va se jeter dessus, à moins que le binôme ne se sente vraiment pas à l’aise sur le thème en question.
Manche 3
La manche 3 reprend le principe de la manche 3 de la première version (c’est donc la seule manche dont les mini-jeux redeviennent variés et changent à chaque émission) ; mais cette fois-ci, les candidats choisis jouent directement en duel, en répondant au buzzer.

Dans un sens, cette manche est ce qui se rapproche le plus de l’état d’esprit de la première version, en assumant davantage la diversité de ses mini-jeux, selon un principe commun simple.
Mais, finalement, elle pâtit malgré elle du problème plus structurel de cette seconde version ; puisqu’elle propose de la diversité là où les autres manches en proposent désormais beaucoup moins voire pas du tout. Et dans ce contexte-là, elle donne l’impression de sortir un peu de nulle part…
Total (version 2) : 11,5/20
Alors que cette seconde version de Duels en familles se veut pourtant un peu plus structurée, elle parait assez ironiquement davantage fourre-tout que la première ; et à mon sens, elle en devient moins intéressante.
Car dans cette version-là, les manches ont beaucoup moins de liant entre elles, et me donnent presque l’impression de voir trois concepts de jeux différents qu’on aurait juxtaposés pour en faire un « neuf ».
En fait, le jeu aurait finalement gagné à assumer son approche « mini-jeux variés » tout du long, qui arrivait à lui donner une certaine identité (certes loin d’être révolutionnaire, mais quand même) ; plutôt que d’opter pour des manches à structure fixe qui manquent de liant et donnent vraiment l’impression d’un patchwork d’idées mises ça et là sans trop réfléchir à la cohérence globale.
Et au final, c’est un peu ce que je craignais que ce jeu ne soit au départ ; à savoir un jeu fourre-tout qui cherche principalement à faire passer une ambiance cosy, au détriment de son intérêt mécanique. (Après, vu que la première version ne m’a pas particulièrement inspiré, je reconnais à la seconde qu’elle m’a permis d’étoffer un peu ma critique…)
Néanmoins, je n’en ai effectivement pas parlé dans cette critique ; mais en effet, au niveau de l’ambiance et du côté cosy, le jeu marche très bien.
Visuellement, on sent que c’est un projet de coeur pour Cyril Féraud, qui a tenu à produire un jeu feel good, chaleureux et convivial comme il le sentait ; et de ce point de vue-là, je n’ai rien à redire, le programme accomplit bien ces ambitions-là. Mais bon, personnellement, je considère surtout les jolis décors et les canapés comme du bonus… (et puis on en avait aussi dans la version Combal d’Une famille en or, lancée peu de temps avant)

D’ailleurs, la prochaine fois, on va rester sur de la confrontation d’équipes articulées autour de mini-jeux ; mais d’une façon que j’ai trouvée plus intéressante… et avec une ambiance qui met plus de pression, aussi.