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#122 – Star Quizz

Parlons (à nouveau) de Canal+, dont j’avais déjà parlé en introduction de Burger Quiz. Cette fois-ci, on va davantage parler des quelques autres jeux diffusés par la chaîne, car Burger Quiz est loin d’avoir été le seul du lot.
Et la première chose qu’on constate, c’est que ce genre a été principalement représenté durant les quelques années qui ont suivi le lancement de la chaîne. Ainsi, en 1984, on a eu droit à Tout s’achète (qui avait l’air d’être un proto-N’oubliez pas votre brosse à dents… bêrk), Les affaires sont les affaires (qui avait l’air d’être un proto-Bigdil, mais avec des quiz à la place des défis physiques), et Maxitête (un jeu de reconnaissance de célébrités pas trop mal, mais trop basique pour que je le traite un jour) ; et, en 1986, Star quizz (là encore un « proto-quelque chose », on en reparle), qui aura duré jusqu’en 1988. Et, enfin, V.O, un jeu éducatif bilingue diffusé en 1990, qui semble clôturer cette “période téléludique” de la chaîne.
Par la suite, les tentatives de Canal+ auront été beaucoup plus clairsemées. En effet, il aura fallu attendre une dizaine d’années avant que Burger Quiz ne fasse son apparition ; puis, par la suite, on aura eu C’est quoi ce jeu ? (un jeu de quiz qui se voulait décalé, mais qui était honnêtement un peu trop stupide pour ce dont je me souviens) en 2004, Le news show de 2009 à 2013, Happy Hour (et encore, j’ai hésité à le compter, parce que ça relève davantage du divertissement d’ambiance à mon goût…) de 2010 à 2014, et Loups-garous en… 2024. Bon, ce n’est pas impossible qu’il y en ait eu d’autres ; mais comme il n’y a pas vraiment de liste officielle exhaustive, je suis allé trouver les informations où j’ai pu.

Bref. Si je devais essayer de trouver un dénominateur commun à la plupart de ces jeux, ce serait probablement la volonté d’innover en matière de ton, en adoptant quelque chose d’un peu décalé, qu’on ne trouverait probablement que sur Canal+. Enfin, du moins pour leur époque, étant donné qu’on a retrouvé Burger Quiz sur TMC une décennie et demie plus tard (l’esprit Canal étant officiellement mort en 2015).
Et, quelque part, ça semblait être également le cas des jeux diffusés dans les années 80 : après tout, quand je disais que Tout s’achète avait un concept apparemment proche de NOPVBAD et Les affaires sont les affaires un concept proche du Bigdil, les jeux que je cite n’ont vu le jour qu’une dizaine d’années plus tard ; et on pouvait par conséquent voir dans Les affaires sont les affaires et Tout s’achète un petit côté avant-gardiste à ce moment-là.

Et, quelque part, je pourrais en dire autant de Star quizz, un jeu présenté par Philippe Risoli (dont il a, de ses dires, gardé l’un des meilleurs souvenirs de sa carrière télévisuelle… et, visuellement, ça se voit qu’il était content de l’animer) de février 1986 à juin 1987, puis par Alexandra Kazan de septembre 1987 à août 1988.
Dans le contexte des années 80, je vois effectivement pourquoi ce jeu pouvait avoir ce petit côté avant-gardiste, un peu dans l’esprit de Canal+, et pourquoi il pouvait être autant apprécié. Mais aujourd’hui… je ne vous cache pas que ce jeu a, à mes yeux, quelque peu perdu sa fraîcheur de l’époque, par rapport à ce qui a pu se faire par la suite. Et on va voir pourquoi…

Manche 1

Les trois candidats jouent individuellement.
Chaque candidat va jouer sur un thème donné ; et, pour ce thème, il devra répondre à 10 questions, avec à chaque fois 2 propositions de réponse (qui seront toujours les mêmes pour chaque question). Par exemple, si le thème est “Anciennes colonies”, l’animateur va donner le nom d’une ancienne colonie, et le candidat devra dire si elle était britannique ou française. Pour un thème “Films de Claude Lelouch”, on peut demander si le film cité est sorti durant les années 60 ou les années 70 ; etc.
Chaque bonne réponse rapporte 500 F au candidat, et les erreurs ne sont pas pénalisées.

Bon, le truc, c’est que je n’ai rien à illustrer ici, vu que les questions sont posées oralement ; donc au lieu de mettre un gros plan sur un candidat en train de répondre, autant montrer les pupitres avec les scores.

On va commencer par mon principal reproche au sujet de cette manche : les thèmes attribués individuellement, sans critère particulier. Qu’est-ce qui justifie spécifiquement que le premier candidat ait, par exemple, un thème “Anciennes colonies” ; que le deuxième ait un thème “Films de Claude Lelouch” ; et que le troisième doive donner la couleur de peau de différents jazzmen ? Si le deuxième candidat n’y connaît absolument rien en Claude Lelouch, il se retrouve juste pénalisé un peu gratuitement… à la rigueur, si vous tenez à faire des thèmes individuels attribués de façon aléatoire, essayez de faire en sorte qu’ils soient plus généralistes.
Bon, cela dit, j’apprécie qu’on se tienne à un format de QCM à 2 propositions de réponse pour tout le monde. Ca me paraît naturel, certes ; mais après avoir vu la première manche des Associés (jeu pourtant beaucoup plus récent) qui fourrait un peu n’importe quoi dedans (QCM à deux propositions, réponses libres…), ça ne semblait visiblement pas être le cas pour tous les producteurs…

Bref. Au-delà de ce problème de thèmes attribués je ne sais comment, c’est une manche qui reste efficace en soi ; en particulier, parce qu’elle est très rapide. Dès que le candidat donne sa réponse, l’animateur ne rebondit dessus que si elle est fausse (et s’il y a besoin d’apporter une précision, comme l’année exacte de sortie du film si on demandait la décennie) ; mais, autrement, il passe directement à la question suivante (s’il ne dit rien, c’est que la réponse était bonne).

Manche 2

Dans cette manche, les candidats jouent au buzzer, dans un enchaînement de 16 questions portant sur le thème de la musique, avec à chaque fois un extrait musical à l’appui qui se lance à peu près en même temps que la question.
Les bonnes réponses octroient 1000 F supplémentaires ; mais les mauvaises en font perdre 1000.

Bon, c’est un peu difficile pour moi de trouver des choses intéressantes à dire au sujet de cette manche ; parce qu’en dépit de la mise en scène avec les écrans qui n’apporte honnêtement pas grand-chose (et qui rappelle un autre jeu, on en reparle…), ça reste une manche de questions en rafale ultra classique. À nouveau, elle reste efficace, car très rythmée, les questions s’enchaînant directement sans temps morts ; mais, sinon, je ne sais pas quoi en dire d’autre.
Enfin, si : la thématique musicale qui sort un peu de nulle part. Mais ça, j’y reviendrai aussi…

Ah, oui, une règle un peu idiote mentionnée par l’animateur : apparemment, il faut mettre sa main à peu près 30 centimètres au-dessus du buzzer… vraiment, quel intérêt de faire ça ? Les buzzers de l’époque étaient sensibles au point de s’activer tout seuls si on met la main quelques millimètres au-dessus ?

Manche 3

Les candidats jouent à nouveau en buzzer, et font face à quatre thèmes, avec pour chacun d’entre eux quatre questions, valant respectivement 500 F, 1 000 F, 1 500 F et 2 000 F.
Le candidat en tête choisit le thème et le montant de son choix, et l’animateur pose la question associée ; le candidat qui a la réponse empoche l’argent, et choisit à son tour thème et montant (parmi ceux qu’il reste). Comme pour la manche 2, une mauvaise réponse a pour effet de faire perdre le montant de la question en cours au candidat qui l’a donnée.
La manche se poursuit jusqu’à épuisement des questions.

Si le principe vous rappelle quelque chose : c’est normal. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer un jeu au principe très similaire, il y a maintenant un certain temps ; et c’est Jeopardy!. Jeu qui est arrivé par chez nous juste après Star quizz ; mais qui existait déjà auparavant aux États-Unis.
Et je ne serais pas étonné que Star quizz s’en soit très fortement inspiré, tant certains éléments sont communs : la mise en scène avec les écrans, les thèmes avec des questions qui valent différentes sommes, l’argent retiré en cas de mauvaise réponse, le candidat ayant répondu correctement juste avant qui décide du prochain thème… En fait, il manque juste l’idée de formuler les réponses sous forme de questions ainsi qu’une case “Double”, et on y est.

Ah, et Jeopardy! a préféré disposer ses thèmes à la verticale plutôt qu’à l’horizontale, aussi.

Mais même si j’aime beaucoup ce principe dans Jeopardy, dans le cas présent, je ne peux pas m’empêcher de le trouver un peu moins efficace.
En fait, ce qui fait que ça marche mieux à mon sens dans Jeopardy, c’est le fait de pleinement jouer sur cette mécanique, avec notamment des manches dédiées à ce principe plus longues, avec plus de thèmes, et plus de questions pour chaque thème. Ce qui laisse davantage de choix, en évitant de trop dépendre de peu de thèmes, ou de donner trop d’importance à certaines questions. D’autant plus que je n’ai pas l’impression que les questions soient totalement classées par ordre de difficulté, certaines questions à 1 500 F ou 2 000 F m’ayant semblé parfois plus faciles que les questions valant moins cher…
Et ici, ce n’est pas un mauvais principe non plus ; mais disons que je le trouve légèrement sous-exploité en comparaison.

En outre, quitte à dupliquer le principe de cette manche, je trouve dommage de conserver les mêmes thèmes pour la seconde salve. Ça fait un peu artificiel.
En fait, je me dis qu’on aurait tout simplement pu mettre la première manche de Jeopardy telle quelle, avec 6 thèmes et 5 questions par thème ; ce qui aurait fait un total de 30 questions, assez proche des 32 questions de la manche 3 de Star quizz.

Finale

Pour la finale, les candidats doivent dans un premier temps miser une somme sur leur cagnotte personnelle accumulée depuis le début du jeu.
Les candidats ont le choix entre trois personnalités. Celui qui a le plus d’argent choisit la sienne en premier ; le second choisit parmi les deux restantes, et le troisième n’a donc pas le choix et doit prendre la dernière.
Chaque candidat doit alors répondre à une question concernant la personnalité qu’il a choisie (d’abord le troisième, puis le deuxième, puis le premier) ; et s’il a la bonne réponse, il remporte le montant qu’il a misé. Montant qu’il perd en cas de mauvaise réponse. Bien sûr, pour le suspense, les montants en question ne sont révélés qu’après que tous les candidats ont répondu à leurs questions.
Celui qui a le plus haut montant à l’issue de cette finale remporte son gain et devient le nouveau champion (oui, c’est un jeu à champion, avec un système assez classique pour l’époque, donc pas grand-chose à rajouter).

À nouveau, j’ai quelques relents de Jeopardy avec ce principe d’enchère muette… et, honnêtement, j’en pense à peu près la même chose.
Même si, pour le coup, j’ai une légère préférence pour Star quizz, avec l’idée de poser des questions individuelles, sur des thèmes qu’ils peuvent choisir en fonction de leur classement avant la finale. Ça permet de minimiser le côté “thème complètement imposé” de la finale de Jeopardy, qui est très facilement ce que j’aime le moins dans la finale de ce jeu-là. Et ici, contrairement à la manche 1, l’attribution des thèmes se fait de façon moins hasardeuse.

Bon, sinon, c’est un chipotage ; mais voir les personnalités concernées par les thèmes poser elles-mêmes les questions par magnéto interposé n’apporte vraiment pas grand-chose, et fait limite quelque peu “m’as-tu-vu”. Certes, je préfère ça au fait d’inviter les personnalités sur le plateau pour quelques secondes (qui auraient probablement été rentabilisées en leur laissant faire leur promo…) ; mais on aurait tout aussi bien pu laisser Philippe Risoli poser les questions à leur place.

… ben, c’est une célébrité par magnéto interposé. Mouais, Star quizz n’est pas le jeu le plus palpitant à illustrer avec des images fixes, vu le peu d’éléments d’habillage dont il dispose…

Tout ça manque un peu de cohésion, quand même…

A présent que j’ai décrit le principe des différentes manches, je vais pouvoir parler de ce qui me gêne le plus à leur sujet : le fait que, prises ensemble, je les trouve un peu décousues. Certes, j’ai déjà vu pire à ce niveau-là ; mais, quand même, j’ai eu l’impression que ce jeu manquait d’un certain liant entre ses différentes manches.
Une première manche individuelle, une deuxième manche musicale, une troisième manche et une finale Jeopardy-like davantage axées sur les stars… je pense qu’on aurait pu mieux faire.
Et, là encore, ce sentiment est davantage appuyé par le fait que Jeopardy, sorti peu de temps après en France, a fait mieux, en se concentrant davantage sur un seul principe (plus sa finale).

Cela dit, j’ai l’impression que le fil rouge du jeu était censé venir davantage de sa thématique que de sa mécanique. Et, au vu du titre de l’émission, j’imagine que le thème global est censé porter sur les célébrités.
Ce qui aurait pu se tenir… mais, dans l’exécution, ça ne semblait pas être pleinement le cas.

Bon, la finale n’a évidemment aucun problème à ce sujet, puisque les candidats doivent explicitement répondre à des questions portant sur des célébrités. Mais pour le reste, ce supposé fil rouge ne semblait pas tenir la route.
Ainsi, pour les manches 1 et 3, même si la plupart des thèmes pouvaient se rapporter à des personnalités, directement (Jean Tigana, Richelieu, Jack Nicholson…) ou indirectement (dire si des films de Claude Lelouch sont sortis durant les années 60 ou 70, dire si un jazzman est noir ou blanc…), ça pouvait également arriver d’avoir des thèmes où ce n’était tout simplement pas le cas. Je peux encore passer l’éponge pour le thème Starmania en manche 3 (pas parce qu’il y a “Star” dans le nom, mais parce que les questions portaient majoritairement sur les célébrités impliquées dans le projet – et encore, pas toutes, puisque l’une des questions portait sur la salle parisienne où il a été créé…) ; mais le thème de la manche 1 où il fallait dire si le pays africain demandé était une ancienne colonie française ou britannique, désolé mais ça n’a absolument rien à faire avec un fil rouge “personnalités”…
Quant à la manche 2, on pourrait à la rigueur considérer que les questions de musique puissent concerner cet aspect-là pour la plupart, en demandant par exemple qui a composé ou interprété une chanson, ou à qui une chanson a cherché à rendre hommage ; mais même si ça avait été le cas, ça aurait rendu cette manche très spécifique à ce sujet, en accordant une place d’honneur à la musique, alors que les autres manches n’ont pas de thème particulier. Et de toute façon, dans l’exécution, ça n’a pas été le cas non plus, puisqu’on pouvait demander de quel feuilleton TV la musique diffusée avait été le générique, ce que disent les paroles d’une chanson, où quel style de danse accompagnait la musique diffusée (comme le menuet). Bref, là encore, la thématique “personnalités” ne tient pas.

Total : 12/20

Star Quizz est un jeu qui se suit sans problème, avec une bonne diversité de questions posées, un rythme très soutenu sans temps morts, une durée d’émission adéquate, et Philippe Risoli qui s’amusait bien à l’animation.
Toutefois, avec le recul, c’est aussi un jeu qui m’a renvoyé l’impression de se chercher encore, et/ou qui n’allait pas au bout de son concept. En fait, si je devais citer ce qui m’a le plus ennuyé au sujet de l’émission, c’est son côté relativement fourre-tout. D’un point de vue mécanique, j’ai tendance à trouver certaines manches quelque peu disjointes ; et d’un point de vue thématique, si le thème global est censé porter sur les personnalités, on peut trouver plusieurs entorses à ce niveau par-ci par-là, rendant l’idée moins pertinente qu’elle ne le devrait.

Bon, certes, en replaçant le jeu dans son contexte des années 80, je pense que je n’aurais pas forcément tiqué sur cet aspect-là ; et, mieux, je l’aurais même trouvée très moderne par rapport à son dynamisme, qualité qui n’était pas forcément très répandue dans les jeux TV qui se faisaient jusqu’alors. Et pour un jeu de cette décennie, ça correspond clairement à la moyenne haute, et plus ou moins à l’aboutissement de ce dont les jeux TV étaient capables à cette époque, en particulier en matière de divertissement et de fluidité : deux points pour lesquels cette décennie a su apporter sa pierre à l’édifice pour le genre.
D’ailleurs, Star Quizz a obtenu le 7 d’Or du meilleur jeu télévisé en 1988 ; et, dans ce contexte-là, je trouve que c’était pleinement mérité (surtout par rapport à Que le meilleur gagne qui l’aura eu trois ans de suite quelques années plus tard… oui, je sais, je ne rate jamais l’occasion de tacler ce choix douteux à chaque fois que je mentionne les 7 d’Or ; mais vraiment, quoi…).
Mais, d’une part, il restait encore beaucoup de codes concernant les jeux TV à découvrir et à développer ; et le fait d’avoir une thématique globale plus claire en faisait partie. Et, d’autre part, vu que j’ai beaucoup fait allusion à Jeopardy durant cette critique, je ne peux pas m’empêcher de trouver ce dernier jeu plus abouti… alors que, même s’il n’est arrivé en France que juste après, il existait déjà aux États-Unis depuis plus de 20 ans ; et que ce serait quand même très étonnant que les concepteurs de Star Quizz n’aient pas eu ce jeu en tête lors du brainstorming, tant certains points communs entre les deux jeux semblent évidents. De fait, je me demande pourquoi ne pas avoir directement fait une adaptation de Jeopardy… mais bon, désormais, je comprends pourquoi TF1 avait immédiatement pensé à Philippe Risoli pour en animer l’adaptation française.

Tout comme je comprends pourquoi on avait pensé à Sophie Davant pour animer le format de la prochaine fois… (désolé, ça paraît très cryptique dit comme ça, mais c’est la seule transition que j’aie pu trouver…)

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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