Parlons d’une chaîne à laquelle je n’ai pas dû faire très souvent allusion dans mes critiques : Canal+. Et pour cause : elle n’a pas été la plus prolifique en matière de jeux TV ; cependant, ce genre n’a jamais vraiment été l’une de ses priorités.
En effet, là où des chaînes comme TF1, France 2 ou France 3 ciblent davantage le grand public et ont un modèle économique différent, Canal+ cherche en revanche davantage à attirer les CSP+, avec une programmation plus « haut de gamme”, comme les diffusions sportives, les créations originales, la première diffusion TV de films fraîchement sortis au cinéma, ou encore Le journal du hard avec… disons l’œuvre de l’esprit qui va bien.
Toutefois, ça n’a pas empêché la chaîne d’avoir une programmation spéciale sur un créneau plus spécifique : ses plages de diffusion en clair. S’il n’était pas très rentable pour le diffuseur, son but était surtout d’être une « vitrine » de la chaîne, de montrer que sa programmation se démarquait du gratuit, et qu’elle voulait cibler un public plus spécifique. D’où un ton généralement plus décalé (qui sera nommé “esprit Canal”), et aux antipodes de ce qu’on pouvait trouver sur une chaîne comme TF1 par exemple ; mais toujours avec des ambitions affichées. Ce qui a donné notamment Nulle part ailleurs, Le grand journal, Le petit journal, Salut les terriens, Groland, Les Guignols de l’info… et quelques plus rares jeux TV un peu dans le même état d’esprit ; dont Burger Quiz, diffusé quotidiennement du 27 août 2001 au 5 juillet 2002, qui est sans doute celui qui aura le plus marqué son public.
En fait, il aura tellement marqué les mémoires qu’il sera relancé 16 ans plus tard, le 25 avril 2018… mais pas par Canal+.
Car, entre-temps, on peut dire que l’esprit Canal a pris un sacré coup dans l’aile, voire est carrément mort. Non pas qu’il soit resté constant dans sa qualité depuis les années 80-90 ; mais au moins, on essayait quand même de le maintenir tant bien que mal. Sauf qu’à partir de 2015, un nouvel actionnaire majoritaire que je ne nommerai pas deviendra tristement célèbre pour lui avoir porté le coup de grâce, en bousculant complètement les plages en clair de la chaîne, et ce sans prendre de pincettes. Et 10 ans plus tard, la chaîne disparaîtra carrément de la TNT.
Bon, quelque part, ça restait quelque peu justifié par le fait que Canal+ n’avait effectivement plus trop besoin de se « vendre » de la même façon qu’il y a 30 ans ; vu qu’entre temps, Internet, le streaming, les plateformes, etc. ont débarqué, que la télévision a elle aussi évolué, et que le business model finissait par manquer un peu de viabilité.
En revanche, comme pour tous les médias de Canal depuis le rachat par Bolloré (bon, ben, finalement, c’est dit…), ça n’excuse aucunement la brutalité du processus, ni le climat de terreur qui fut instauré au sein du groupe, et encore moins la déliquescence quasi-totale en termes de ton, de qualité du contenu gratuit, et d’absence de modération désormais proposé par le groupe Canal. Bref, vous l’aurez compris, je n’ai strictement aucun respect par rapport à la politique qui a été menée depuis ; et je trouve que C8 a amplement mérité sa suppression.
Cependant, d’autres chaînes ont vu venir le désastre, et en ont profité pour récupérer quelques miettes de la « gloire » passée du clair de Canal. Ainsi, le Zapping aura migré vers France Télévisions (avec un renommage en Vu au passage, la marque appartenant toujours à Canal) ; et TMC aura accueilli Quotidien (le successeur spirituel du Petit Journal), ainsi que Burger Quiz. Et autant dire que, si à l’époque, on nous avait annoncé que le groupe TF1, qui était limite l’anti-Canal, allait récupérer son état d’esprit, pendant que Canal allait se radicaliser, on ne l’aurait jamais cru…
Bon, ces migrations de programmes auront quand même dû se faire avec quelques concessions, les budgets et stratégies économiques de ces acteurs-là n’étant pas les mêmes que ceux de Canal à l’époque (qui était beaucoup moins regardante là-dessus). Ainsi, Patrick Menais (le créateur du Zapping) n’aura pas totalement eu carte blanche avec Vu ; Quotidien aura dû composer avec un autre modèle de gestion, notamment pour remplir tout l’access de TMC ; et Burger Quiz aura eu une diffusion plus périodique, en prime-time, et avec des saisons beaucoup plus courtes que la première sur Canal (forcément, puisque celle-ci avait duré un an), avec des épisodes rallongés d’une dizaine de minutes. Le même genre de concessions que pour le retour du Bigdil en 2025.
Mais la bonne nouvelle, c’est que, malgré ces concessions, on peut tout à fait dire que, tout comme Le Bigdil, Burger Quiz est resté fidèle à lui-même ; et qu’à part les animateurs qui ont pris de l’âge, ainsi que quelques détails techniques (comme le passage en 16/9e), on ne fait quasiment pas la différence avec ce qui se faisait à l’époque (même les plateaux et les habillages sont restés quasiment à l’identique !). Comme quoi, il y a des concepts qui ne prennent pas une ride, et qu’on peut se permettre de faire revenir tels quels sans problème, ça fait plaisir.
De fait, je n’aurai même pas besoin pour cette critique de faire la distinction entre la version Canal+ et la version TMC. Après, si je devais quand même reprocher un petit quelque chose à la version TMC, c’est qu’on sent un peu le rallongement de 10 minutes en comparaison, mais on y reviendra rapidement.
Bon, cette intro a suffisamment duré. En léger différé de l’ordinateur que j’utilise chez moi, et pour la 121ème fois sur le blog de garsim, c’est la critique téléludophile de Burger Quiz ! Avec aujourd’hui garsim qui analyse, garsim qui est super content, garsim qui l’est parfois moins, garsim qui est fidèle au poste ; et celui qui aime donner son avis envers et contre tout même quand il en abuse et qu’il mérite parfois des baffes, garsim !
Le concept
Deux candidats anonymes vont faire respectivement équipe avec deux people, afin de former deux équipes. Oui, dit comme ça, ça me rappelle fâcheusement TLMASMAD ; mais on y reviendra.
Le but de chaque équipe est d’être la première à accumuler 25 points ; celle qui atteint cette barre en premier remporte la confrontation, et le candidat anonyme de celle-ci aura l’occasion de disputer une finale individuelle.
Dans un premier temps, les deux anonymes doivent se prêter à un “toss”, qui prend la forme d’un mini-jeu (n’importe lequel) ; le gagnant décide de l’équipe qu’il va intégrer, et va commencer la partie.
La confrontation se fait en quatre manches :
- Les nuggets : Chaque équipe joue individuellement, et doit répondre à deux questions de type QCM à 4 propositions de réponse. Chaque question rapporte 1 point.
- Sel ou poivre : Les deux équipes jouent en duel au buzzer. L’animateur va d’abord énoncer deux propositions (qui vaudront pour toute la manche) ; puis, pour chaque question, il formulera une affirmation, et il faudra alors dire si elle est vraie pour l’une des propositions, pour l’autre proposition, ou pour les deux propositions. Par exemple, si les propositions sont “Pomme” et “Ananas” : pour l’affirmation “On en trouve dans la pizza hawaïenne” il faudra répondre “Ananas” ; pour l’affirmation “Ça désigne un ustensile qui sert à se doucher” il faudra répondre “Pomme” ; et pour l’affirmation “C’est un fruit” il faudra répondre “Les deux”. Une bonne réponse permet à l’équipe qui a la main de remporter un point ; en revanche, une erreur accorde le point à l’équipe adverse.
- Les menus : L’équipe la plus en retard prend la main. Elle a le choix entre trois thèmes. Elle choisit l’un des trois ; puis l’équipe adverse choisit l’un des deux thèmes restants. Puis, individuellement, chaque équipe répond à des questions sur le thème, avec un point par bonne réponse.
- L’addition : Les équipes jouent à nouveau en duel au buzzer. L’animateur va poser des questions, chaque bonne réponse rapportera un certain nombre de points (selon si les scores sont suffisamment avancés ou non) à l’équipe qui la donne. Cette fois-ci, commettre une erreur ne rapporte aucun point à l’équipe adverse. La manche prend fin lorsqu’une équipe atteint ou dépasse le score de 25 points.

Je ne vais volontairement pas décrire la finale individuelle tout de suite (on va en parler en temps voulu, rassurez-vous !), afin d’appuyer un certain point concernant cette confrontation : en termes de mécanique, ces manches tiennent la route, mais paraissent somme toute assez banales prises indépendamment. Une manche de QCM par-ci, une manche à thème par-là, des manches en duel de rapidité… ça n’a pas l’air très croustillant, tout ça.
En fait, le Sel ou poivre est la manche qui se démarque clairement le plus du lot, et qui a le principe le plus frais. Dans la mesure où elle demande un effort de réflexion supplémentaire, à la fois pour les rédacteurs (afin d’imaginer des questions pertinentes où la réponse pourrait être “Les deux”) et pour les candidats (qui peuvent se dire que la réponse est la proposition A, mais qui doivent aussi se demander si l’affirmation peut concerner la proposition B, donc la réponse ne se fait pas totalement du tac au tac).

Et au passage, quitte à émettre une critique là-dessus : le nombre de points en jeu est plutôt aléatoire d’une émission à l’autre.
On peut avoir un Sel ou Poivre composé aussi bien de seulement 6 questions que de 9 (et parfois, sans le choix “Les deux”, ou avec un troisième choix) ; il peut y avoir 5 ou 6 points en jeu dans les Menus ; et les questions de l’Addition peuvent valoir 3, 4 ou 5 points.
Et en termes de solidité de mécanique, je trouve ça quand même assez moyen ; surtout quand l’Addition est résolue à grands coups de questions à 5 points, ce qui fait un rebondissement plutôt grossier pour retourner la situation.
Bref, je reconnais que si je devais juger Burger Quiz de la façon dont je le fais d’habitude, je le trouverais sans doute plutôt moyen, avec une mécanique qui tient la route (nonobstant son inconstance selon les épisodes), mais qui n’a rien de très exceptionnel. Allez, 12/20. Et la prochaine fois, nous allons…
… bon, ok, je plaisante.
Déjà, parce que je n’ai pas parlé de la finale du jeu (promis, on y viendra !) ; mais aussi parce que, même si c’est l’un des aspects qui me parlent le plus, je suis bien conscient que la mécanique d’un jeu ne fait pas tout ; et ce, encore plus dans le cas de Burger Quiz.
Aussi, on va venir à ce qui fait principalement l’intérêt du programme…
L’ambiance décalée
Déjà, soulignons que l’émission va jusqu’au fond de son thème du fast-food, dans les moindres détails. Bon, pas jusqu’au point de ne poser que des questions sur le fast-food heureusement, sinon on aurait très vite succombé à l’indigestion de questions sur McDonald’s ou Quick.
Pêle-mêle : le décor du plateau de jeu est un restaurant de fast-food, dans lequel les candidats rentrent en passant la porte ; l’animateur est habillé comme un serveur ; les deux équipes s’appellent respectivement Ketchup et Mayo ; les buzzers prennent la forme de hamburgers ; les scores s’affichent sous la forme d’un menu de fast-food qui se complète au fur et à mesure ; les points sont appelés “miams” ; les noms des manches font allusion au fast-food… et on a même de faux employés de fast-food qui travaillent en arrière-plan !
Bref, ce n’est pas pour rien que l’émission s’appelle Burger quiz. Si ça se trouve, c’est peut-être pour ça que Canapé quiz m’a déçu ; avec un nom pareil, je m’attendais à avoir une émission sur le thème d’Ikéa…

Et l’intérêt de ce thème, auquel on a porté une attention aussi particulière, c’est de montrer qu’on est dans un jeu qui se veut décalé, qu’on ne doit pas prendre totalement au sérieux. D’une façon où on le voit tout de suite, pas comme dans un QLMG où on le constate au bout de 10 minutes parce que les questions posées ont des réponses stupides et que l’animateur part en roue libre.
A ce sujet, je vais d’ailleurs me permettre une petite digression.
Vous avez sans doute constaté que dans certaines de mes critiques, j’avais plutôt tendance à déplorer le fait que certains jeux développent une ambiance fun et légère. Même si j’imagine très bien que je dois passer pour quelqu’un de ronchon quand ça m’arrive, ce n’est pas parce que je suis anti-fun ; mais plutôt parce que je suis attentif sur la façon dont c’est amené.
Ainsi, pour des jeux comme QLMG, TLMVPSP, TLMASMAD, Le grand concours, Fort Boyard depuis 2011… je suis agacé, parce qu’ils posent les jalons pour donner quelque chose de prometteur (enfin, certains plus que d’autres…) lorsqu’ils sont pris au sérieux ; mais en pratique, avec leur tendance à incruster du divertissement à tout va ou à vouloir se donner une “personnalité” à ce niveau-là, j’ai davantage l’impression qu’on cherche à faire une diversion, comme si le concept de base n’était pas jugé assez intéressant en soi. Attention, à nouveau, je ne dis pas que ces jeux devraient être aussi sérieux qu’un Des chiffres et des lettres ; mais plutôt que la façon dont certains moments humoristiques me semble forcée et pas particulièrement naturelle (en plus de ne pas spécialement me faire rire même indépendamment du contexte).
Ce qui n’est pas le cas des jeux qui se définissent clairement comme des concepts humoristiques, car je ne vais pas déplorer que des jeux comme Le Bigdil, L’or à l’appel, Chéri(e), fais les valises !, Votre vie en jeuX, ou même Canapé quiz, gâchent du potentiel en cherchant à faire du divertissement, puisque c’est leur but affirmé.
Après, oui, ce n’est effectivement pas parce qu’un jeu se définit explicitement comme du divertissement léger que je vais automatiquement considérer qu’il remplit bien son objectif à ce niveau-là. Vous l’avez d’ailleurs constaté dans mon article précédent, où je n’ai pas du tout été tendre avec Canapé quiz.

C’est que, finalement, l’humour, c’est aussi quelque chose qui peut se travailler avec sérieux et qualité.
En effet, on peut faire un jeu humoristique en mettant des épreuves loufoques, en déguisant les candidats, ou encore en mettant des people qui vont sortir des vannes toutes les deux minutes… mais est-ce que ce ne sont pas des recettes toutes prêtes, qui en deviendraient un peu trop faciles sur les bords ? Bon, quand je dis ça, ce n’est pas par dédain, je conçois tout à fait que ça reste un travail et des efforts à réaliser en amont, pour certaines épreuves plus que pour d’autres.
De fait, les jeux humoristiques que je respecte le plus, ce sont ceux qui font le plus d’efforts dans leur façon de proposer du divertissement. Ce qui est le cas par exemple de L’or à l’appel ou du Bigdil, pour lesquels on ressent une passion sincère de la part des producteurs pour ces formats, avec des ambitions notoires qui vont plus loin que de simples jeux à épreuves loufoques.
Mais BQ ne se positionne pas tout à fait sur le même créneau. Si on sent tout de même qu’il déploie des moyens plus spécifiques quand il le faut (tournage de séquences particulières, bricolages, montages photo ou vidéo…), là où il va se démarquer, c’est dans l’écriture de son humour.
Par conséquent, si j’ai laissé (volontairement) l’impression d’un jeu simpliste lorsque j’ai décrit les différentes manches ; en réalité, ce n’est pas un défaut, dans la mesure où cette mécanique simpliste est mise à profit pour appuyer l’humour du jeu, et que les questions en constituent l’un des principaux vecteurs.
Bon, dit comme ça, ça peut faire penser aux questions de QVGDM qui précèdent le premier palier, ou aux questions de QLMG qui ont volontairement des réponses stupides afin d’amuser la galerie (comme proposer la réponse “Sexologues” à la question “Comment appelle-t-on six enfants issus d’une même grossesse ?”…). Heureusement, BQ ne va pas recourir à ce genre de ficelle pour rendre ses questions amusantes, sinon ça se serait usé très vite (en plus de ne pas être très recherché).
En effet, les questions ne sont que très rarement de simples questions de culture générale (et quand elles le sont, c’est qu’il y a une intention précise derrière), et encore moins des questions à la réponse évidente qu’on donne du tac au tac. Les questions des Nuggets vont ainsi susciter davantage d’intérêt que si on les avait posées dans QVGDM ; les Menus vont volontairement proposer des intitulés décalés (avec même le troisième thème qui est généralement un thème “troll”, à l’intitulé pompeux, de sorte qu’il ne soit jamais choisi sérieusement) ; quant au Sel ou poivre, oubliez mon exemple à base de pommes et d’ananas, le jeu est beaucoup plus créatif à ce niveau-là !
Car les questions sont finalement principalement un exercice d’écriture avant tout. Comme un humoriste qui prépare ses sketches avant de se produire en spectacle. Et c’est ça qui fait que BQ n’est à mon sens pas un jeu humoristique lambda.


Et l’exercice d’écriture ne s’arrête pas là.
En effet, ce programme aime également jouer avec sa formule, et la détourner de temps à autre, dans l’optique de surprendre les joueurs et les spectateurs.
Ainsi, on peut avoir un épisode de Noël programmé en plein mois ^de juin, qui va à fond dans le délire ; un Sel ou Poivre avec exceptionnellement 3 choix au lieu de 2 ; une émission façon Inception… et même si c’était fait avec des intentions différentes, l’épisode spécial en direct anti-Jean-Marie Messier (car il n’y a pas que Bolloré qui a pu avoir une dent contre l’esprit Canal).


Cela dit, on peut également noter de l’humour qui ne s’inscrit pas dans la trame ludique ; et à ce niveau-là, c’est peut-être la seule chose que je pourrais un peu reprocher.
Déjà, la présence des people aux côtés des candidats n’est pas spécialement indispensable d’un point de vue mécanique ; mais je ne trouve pas non plus qu’elle soit spécialement indispensable d’un point de vue ambiance et humour, vu que le jeu fait déjà beaucoup d’efforts en dehors à ce niveau-là.
En outre… ben, ça dépend aussi de sur qui l’on tombe, puisque ça arrive également à Burger Quiz d’avoir des people qui se la ramènent un peu trop, et qui rendent le visionnage un peu plus lourd. Au passage, si je redevenais sérieux pendant quelques secondes, je pourrais également reprocher les quelques fois où ils font perdre des points un peu bêtement en buzzant n’importe comment…
Mais bon, je ne vais pas non plus me plaindre à ce niveau-là. De temps à autre, on a des questions un peu plus tournées vers les invités en question, ce qui peut justifier un tant soit peu leur présence ; et puis s’il leur arrive d’être inégaux, c’est quelque chose que je pourrais potentiellement dire au sujet de l’humour des différents épisodes, qui n’est pas toujours à son top niveau non plus. Mais ça non plus, ce n’est pas un reproche, vu qu’on reste quand même souvent dans la moyenne haute.
L’autre exemple me venant à l’esprit concernant le “hors-sujet”, c’est l’incrustation de faux sponsors ; et qui, pour le coup, est davantage spécifique à la version TMC.
Pour rappel, les épisodes de cette version-là durent une dizaine de minutes de plus ; et si je devais d’ailleurs reprocher spécifiquement quelque chose à la version TMC, c’est le fait qu’on ressente légèrement ce côté étiré. En particulier du côté des Nuggets, où on constate qu’on y est toujours au bout d’un quart d’heure, alors que c’était généralement déjà fini au bout de 10 minutes du temps de Canal. Même si, d’un autre côté, ces Nuggets sont généralement plus travaillés, avec généralement plus de moyens qui y ont été alloués.
Par ailleurs, on a également des faux sponsors, avec des petits sketches pour les accompagner. Ce qui, comme je le disais, n’a pas vraiment de lien avec le jeu lui-même ; mais qui reste dans le même état d’esprit, et qui a été travaillé avec le même soin, donc ça passe.

À l’animation, c’est évidemment difficile de ne pas citer Alain Chabat, qui est très clairement l’animateur iconique du format, même s’il a changé de mains pendant les dernières saisons pour des questions d’inspiration.
D’ailleurs, je dois dire que, personnellement, il me fait davantage accrocher au programme, dans la mesure où j’apprécie tout particulièrement l’humour pince-sans-rire dont il fait preuve dans ce rôle.
Et notons d’ailleurs que la société dont il est le créateur (Chez Wam) et qui produit le jeu a également d’autres productions à son actif ; dont un certain Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, que j’ai trouvé… bien sans plus. Oui, même si je respecte beaucoup les ambitions et les efforts fournis, je n’en suis pas plus fan que ça, mais je pense que c’est dû au fait que je suis un puriste d’Astérix. Cela dit, je ne vois pas pourquoi je suis en train de parler de ça, à part pour me faire jeter des tomates à la figure.
Bref, j’en parle, car cette société de production est également spécialisée dans l’animation (avec notamment la série Avez-vous déjà vu… ?) ; et la branche animation a également été mise à profit dans Burger Quiz, pour les jingles de l’émission.
Jingles que, d’une part, j’aime bien, et qui sont totalement dans le thème de l’émission ; mais, d’autre part, qui soulignent également le souci du détail dont le jeu aime faire preuve, puisqu’ils peuvent changer plus ou moins légèrement d’une émission à l’autre.
Par exemple, pour le jingle des Nuggets, on a quatre burgers qui disent “Choisis-moi !” (chacun correspondant à une réponse), pour que trois d’entre eux se fassent écraser. Eh bien celui qui ne se fait pas écraser n’est pas toujours le même ; et il peut également lui arriver autre chose après ! Franchement, avoir le souci du détail jusque là, je dis respect !


Sinon, je pourrais encore parler de l’ambiance et des efforts fournis pendant des heures ; mais au bout d’un moment, je finirais juste par citer des exemples au cas par cas, pour montrer la diversité de l’humour ou des efforts fournis.
Et non seulement je ne saurais pas où m’arrêter, parce qu’il y a vraiment beaucoup d’exemples possibles, avec un choix difficile à faire ; mais de plus, ça ne rendrait pas service au programme que je spoile allègrement tous les gags dont il est capable.

Et puis il me reste encore à parler du meilleur, que j’ai évidemment gardé pour la fin…
Le burger de la mort
On en parle enfin ! La fameuse finale individuelle que j’ai volontairement omise dans mon récapitulatif des règles.
Et elle méritait bien son paragraphe à part entière, car elle fait aisément partie de mon top 10 des meilleures manches de jeux TV.
Le candidat se retrouve seul face à l’animateur, et le plateau s’obscurcit.
L’animateur pose alors une série de 10 questions ; mais le candidat ne doit pas y répondre tout de suite. Il doit attendre que les 10 questions soient posées, puis que l’animateur donne son feu vert, pour commencer à donner les réponses. Elles ne doivent pas être forcément exactes (par exemple, si on demande la capitale des États-Unis, le candidat peut répondre “New York” parce que ça reste dans l’idée de la réponse attendue ; mais s’il répond “Une Toyota Prius”, ça ne marchera pas) ; en revanche, elles doivent impérativement être citées dans le même ordre que celui dans lequel les questions ont été posées.
Si le candidat donne une réponse au mauvais moment, ou qu’il reste trop longtemps silencieux, il perd la finale. Précisons toutefois que le candidat gagne 1000 € quoi qu’il arrive
pour avoir accédé à la finale ; et que s’il arrive à enchaîner 5 réponses correctes, il remporte le “Petit burger de la mort”, consistant en un cadeau type console de jeu ou écran de télévision. Le fait de faire un sans-faute, lui, permet de remporter le “Grand burger de la mort”, consistant en un cadeau type voiture ou voyage.

Indépendamment de ce qui fait tout le sel de cette finale, on part sur un principe de base qui est déjà très créatif, et même davantage que le reste du jeu.
Poser dix questions, mais ne demander au candidat d’y répondre qu’une fois la dernière question posée, tout en retenant l’ordre dans lequel les questions ont été posées… c’est très intéressant, dans la mesure où les bonnes réponses ne suffisent pas, mais où on y introduit surtout une bonne dose de mémoire.
Bon, depuis le temps, c’est un principe qui a été repris dans d’autres jeux, sous d’autres formes (par exemple, TLMASMAD – que je cite décidément beaucoup trop dans cet article… – utilise ce concept dans certains mini-jeux de sa manche 4), et qui paraît peut-être un peu moins frais qu’à l’époque ; mais personnellement, ça reste un concept que j’associerai toujours à Burger Quiz avant tout.
Mais vous l’aurez compris : on est dans un jeu qui ne se prend pas au sérieux, et qui aime faire de ses questions un exercice d’écriture constant. Et le Burger de la mort n’échappe pas à la règle.
Aussi, le but des questions n’est pas d’être pertinent, mais surtout de dérouter le candidat le plus possible. Par exemple, on pourra demander “Quel est le prénom de Bob Marley ? Un indice : ce n’est pas ‘Marley’.” ou “Quel est votre code de carte bleue ? Si vous ne voulez pas me le donner, hurlez ‘Philippe Geluck’”. Et, cerise sur le gâteau, on pourra même demander au candidat des questions du type “Quelle était la réponse à la cinquième question que je vous ai posée ?”, histoire d’en rajouter encore une couche dans la façon de perturber le candidat et de faire encore plus jouer sa mémoire.
De fait, c’est ce contraste entre la concentration demandée au candidat et le manque de sérieux des questions posées qui rend à la fois l’expérience difficile pour le candidat, mais hilarante pour le spectateur. Encore plus que dans le reste du jeu, ce n’est pas la mécanique qui se met au service de l’humour, mais l’humour qui se met au service de la mécanique.

Total : 17/20
Pour ma part, ce qui fait la force de Burger Quiz, ce sont les efforts fournis pour avoir un programme divertissant, sans jamais tomber dans la facilité d’une formule pré-mâchée, et avec un travail d’écriture et un souci du détail qui forcent l’admiration, le tout avec une passion et une dévotion assez palpables.
Alors, certes, ça ne fait pas forcément mouche tout le temps ; mais quand on a une formule de base déjà très solide, même les épisodes les plus “faiblards” restent divertissants et agréables à regarder.
Cela dit, ça reste une formule qui fonctionne surtout par rapport à l’inspiration de l’animateur et de la production derrière lui ; aussi, je comprends que, bien qu’elle reste intemporelle, elle n’est pas forcément inépuisable non plus. Je trouve que c’était déjà particulièrement ambitieux d’en avoir fait un jeu quotidien lors de l’époque Canal+ ; mais je reconnais que ça aurait été difficile d’en faire davantage sans perdre inévitablement en qualité à la longue. Et bien que la version TMC compte moins d’épisodes et une programmation un peu plus irrégulière, je comprends là encore que le programme n’ait pas eu droit à plus de trois saisons.
Mais toujours est-il que je ne serai jamais assez reconnaissant envers les producteurs et décideurs pour avoir permis de faire un format aussi travaillé, et qui mérite pleinement son statut culte.
La prochaine fois, on restera sur Canal, pour un autre type de quiz…