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#053 – Dingbats

Ah, Thierry Beccaro. Ca a été un petit pincement au coeur pour moi de le voir prendre sa retraite télévisuelle après autant d’années de bons et loyaux services ; mais je garde vraiment un très bon souvenir de sa carrière, de sa personnalité bienveillante, et de l’humilité dont il avait pu faire preuve jusqu’au bout de celle-ci (ce que je ne peux pas dire au sujet de certains animateurs, dont un certain Cyril F., qui a fini par beaucoup plus me décevoir à ce niveau-là… comme quoi, on n’est malheureusement jamais à l’abri d’une désillusion). Notez toutefois qu’au sujet de l’émission que j’avais à ma disposition pour ce jeu, ce n’était peut-être pas sa meilleure prestation, car il offrait quelques moments un peu gênants ou qui ont mal vieilli (ah, les imitations d’accent chinois qui se feraient défoncer sur les réseaux sociaux à l’heure actuelle…) ; mais bon, ça reste mineur, je ne pense pas que ça ait dû concerner l’intégralité des émissions qu’il a animé, et ça restait de toute façon largement moins lourd qu’un Nagui dans le QLMG diffusé à la même période.

Bon, cela dit, pour le jeu dont je vais parler aujourd’hui, ce serait un peu malhonnête de ma part de ne mentionner que Thierry Beccaro, alors qu’il n’a pas présenté la totalité des émissions, le programme ayant été repris par Laurent Petitguillaume par la suite. Mais n’ayant pas retrouvé d’émission de cette période-là, je ne peux donc juger que des épisodes présentés par l’animateur d’origine. Cela étant, je ne pense pas que ça aurait grandement changé mon expérience de visionnage, Dingbats étant un jeu ne se reposant pas sur un animateur qui en fait des caisses, mais sur un concept spécifique qui a son intérêt intrinsèque.
Même si cet intérêt intrinsèque est un peu gâché par son exécution… mais voyons ça plus en détail.

Qu’est-ce qu’un dingbat ?

En fait, c’est assez facile à comprendre en son for intérieur, mais difficile à expliquer.
C’est une énigme visuelle, qui prend la forme d’une image sur laquelle sont disposés des indices à interpréter de façon logique, afin de trouver un mot, une locution, une expression, un titre…
Mais bon, une image valant mille mots, quelques exemples seraient plus parlants :

Sur cette énigme, il fallait trouver la réponse suivante :

Les chutes du Niagara

Ce jeu est donc basé sur des énigmes de ce genre.

Bon, vu que je viens de traiter Catchphrase, ça doit faire un peu redite par rapport à ce que j’ai déjà dit dessus : et effectivement, c’est le même principe, si ce n’est qu’on ne le réserve pas uniquement à des expressions idiomatiques.
Pour être plus précis, ça se rapproche surtout des premières saisons de Catchphrase, lorsque les animations étaient plus minimalistes et plus verbeuses ; si ce n’est que Dingbats ne prend pas la peine d’animer quoi que ce soit, et ne propose que des images fixes. Mais ce n’est pas une grosse perte, puisque dans les premières saisons de Catchphrase, l’animation n’apportait pas spécialement grand-chose à cause de son côté simpliste ; et que les expressions n’ont pas forcément besoin d’être animées pour être illustrées.
La seule perte qu’on ait à ce niveau-là, c’est le fait que les images fixes de Dingbats sont moins amusantes que les animations de Catchphrase, faisant de Dingbats un programme moins humoristique. Mais bon, je ne lui en demande pas plus, ce qui m’intéresse principalement étant de jouer avec les dingbats en question. Ca a déjà de quoi être fun.

Sinon, je l’ai déjà dit au sujet de Catchphrase, mais c’est valable ici aussi : le petit inconvénient avec ce système, c’est que certaines réponses sont quelque peu sujettes à des approximations d’interprétation, et que la validation de certaines réponses peut être quelque peu subjective, due au fait qu’il n’y a pas forcément de « valeur exacte », en particulier pour certaines expressions ou locutions.


Ici, par exemple, un candidat a proposé « Des chemins de croix », ce qui n’était pourtant pas dénué de sens… mais la réponse attendue était « La croisée des chemins ».
Bon, certes, la réponse attendue avait plus de sens, puisque le mot « chemin » était au pluriel sur le dessin ; toutefois, comme ça peut arriver qu’on ait des pluriels sans raison particulière, la proposition du candidat pouvait se tenir.


Et en parlant de pluriel : pourquoi le « TOUTES » présent dans le dessin est au pluriel, alors que la réponse affichée met « Toute » au singulier ; et que, de toute façon, l’expression n’a jamais été au pluriel à ma connaissance ? Bizarre…

Cela dit, si je traite ce jeu en plus de Catchphrase, c’est qu’il exploite son principe de base de façon un peu différente. En effet, dans Catchphrase, la mécanique est vraiment centrée sur les catchphrases en question ; mais l’enrobage n’a rien de spécialement particulier et reste assez classique. Alors que Dingbats a un peu plus à proposer à ce sujet… du moins dans sa première partie.
Oui, ce jeu se compose de trois manches différentes. Les deux premières font se confronter deux binômes de candidats, tandis que la dernière fait office de finale pour le binôme qui a accumulé le plus de points.

Une première manche originale… mais discutable

Penchons-nous donc plus en détail sur la première partie… qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler Motus sur plusieurs points (y compris négatifs, malheureusement…). On a même d’ailleurs quelques effets sonores qui viennent de ce jeu-là ! Je comprends mieux pourquoi ils ont pensé à Thierry Beccaro pour animer cette émission, avec autant de similitudes…

Durant celle-ci, on va se focaliser sur un plateau de jeu, un peu façon jeu de l’oie, composé de plusieurs cases.
Tant qu’ils ont la main, les candidats tirent sur un levier pour déterminer le nombre de cases dont ils vont avancer sur le plateau (ou quelques autres surprises, positives comme négatives). C’est un peu l’équivalent du tirage de boules de Motus ; même si celui-ci avait le léger avantage d’être un petit peu plus transparent. Enfin bon, par rapport à un système purement informatique, on se dit que ça doit être moins facile à truquer.
Ils avancent donc du nombre de cases indiqué (maximum 6 cases) ; et le symbole présent sur la case indique ce qui va se passer :

  • Si c’est une croix, un dingbat est joué.
  • Si c’est un « D », un dingbat est joué, et celui-ci peut rapporter un cadeau supplémentaire aux candidats s’ils le trouvent.
  • Si c’est une case vide, la main passe à l’autre binôme.
  • Si c’est une flèche, les candidats se déplacent automatiquement vers la case pointée par la flèche.
  • Si c’est un diablotin, les candidats retournent à la case départ…


On se déplace en boustrophédon : de gauche à droite, puis on descend à la rangée suivante, puis de droite à gauche, puis on descend, etc.
Notez au passage que la progression des deux binômes est indiquée par la luminosité des cases : celles-ci sont divisées en deux zones de couleur, correspondant aux couleurs des candidats. Quand un binôme a parcouru la case, sa couleur s’y illumine.
Ainsi, sur cette capture d’écran, le binôme jaune s’est arrêté en 3e ligne et 5e colonne ; alors que le binôme bleu a pris la tête, en 4e ligne et 2e colonne.
Ce n’est pas particulièrement clair, on aurait pu mettre des pions à la place par exemple.

Au passage, certaines de ces actions sont également enclenchées en actionnant le levier : en effet, celui-ci peut tomber sur un « D » (en revanche, le cadeau sera potentiellement gagné par un spectateur tiré au sort, et non par le binôme ; en outre, il avance également de 6 cases), sur un « 0 » (la main passe) ou sur un diablotin (retour case départ).

Lorsqu’un dingbat est joué, les candidats ont cinq secondes pour réfléchir, et proposer une réponse. Si elle est correcte, ils remportent 10 points et gardent la main ; sinon, la main passe au binôme adverse, qui peut tenter une réponse et remporter 10 points ainsi que prendre la main si elle est correcte. Si personne n’a la réponse, personne ne gagne rien, et la main ne passe pas. Bref, c’est comme à Motus quand les candidats ne trouvent pas un mot.

Et à ce propos : comme je le disais tout à l’heure, les similitudes à ce sujet avec le déroulement de Motus constituent un point négatif assez important.
Déjà, le binôme qui démarre la partie n’est pas déterminé par une manche rapide ou équivalent, on décide juste de le faire commencer ; ce qui est un mini-gâchis, étant donné qu’on aurait pu faire une énigme rapide au buzzer pour savoir qui prend la main. Ca n’aurait pas juré avec l’esthétique globale du jeu, étant donné que la manche suivante se joue à la rapidité (on y reviendra).
Ce qui fait que, s’il décide de ne jamais passer la main et trouve tous les dingbats qu’on lui soumet, l’autre binôme devient alors purement décoratif… et dans ce contexte, ce sont le tirage de levier ainsi que les cases vides du plateau de jeu qui doivent un peu contrebalancer ce défaut de mécanique, en faisant en sorte que le binôme adverse puisse compter sur la malchance de leurs adversaires pour avoir la main. Bref, je pourrais quasiment répéter mot pour mot ce que j’ai dit à ce sujet dans ma critique de Motus


Mmh… préfère légèrement le tirage de boules de Motus.

Sinon, on pourrait croire que le but des candidats est d’arriver sur la dernière case… mais en fait non. La dernière case ne sert qu’à octroyer un bonus au binôme qui l’atteint. Donc ça va, tomber sur le diablotin ne va pas représenter une trop grosse perte. Ce qui va au final importer pour les candidats, ce sera de gagner le plus de points possible, en résolvant les dingbats.
Bref, ce plateau de jeu, c’est un peu l’équivalent des grilles numériques de Motus : bien qu’il puisse avoir un impact non négligeable sur le déroulement de la partie, ce n’est pas non plus lui qui va déterminer les gagnants, sauf s’ils sont particulièrement malchanceux. C’est principalement la résolution des dingbats qui est récompensée, et ce n’est pas plus mal.

Cette manche prend fin après qu’un certain nombre de dingbats a été joué.

Une suite du jeu classique, mais plus efficace

Pour la manche 2, on oublie complètement le plateau de jeu et les tirages de levier, pour se concentrer sur les dingbats eux-mêmes.

La manche 2 va en effet consister en une suite de dingbats, qui vont se jouer à la rapidité, au buzzer. Cette fois-ci, ils rapportent 20 points lorsqu’ils sont trouvés. Se tromper sur un dingbat n’a pas de conséquence négative, ça permet juste à l’autre binôme de faire une proposition.
Comme pour la manche 1, la manche 2 s’arrête au bout d’un certain nombre de dingbats joués.

Bon, vu que l’explication du principe de la manche 2 ne tient que sur deux ou trois lignes, vous aurez compris que son déroulement n’est pas très original, surtout en comparaison du plateau de la manche 1.
Toutefois, vu que je n’ai pas été spécialement positif sur la manche 1 en raison des défauts de celle-ci, ce n’est finalement pas plus mal de l’enchaîner avec une manche de rapidité plus classique.
J’irais même jusqu’à dire que ça permet de rattraper un peu les problèmes de la manche 1, en permettant à un binôme à la traîne par malchance de grapiller des points. Pour le coup, c’est quelque chose qui se démarque positivement de Motus.


Oubliez l’indication donnée par le levier sur le pupitre des candidats, celle-ci ne sert plus à rien. Concentrons-nous plutôt sur les scores en bas de l’écran.

Le binôme qui a le meilleur score à l’issue de ces deux manches va donc disputer la « Partie diabolique » (« Super partie », ça aurait été trop évident comme parallèle). Oui, personnellement, je n’ai pas trop compris ce délire avec les diablotins et le « diabolique » (probablement pour donner un style au jeu, j’imagine), mais passons.
Son déroulement va être là encore très simple : les candidats vont enchaîner les dingbats pendant un maximum de 2 minutes, et devront proposer une réponse pour chaque dingbat. Si la réponse est bonne, ils gagnent un point ; sinon, on passe au dingbat suivant (contrairement à la finale de Catchphrase, on ne peut tenter qu’une seule réponse).
Bref, la mécanique de cette finale ne présente pas d’originalité particulière, à l’instar de la manche 2.

En revanche, je pourrais chipoter sur le fait qu’elle n’est malheureusement pas exécutée d’une façon très fluide.
Déjà, les candidats sont tenus de proposer une réponse à chaque fois, ils ne peuvent pas juste passer un dingbat (sinon, l’animateur va leur dire de proposer quelque chose). Je n’en vois pas l’intérêt, sachant qu’une mauvaise réponse n’entraîne aucune pénalité (si ce n’est perdre du temps)…
Ensuite, au lieu de fournir les explications sur les dingbats perdus après cette manche, c’est l’animateur qui donne la réponse pendant… et il n’est pas des plus rapides pour le faire. OK, ça n’a l’air de rien dit comme ça… mais vu que TLMASMAD fait régulièrement la même chose et que ça a le don de m’énerver à chaque fois, j’aurais été un peu hypocrite de ne pas le relever ici.
Et enfin… il y a une certaine latence, plutôt inexpliquée, avec les dingbats qui mettent à chaque fois plusieurs secondes pour s’afficher. Je ne comprends pas pourquoi la régie n’est pas plus réactive pour envoyer les dingbats plus rapidement…
Bref, tout cela mis bout à bout, ça fait de précieuses secondes perdues un peu stupidement. Bon, nonobstant ce temps perdu, l’objectif des 10 bonnes réponses à donner reste tenable, avec quelques droits à l’erreur… mais on aurait pu gérer le rythme un peu mieux que ça, tout de même.


Je crois que c’est assez explicite. Cette fois, c’est le score qui est affiché, de même que le temps qui reste.

Total : 13/20

Dingbats est un bon petit jeu de fin de matinée, qui remplit correctement ses objectifs, même s’il souffre un peu des mêmes tares que Motus (si ce n’est qu’en ayant duré moins longtemps et en n’ayant pas eu le temps de se « professionnaliser », celles-ci se sont un peu moins faites ressentir). Je n’aurais pas été contre un peu plus de peaufinage pour que ses règles puissent tenir la route de bout en bout ; mais tel quel, ce jeu passe.
A principe similaire, je lui préfère Catchphrase, dont la mécanique est certes plus classique mais également plus solide, et qui est davantage marquant de par son divertissement.
Mais c’est tout de même une bonne chose que le PAF ait pu bénéficier d’un jeu reposant sur des énigmes visuelles, faisant réfléchir son public d’une façon plutôt originale et rafraîchissante.

Donc toujours est-il qu’avec Dingbats, ce genre de format basé sur des énigmes visuelles, faisant appel à une pensée logique, avait déjà plus ou moins existé sur France 2… mais bon, comme c’était un jeu de fin de matinée, j’imagine qu’il avait de quoi passer davantage inaperçu qu’un jeu de prime-time plus pompeux sorti une vingtaine d’années plus tard. D’ailleurs, en parlant de ça…

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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