La logique ! Un genre de jeu d’esprit que j’aime bien personnellement ; mais qui, il faut le reconnaître, n’a été qu’assez rarement adapté dans les jeux TV de façon générale. En effet, lorsqu’il s’agit de poser des questions aux candidats, les jeux privilégient généralement bien plus souvent la culture générale. D’autres aiment également jouer sur les mots ou sur les lettres, comme (liste loin d’être exhaustive) Pyramide, Un mot peut en cacher un autre ou En toutes lettres ; d’autres sur la musique comme, Fa si la chanter ou N’oubliez pas les paroles ; d’autres sur les mathématiques comme Des chiffres et des lettres ou… euh… la question de calcul mental sournoisement glissée dans les finales de TLMASMAD. Bon, ceux-là, ils ne sont vraiment pas nombreux, je le reconnais.
Mais côté logique, les tentatives dans ce domaine ont été peu nombreuses, et surtout, peu remarquées. De tête, je pourrais citer les énigmes visuelles du Père Fouras dans Fort Boyard en 2001, ou encore la finale de La gym des neurones ; bref, des exemples qui n’ont pas duré très longtemps.
Peut-être est-ce pour l’oubli relatif de ces tentatives que Cyril Féraud a prétendu que son 100% logique était l’un des premiers jeux du PAF à jouer là-dessus… et ce n’est d’ailleurs malheureusement pas la première fois qu’il fait une approximation un peu grossière en parlant d’un jeu TV. Par exemple, en ayant affirmé dans une interview que « Le grand Slam [était] l’émission de service public qui a le plus fait gagner d’argent à un champion [Enzo en l’occurrence] en dépassant le cap des 200 000 € », en oubliant En toutes lettres et NOPLP (bon, pour ce dernier, il avait précisé « De culture générale », mais un peu in extremis, comme s’il lui était revenu à l’esprit juste après. Et ça ne change rien au fait qu’En toutes lettres continue à détenir le record dans cette catégorie).
Bon, ok, on ne peut pas forcément tout savoir, et encore moins quand on est pris dans une interview sans avoir de quoi sourcer ses dires sous la main. Mais le problème avec cette façon de formuler les phrases, c’est que ça me donne une impression un peu involontairement prétentieuse dans la façon de les formuler ; et ça m’ennuie quand même un peu d’avoir une image prétentieuse de Cyril Féraud alors que j’aime bien cet animateur (à une exception notable près dans Fort Boyard, pour laquelle je n’aurai jamais été autant déçu par un animateur d’un seul coup…).
Et en fin de compte, c’est un peu le ressenti que j’ai avec 100% logique, de façon générale.
Foncièrement parlant, ce n’est pas un jeu que je déteste, ni que je trouve raté ; mais c’est surtout la façon dont il a été vendu, avec laquelle il a été reçu par le public, et dont la version française l’a adapté, qui me renvoient l’image d’une émission finalement assez prétentieuse, loin d’être aussi géniale qu’on ne le prétend à mes yeux ; même si je comprends tout à fait d’où vient son succès.
D’ailleurs, si je dois reconnaître un bon point sincère par rapport à la VF, ce serait au niveau de son titre et de son sous-titre. En effet, le jeu original (c’est un format britannique à la base) s’intitule 1% club… et vu comme ça, c’est correct, mais pas très vendeur. Là où 100% logique met davantage l’accent sur ce qui peut plaire au public. Et le sous-titre « La réponse est sous vos yeux » était plutôt bien trouvé pour le coup, les réponses ne nécessitant effectivement pas de connaissances préalables pour pouvoir être trouvées (enfin, la plupart du temps).
Mais à part jouer sur la logique, qu’est-ce que ce jeu propose, concrètement ? Voyons ça plus en détail…
Que le meilleur gagne… version questions de logique
… mouais, désolé d’être aussi direct dans ma façon de résumer le concept ; mais, basiquement, c’est ça.
Comme vous le savez, je ne suis (mais alors pas du tout) un fan de QLMG. Pour rappel, c’est un format que je trouve assez simpliste, peu original et peu captivant, à tel point que le jeu doit en faire des caisses avec l’ambiance et/ou le style d’animation pour compenser, quitte à avoir un rythme peu soutenu et à plus m’ennuyer qu’autre chose au final. Et à moins de vraiment sublimer le concept comme l’a fait Le numéro gagnant, ce n’est pas le genre de jeu apte à capter mon attention.
Et je ne peux pas dire que 1% club parvient à particulièrement sublimer le concept de base. 100% logique essaie cependant davantage d’apporter sa patte, même si je n’ai pas trouvé les évolutions particulièrement convaincantes (on y reviendra).
En fait, on retrouve le même type de tares que pour QLMG, à savoir : un niveau de difficulté progressif qui fait que les premières questions sont plus simples (ce qui est louable, mais qui rend le début du jeu assez ennuyeux), des questions sur lesquelles on passe plus de temps que nécessaire, un rythme mal géré car on intercale du blabla entre chaque question, on vérifie les réponses des candidats, on se moque des candidats qui se sont plantés… même au niveau du style d’animation, j’ai vraiment l’impression que c’est dans le cahier des charges des jeux à la QLMG d’avoir un animateur agaçant à ce sujet sur les bords.
Et au final, l’impression que ça me renvoie, c’est que je suis plus ou moins en train de regarder QLMG, mais avec des questions de logique à la place des questions de culture générale. Remplacer la culture générale par de la logique ne suffit pas à capter instantanément mon attention : le concept reste en soi trop simpliste pour que je puisse m’extasier devant. Vous auriez remplacé les questions de culture générale par des calculs mentaux ou des énigmes du Père Fouras, ça ne m’aurait pas spécialement fait revoir le concept à la hausse pour autant…
Cela étant, je reconnais quand même une « amélioration » par rapport à un QLMG basique : on a une estimation un peu plus objective du niveau de difficulté des questions.
En effet, celles-ci ont été testées sur un panel au préalable, afin de pouvoir en jauger la difficulté. Ainsi, à la première question, un grand pourcentage de sondés avaient répondu juste ; puis, à la deuxième question, un pourcentage un peu plus faible (mais toujours élevé) des sondés avaient eu bon, etc. avec un pourcentage dégressif à chaque fois ; jusqu’à atteindre 1% de sondés qui ont vu juste pour la dernière question.
Je reconnais que c’est un effort louable, car c’est toujours quelque chose d’un peu délicat à évaluer dans les jeux TV qui souhaitent moduler la difficulté de leurs questions. D’ailleurs, c’est pour ça que le jeu original s’appelle 1% club : en effet, le « 1% » désigne le pourcent de sondés qui ont su répondre correctement à l’énigme finale. Et si je devais citer un défaut par rapport au nom du programme en VF, c’est qu’on perd cet aspect « récompense prestigieuse ». Mais bon, on garde quand même le pourcentage, qui est un rappel subtil de cet aspect du programme.
Néanmoins, même si les questions ont été testées au préalable et classées d’une façon relativement objective, ça n’empêche pas d’avoir un certain ressenti plus personnel ; et de se dire parfois que, même quand la question vaut 20%, elle peut paraître relativement simple (ou a contrario, trouver une question à 70% plus difficile). Ce qui posera d’ailleurs problème pour l’une des spécificités de 100% logique, sur laquelle je reviendrai plus loin…
Quand même, je n’en reviens pas qu’il y ait 5% d’individus qui n’aient pas réussi à répondre à cette question correctement…
D’ailleurs, passons outre cette mécanique façon QLMG pour nous focaliser sur ce que le titre français met le plus en avant : les énigmes de logique.
Et à ce niveau-là… ben, elles pâtissent malheureusement de la mécanique façon QLMG, comme on va le voir dans le paragraphe suivant.
Le problème de la validation façon QLMG…
Ce que j’aime bien dans les énigmes de logique, c’est tout le processus de réflexion qu’il peut y avoir, quitte à détourner certains codes, ou à inciter à penser autrement.
Mais le format de validation requis dans ce jeu en particulier a malheureusement tendance à brider la formulation des énigmes, quitte à rendre leur résolution moins intéressante.
Prenons par exemple cette énigme (au passage, à partir de maintenant, je vais mettre des spoilers sur les énigmes, donc si vous n’avez pas leur solution et que vous voulez réfléchir dessus au préalable, n’ouvrez pas les balises tout de suite, vu que celles-ci vont divulguer la solution) :
En effet, au club UCPA (… oui, bizarrement, ce n’est pas dans un livre de logique que je l’ai découverte, mais à une animation de club UCPA. Comme quoi…) où l’animateur nous avait posé l’énigme, la question était : « Comment transformer en un seul coup de crayon le 9 en 6 ? ». Le « un seul coup de crayon » a son importance, car il ouvre pas mal de possibilités qu’on pourrait avoir à l’esprit : raturer un chiffre, transformer le « IX » en une opération mathématique… instinctivement, j’aurais pensé que la solution aurait été de manipuler les chiffres romains comme dans une énigme à base d’allumettes. Et quand la solution a été donnée, faisant réaliser que le coup de crayon n’avait pas à être droit et pouvait être courbe, c’est là que j’ai trouvé cette énigme particulièrement astucieuse : en effet, se dire que le coup de crayon devait prendre la forme d’un « S » pour transformer au passage le chiffre romain en chiffre en toutes lettres, il fallait y penser.
Mais ici, comme on est obligé de formater la réponse à cause du format façon QLMG (parce qu’on ne pouvait pas faire valider automatiquement un « coup de crayon », du moins pas sans complications), on n’a pas trouvé d’autre moyen que de donner directement une pièce SOS, en précisant directement qu’il faut ajouter une lettre. La différence est énorme. Le processus de réflexion se retrouve prémâché, et l’énigme perd un peu en intérêt. Formulée comme ça, c’est même d’ailleurs une question qu’on aurait tout à fait pu poser dans Slam pour trouver une lettre, et ça aurait duré beaucoup moins longtemps…
Et c’est là où je veux en venir : le format à la QLMG bride la façon de formuler les réponses.
En fait, il y a une raison toute simple pour laquelle les questions de QLMG étaient toutes en QCM : il fallait pouvoir faire une vérification de masse, pour tous les candidats. C’est d’ailleurs également valable pour des formats comme Un contre tous ou 1 contre 100, où il faut s’assurer que les réponses des candidats soient vérifiables instantanément et de façon fiable. Le numéro gagnant est légèrement plus large en demandant aux candidats des réponses numériques, mais là encore c’est très formaté et aurait difficilement pu s’appliquer à des réponses plus larges.
Les jeux de culture générale qui vont au-delà du QCM ont généralement des mécaniques qui permettent davantage de souplesse dans la validation des réponses : dans Questions pour un champion, par exemple, quand la réponse est une personnalité, le candidat peut donner son nom et son prénom, ou son nom seul, mais s’il précise un prénom et qu’il est incorrect, la réponse est invalide ; et certaines questions peuvent même avoir plusieurs réponses possibles, qui seront toutes acceptées. Dans Jeopardy!, la façon de formuler une question n’est pas unique, aussi faut-il faire appel à un arbitre pour juger si une question peut convenir ou non. Dans Tout le monde veut prendre sa place, pour les questions Cash de la manche 2, les candidats doivent saisir une réponse au clavier, mais celle-ci n’est pas validée automatiquement : on vérifie d’abord ce qu’ils ont écrit, pour ensuite valider manuellement leur réponse, en passant outre les fautes de frappe ou le fait de ne pas l’avoir écrite en entier (en plus, ça permettait à Nagui de se foutre de la gueule des candidats qui avaient du mal avec la dactylographie…).
Ce dernier exemple montre d’ailleurs les limites d’une validation automatique : à quel point peut-on être tolérant au sujet des fautes de frappe ? Sur la façon de formuler une réponse ? Quand j’avais joué au jeu en ligne TLMVPSP à l’époque (… oui. J’ai joué à la version en ligne de ce jeu. On m’a forcé. Mais bon, au moins, c’était plus agréable qu’à la TV…), on avait parfois ce genre de problèmes, avec certaines réponses mal orthographiées qui fonctionnaient, et d’autres non. Et si le jeu en ligne peut se le permettre, puisqu’il n’a pas d’enjeux particulièrement conséquents hormis le fun, c’est moins le cas de la version plateau et ses enjeux plus importants.
Pour 100% logique, c’est donc le même problème : étant donné qu’on doit valider automatiquement les réponses d’un grand nombre de candidats, on ne peut pas se permettre de poser des questions avec une réponse trop souple. Pour l’énigme du 9 qui devient 6, on ne peut pas formuler la question en précisant « coup de crayon » et accepter une réponse du type « Il faut tracer un ‘S’ devant le ‘IX' », il faut que la réponse soit directement « S ».
Au passage, comme pour certaines autres énigmes, c’est le genre de question qui aurait tout à fait pu être posée dans une partie de Slam pour faire deviner la lettre en jeu…
Et pourtant, on peut se permettre de faire des énigmes de logique avec plus de souplesse dans la façon d’y répondre. C’est d’ailleurs ce que font les jeux Professeur Layton sur Nintendo DS et 3DS, qui fonctionnent avec un écran tactile, et où le stylet peut permettre de répondre à certaines énigmes d’une façon plus large que juste avec des chiffres ou des lettres.
Bien sûr, la détection du stylet n’est pas forcément ultra précise, et peut parfois avoir quelques ratés ; mais dans ce jeu, on peut recommencer jusqu’à ce que la console détecte précisément ce qu’on souhaitait faire, sans contrainte de temps de réflexion ou autre, avec un système de pré-validation dans certains cas, donc ce n’est pas gênant.
Peut-être aurait-on pu faire ça pour 100% logique… mais d’un autre côté, j’imagine que ça aurait potentiellement fait exploser le budget d’avoir 100 pupitres qui soient tous équipés du même niveau de reconnaissance tactile aussi précis qu’une DS. Donc là encore, on sent que le format à la QLMG bride le concept…
Après, je ne dis pas que ce format rend impossible le fait d’avoir des énigmes intéressantes. Même en se contentant de répondre par des lettres, des réponses numériques ou à un choix parmi plusieurs propositions, il y a tout à fait moyen de faire des énigmes avec une réflexion poussée (et même dans les jeux Layton, beaucoup d’énigmes reposent sur ce principe-là).
C’est juste que le formatage réduit les possibilités par rapport à un jeu Layton ou à un livre d’énigmes de logique. Qui ont d’ailleurs également l’avantage de pouvoir proposer un temps de réflexion illimité quand on aime réfléchir aux énigmes et chercher à trouver la solution par soi-même, quitte à y passer dix minutes ; là où en jeu TV, forcément, le temps de réflexion est plus limité, ce qui pousse peut-être également à simplifier certaines énigmes pour qu’elles puissent être trouvables en un temps acceptable. Enfin, surtout pour une mécanique à la QLMG : si on avait fait un Qui veut gagner des millions ? avec des énigmes de logique, en laissant au candidat le temps qu’il veut pour réfléchir, ce problème ne se serait probablement pas posé.
J’ai déjà vu des mini-jeux comme ça dans les magazines type Télé 7 Jeux… avec plus de personnages à éliminer.
… et de ce qu’on entend par « logique ».
Sinon, pour les autres énigmes qu’on peut trouver dans l’émission… c’est variable.
Bon, déjà, on a le problème des premières questions souvent trop faciles, qui font qu’on s’ennuie un peu au début (c’était déjà gênant dans 1% club, ça l’est encore plus dans 100% logique où cette phase dure plus longtemps, longueur du prime oblige).
Mais surtout… pour certaines questions, je trouve qu’on a un peu de mal à parler véritablement de « logique ». Par exemple, pour une question dans laquelle on montre un paysage, et où il faut choisir parmi plusieurs propositions celle qui représente son reflet dans l’eau… certes, ça fait légèrement réfléchir, en mettant en avant des compétences de symétrie axiale ; mais ce n’est pas une réflexion particulièrement poussée non plus. Ca relève davantage de l’observation que de la logique pour moi. Et si ça justifie le sous-titre, « La réponse est sous vos yeux », en revanche, pour le côté « 100% logique » dont se targue le jeu… poupougne.
Personnellement, je ne considère pas non plus les questions d’observation « pure » comme de la « logique ».
Et puis, honnêtement, si vous considérez les énigmes de ce genre comme de la logique, ça veut donc dire que Dingbats, diffusé 30 ans plus tôt, était lui aussi un jeu dont 100% des questions étaient basées sur la « logique »… donc, à nouveau, 100% logique n’était pas le premier jeu de France 2 à correspondre à cette description !
(Au passage, seulement 10% des sondés ont trouvé la réponse à cette énigme ? Ils se seraient fait laminer dans Dingbats !)
Un autre problème, plus important cette fois, est le fait que la logique, ça peut aussi (et surtout) être une question d’interprétation.
Par exemple, je me souviens d’un ami qui m’avait parlé d’un test de Q.I. qu’il avait dû faire durant ses jeunes années. Il devait déterminer quel était l’intrus entre « sirop », « yaourt », « gélule » et « suppositoire ». La réponse attendue par le test était « yaourt », car cette proposition n’était pas le nom d’un médicament comme les trois autres ; mais lui avait répondu « suppositoire », car il ne se prend pas par voie orale, contrairement aux trois autres. Selon les critères du test, il avait donc faux… mais pourtant, sa réponse n’était pas dénuée de fondement, et était juste, mais sur un autre critère que celui attendu.
Tout ça pour dire que la logique n’est pas un critère complètement universel… et qu’on peut trouver plusieurs réponses qui se tiennent tout autant pour une même question. Pourtant, 100% logique ne va pas accepter de réponses différentes, sous prétexte que le raisonnement du candidat n’est pas celui qui était attendu. Encore une fois, ça pose problème quand il y a un enjeu derrière.
C’est un peu la même situation que pour NOPLP, où la maestro Aline s’était fait éliminer sur la chanson Manhattan-Kaboul, pour avoir chanté un passage différent de celui attendu par la production… mais qui était pourtant officiellement juste, car deux versions co-existaient. La production avait dû s’excuser, car elle était dans son tort ; et ça a par conséquent complètement cassé son parcours de maestro, qui aurait peut-être été plus long sans cette faute de leur part.
Bon, certes, l’erreur reste humaine. Je ne crois pas que les producteurs aient vraiment en tête de délibérément mettre les candidats en difficulté, et que lorsque ça arrive, ça n’est jamais fait intentionnellement. Mais avec le domaine de la logique, ça me paraît malheureusement plus fréquent de se prendre les pieds dans le tapis avec ça…
Pour prendre un exemple de question posée dans l’émission qui corresponde à ce cas de figure :
Le premier : il faut compter les trous pour le col, les manches et la taille, et pas uniquement les déchirures visibles.
Le second : comme on voit à travers les déchirures, il faut en déduire qu’il y a des trous à l’avant du T-shirt… mais aussi à l’arrière, sinon on ne verrait pas au travers.
L’émission attend donc comme réponse : 8 trous. Soit : les deux déchirures à l’avant + le col + les deux manches + la taille + deux déchirures à l’arrière situées au même emplacement que celles à l’avant.
Sauf que, techniquement, beaucoup plus de solutions sont possibles. Déjà, il peut n’y avoir qu’un seul grand trou à l’arrière (au lieu de deux), qui engloberait les deux trous situés à l’avant ; donc 7 trous est une réponse tout aussi valable. Mais de plus, il peut aussi y avoir d’autres trous sur l’arrière du T-shirt, qui ne seraient pas visibles depuis l’avant… donc les réponses 9, 10, 11 etc. seraient tout aussi valables.
Techniquement, la réponse exacte aurait donc dû être : n’importe quel entier naturel supérieur ou égal à 7. Mais l’émission n’aurait sans doute pas accepté une réponse comme 14, 56 ou 123, alors que c’est pourtant tout à fait possible, tant qu’on ne montre pas l’arrière du T-shirt…
Bon, après, heureusement pour la candidate, elle avait trouvé la réponse attendue par la production ; mais si ça n’avait pas été le cas, pas sûr que ça serait bien passé…
Et sinon, ça a été remarqué sur Twitter, par ceux qui avaient déjà eu l’occasion de regarder la version originale : la version française s’est par moments contentée de « traduire » les énigmes proposées en VO. Outre le fait que c’est un poil paresseux de leur part, ça peut aussi poser problème dans la mesure où la linguistique peut également avoir une influence. Prenons l’exemple suivant :
Si vous parlez plutôt bien anglais, je vous recommande plutôt de réfléchir à la version anglaise.
En français, il faudra traduire ça par : premier, deuxième, troisième, quatrième, etc. Donc : Premier, dEuxième, trOisième, quaTrième ; d’où cinqUième, donc U.
Alors, certes, l’énigme tient quand même la route en VF… mais elle me semble légèrement plus intuitive en VO, car la façon d’énumérer des éléments d’une liste ordonnée en anglais est sans doute plus naturelle qu’en français, où on n’aurait pas forcément employé les mêmes mots pour le faire. Question d’habitude.
Mais bon, ça reste valable uniquement pour une poignée d’énigmes, on en a quand même davantage plus adaptées à la version française.
En version française : du rembourrage recherché…
La majeure partie de ce que j’ai pu dire jusqu’ici était valable aussi bien pour la version originale 1% club que pour la version française 100% logique.
Toutefois, c’est à partir de maintenant que je vais citer des éléments majoritairement exclusifs à la version française.
Car si 1% club ne dure qu’une heure, 100% logique dure, en revanche, deux fois plus longtemps.
Tout comme 60 secondes chrono a préféré étirer sur un créneau deux fois plus long un concept qui n’était prévu que pour 45 minutes, 100% logique a fait de même en adaptant un format de prime-time anglo-saxon (soit une succession de programmes de généralement 1h sur le créneau le plus visionné de la journée… qui démarre d’ailleurs avant 20h) en un prime-time français. Oui, en France, on a cette tendance très fâcheuse (et ce particulièrement depuis la décennie 2010) à faire démarrer le prime le plus tard possible, à le faire se terminer le plus tard possible, et à le meubler avec un seul et unique programme la plupart du temps (quitte à faire un after) car ça coûte moins cher et ça permet de faire dire ce qu’on veut aux audiences Médiamétrie. C’est d’ailleurs pour ça que les « vraies » deuxièmes parties de soirée sont tombées en désuétude, et que certaines chaînes programment les séries d’une façon particulièrement stupide en balançant 4 ou 5 épisodes en une soirée (même des inédits), et qu’après elles s’étonnent que les gens aillent sur Netflix et compagnie.
Franchement, on aurait tout aussi bien pu adapter ce format en France, mais en le destinant à un créneau type access prime-time, afin qu’il ne dure pas plus de 45 minutes ; d’autant plus que le concept en lui-même ne justifie pas particulièrement les honneurs du prime-time.
On va toutefois distinguer deux façons que le programme a trouvé pour pouvoir justifier sa durée prolongée ; en commençant par les adaptations de règles.
Je ne me suis pas beaucoup étendu sur le côté « règles » pour 1% club, car ça reste vraiment un concept à la QLMG très basique, où chaque joueur se fait immédiatement éliminer à la moindre erreur.
Toutefois, il y a tout de même quelques particularités dans le lot :
- Il y a un système de cagnotte, qui s’enrichit de 1 000 € (ou 1 000 £, en VO) à chaque fois qu’un candidat répond incorrectement à une question (jusqu’à la question à 30%) ;
- A partir de la question des 50%, les candidats disposent d’un joker leur permettant de passer une question, s’ils ne la sentent pas ;
- A partir de la question à 30%, les candidats qui ont survécu gagnent d’office 1000 € (sauf s’ils ont passé une question) ;
- A un moment assez avancé, une question de rapidité est jouée, pour déterminer le candidat qui va disputer la question à 1%, dont le gain sera celui de la cagnotte s’il y répond correctement. Il peut toutefois ne pas tenter de répondre à cette question, et partir avec 10 000 €.
Bref… même si c’est relativement spécifique, rien qui ne me fasse sauter au plafond personnellement.
100% logique va d’ailleurs reprendre la même trame, avec quelques ajouts dans le lot.
Le premier : … on a davantage de questions. 1% club progressera relativement vite dans les pourcentages de recalés aux différentes questions posées, mais 100% logique va aller plus doucement. Donc ceux qui voudront davantage de questions du niveau de la rubrique Jeux du Journal de Mickey vont être satisfaits. Bref, du rembourrage assez basique.
Le deuxième : une manche supplémentaire est rajoutée avant l’ajout du joker (qui est donc attribué plus tardivement qu’en VO) permettant de passer la question. A partir de 50%, sur une série de questions donnée, les candidats ayant répondu incorrectement ne seront pas éliminés d’office, mais seront en ballottage, et devront répondre correctement à une question de rattrapage du même niveau que celle qui vient de leur être posée pour pouvoir continuer à jouer. S’ils se trompent sur celle-ci, leur parcours s’arrête définitivement.
Alors, l’idée d’un rattrapage est intéressante, dans la mesure où l’une des tares que je reproche à QLMG, c’est le côté expéditif de ses éliminations. Donc l’idée de ne pas éliminer d’emblée les candidats, c’est une façon intéressante de jouer sur cette formule. En outre, ça permet de casser un peu la monotonie du format, et de ne pas se contenter d’une succession pure et simple de questions qui ne se distinguent que par leur niveau de difficulté.
En revanche : d’une part, ça rallonge l’émission et n’arrange pas trop son rythme ; d’autre part… pourquoi faire ça uniquement pour une partie du jeu spécifique, entre le palier des 50% et l’ajout du joker ? Pourquoi pas dès le début du jeu ? Sans doute parce que ça aurait été trop lourd d’avoir toute une première moitié d’émission avec des énigmes de niveau trop faible (et que l’émission se terminerait à minuit avec toutes les questions supplémentaires potentielles), mais ça n’aurait pas été spécialement incohérent en termes de règles.
En fait, ces règles spécifiques pour chaque salve me font souligner un regret.
Dans l’ensemble, je trouve vraiment louable d’enrichir la formule à la QLMG, en ajoutant des règles qui permettent aux candidats de disposer de davantage d’outils pour contrôler leur parcours, plutôt que de juste subir les différentes salves de questions.
Mais la façon dont c’est fait ici me renvoie un sentiment de manque de cohésion. En fait, je n’ai pas une vision très harmonieuse de l’ensemble du programme, mais plutôt d’une juxtaposition de différentes règles, histoire de différencier un peu plus chaque partie. Ce n’est pas affreux en soi, mais j’ai tendance à préférer des formats plus cohésifs à ce niveau-là, comme Le numéro gagnant ou Le grand tournoi de l’Histoire.
Au passage, ce choix colorimétrique pour indiquer les candidats éliminés (en bleu) est très… douteux, visuellement. Sur les plans larges, j’ai l’impression que l’émission a accueilli des Schtroumpfs…
Le troisième : au lieu d’une seule question de rapidité, on en posera trois (puis quatre) ; et à chaque fois, le candidat le plus rapide à avoir répondu correctement est qualifié pour la suite. Cette fois-ci, l’idée évoque plutôt Le numéro gagnant (donc déjà quelque chose de davantage susceptible de me plaire), même si on n’a pas le côté stratégique de décider de passer les questions ou non.
Pourtant… là encore, je ne vais pas être très convaincu par cette idée. Encore une fois, on sent que c’est pour rallonger l’émission comme on peut, en multipliant par trois ou quatre le nombre de questions que 1% club aurait posé à ce moment-là ; mais là, au moins, c’est lors d’une phase de jeu où le niveau des questions devient vraiment intéressant.
Mais surtout : une fois les candidats qualifiés, on va leur poser à chacun une question à 10%, puis une question à 5%. Et ces questions vont être des questions individuelles, chronométrées, auxquelles les candidats vont cette fois-ci pouvoir répondre oralement. De quoi proposer des énigmes un peu plus souples cette fois-ci, bon point donc.
Sauf que… le passage à des questions individuelles n’est pas non plus sans défauts (oui, je sais, je donne l’impression que je ne suis jamais content, désolé). Certes, selon le panel sondé, le niveau de difficulté sera le même pour les trois/quatre candidats… mais ça n’empêchera pas d’avoir des disparités entre ceux-ci, avec certaines questions qui paraîtront plus faciles que d’autres. On casse un peu l’idée de juger tout le monde avec le même test (ce qui est, pour le coup, l’une des rares qualités que je peux concéder au format QLMG…). Et c’est là que l’idée des questions à la difficulté jaugée par le panel, évoquée plus tôt, commence à avoir ses limites.
Sinon, la question à 1% redevient « collective », avec les candidats qui répondent sur tablette de leur côté.
… et du rembourrage moins recherché.
Bon, j’ai parlé du rembourrage qui jouait sur les règles de l’émission ; et qui, à ce titre, pouvait être certes inégal mais plus louable dans ses intentions… parlons à présent de celui qui fâche.
Déjà, comme je l’ai dit plus haut, la formule à la QLMG est déjà très propice en soi aux moments flottants où on blablate de tout et n’importe quoi. Ca n’atteint pas les sommets de ce que faisait Nagui dans les années 90, mais ça reste fatiguant.
Dans le lot, on a aussi quelques candidats qui dévoilent leurs talents, et sur lesquels on s’attarde davantage pour les voir faire leur numéro, ou tailler une bavette… mouais bof. Certes, ça ne fait pas systématiquement de mauvais happenings, mais on sent presque qu’ils ont été castés exprès pour ça, ça ne fait pas très naturel. Et, certes, c’était aussi quelque chose qu’on avait dans 1 contre 100, mais ce jeu-là assumait davantage de mettre en valeur certains membres du Mur, en les présentant d’office en début d’émission.
Et puis… vous le sentez venir, hein ? On est sur une émission de divertissement de prime-time, et à ce niveau-là, on aura droit à quelque chose de quasi-systématique… des people. Qui ne serviront bien évidemment à rien et qui seront juste là pour l’ouvrir sur certaines questions régulièrement, tout en n’oubliant pas de faire leur promo de temps à autre…
Franchement, quitte à fourrer du people dans votre format, vous auriez tout aussi bien pu faire comme 1 contre 100, avec des personnalités qui comptent comme de véritables candidats, mais qui jouent pour des associations à la place. Au moins, ça aurait rendu ce ressort-là moins intrusif...
Total : 10,5/20
Même si j’ai donné l’impression d’être assez négatif envers 100% logique dans cette critique, ça reste un format qui n’a rien de honteux (loin s’en faut), qui a de bonnes raisons d’être apprécié, et qui propose de façon individuelle des énigmes pouvant être assez stimulantes, en mettant en avant le domaine de la logique (même si, rappelons-le encore une fois, ce n’est certainement pas la première émission à l’avoir déjà fait).
Et je reconnais que j’aurais pu être moins sévère avec ce programme… si on nous l’avait présenté d’une façon moins prétentieuse. Comme je le disais en introduction, c’est surtout ça qui m’a particulièrement gêné avec ce jeu, et qui m’a fait un peu préférer 1% club (que je trouve cependant juste correct, je n’ai là encore pas été plus pris que ça dedans), qui me renvoyait un petit peu moins cette impression-là.
En outre, même si je suis peut-être allé chercher la petite bête par moments, je maintiens que, structurellement parlant, le choix d’un format à la Que le meilleur gagne ! ne reste pas spécialement le plus pertinent pour traiter ça. La logique, l’observation et tout le toutim auraient pu mériter un format mieux pensé que celui-là ; même si, dans l’absolu, il peut faire l’affaire, surtout pour un public certainement loin d’être aussi exigeant que je n’ai pu l’être ici.
Mais personnellement, je suis plutôt attristé que, parmi les différents formats de jeu qui jouent sur la logique, ce soit celui-ci qui ait reçu l’accueil du public le plus favorable, et qui soit le plus susceptible de rester dans les mémoires ; alors qu’à côté de lui, d’autres jeux qui l’ont précédé ont été davantage sous-estimés, nonobstant des mécaniques plus intéressantes, plus fiables et plus stimulantes.
J’ai largement préféré mon visionnage de Dingbats, qui avait certes des ambitions et une variété d’énigmes moindres, mais qui était davantage à la hauteur de mes attentes et faisait même preuve de légèrement plus d’originalité dans sa mécanique globale.
Et je pourrais citer également un autre jeu, lui aussi malheureusement plutôt tombé dans l’oubli, qui aurait pourtant mérité qu’on en parle davantage… bon, ben, je sais ce que je vais faire la prochaine fois !