Suite et fin de ce triptyque sur Des chiffres et des lettres… et je pense qu’il est temps pour moi de pousser le coup de gueule envers France TV que je me suis abstenu de faire depuis deux articles.
Bon, déjà, je précise que ce dernier article sera scindé en deux parties (plus un bonus), la première portant sur la période 2016-2022, et la seconde sur la période 2022-2024.
En ce qui concerne la première, je n’ai rien à déplorer. Certes, le programme était relégué à 16h10 depuis 2012 ; mais, avec le recul, je peux encore comprendre pourquoi l’émission s’était retrouvée reléguée à 16h10 sur France 3, toujours en quotidienne, avec la volonté de mettre en avant de nouveaux formats afin de compléter l’après-midi jeux de la chaîne. Et puis bon, j’aime bien Slam, Harry et Personne n’y avait pensé, donc je ne leur en veux pas trop d’avoir eu une meilleure exposition.
En revanche, je ne pardonnerai jamais à France 3 ce qu’elle a fait au jeu à partir de 2022 ; parce que là, c’était clairement une tentative de meurtre. Oui, désolé du terme ; mais ça se sentait vraiment qu’elle cherchait à se débarrasser du jeu, par tous les moyens.
Avec pour commencer l’éviction des incarnations historiques du programme qu’étaient Bertrand Renard et Arielle Boulin-Prat. La gestion de France TV sous les mandats de Delphine Ernotte me laisse vraiment une marque particulièrement amère en ce qui concerne ce genre de décisions, qui sous-entendent que ça devient presque un délit d’être trop âgé à la TV… et c’est d’autant plus cynique qu’ils ont pris exactement les mêmes profils pour leurs remplaçants, à savoir un ancien candidat pour l’arbitrage des chiffres et une professeure pour celui des lettres.
On a d’ailleurs appris il y a quelques jours (et je ne m’attendais pas à un tel timing, décidément !) que le duo de juges-arbitres a obtenu gain de cause au tribunal, et que France TV a été tenue de leur verser des indemnités assez copieuses. Donc au final, même s’il y avait aussi peut-être un motif économique derrière ce licenciement, il aura sans doute coûté plus cher au groupe qu’autre chose. Il y a une leçon à en tirer, là, non ?
En outre, quelque chose qui a dû aider France TV à faire des économies à ce moment-là, c’est aussi le fait que le jeu n’eut désormais plus eu droit à une diffusion quotidienne, et dut se contenter d’une programmation bi-hebdomadaire le week-end. Pour laisser place en semaine à la nouveauté Duels en familles (parce qu’apparemment, France 3 trouvait anormal que Cyril Féraud n’ait dû se contenter que d’un seul jeu quotidien depuis l’arrêt de Personne n’y avait pensé, et voulait corriger ça, j’imagine).
Alors, je disais plus haut que, oui, il fallait bien que de nouveaux concepts puissent avoir leur chance ; mais là, ce n’est pas juste une rétrogradation dans l’horaire de diffusion, c’est carrément la fréquence de DCDL qui s’est retrouvée drastiquement réduite, alors que le concept est clairement adapté à de la quotidienne. Et, personnellement, même si je ne déteste pas Duels en famille, je le trouve néanmoins plutôt en-deçà des autres programmes de l’après-midi jeux que France 3 avait proposé jusqu’alors ; bref, pas vraiment de quoi lui laisser carrément la place.
Le pire, c’est quand la communication essaie de faire passer la pilule, en arguant que le week-end offre une meilleure exposition au programme qu’en semaine… mais c’est complètement idiot : avec ce genre de logique, Duels en famille aurait très bien pu être programmé le week-end pour lui offrir une « meilleure exposition », dans ce cas…
Par conséquent, le jeu n’a pas trouvé son public avec cette nouvelle case (oh ben tiens, comme c’est étonnant… en même temps, c’est pas comme si on avait prévenu…), et a survécu deux ans de plus avant d’être finalement assassiné arrêté pour la rentrée 2024.
Mais le plus insultant, c’est de savoir par quoi il a été remplacé. Parce que ce n’est même pas par un nouveau jeu comme Duels en famille ; mais par… Le jeu des 1000 euros. Dont la version TV avait été lancée un an plus tôt ; mais uniquement le samedi, et sans remplacer l’une des deux diffusions du week-end. Alors qu’à partir de la rentrée 2024, il en prend carrément la place.
Et c’était très clairement la pire insulte qu’on pouvait faire à DCDL pour justifier son arrêt ; et pas seulement à cause de la bien piètre opinion que j’avais déjà de ce truc. Parce que c’est bien beau d’accuser DCDL d’être un format vieillissant ; mais l’excuse du format vieillissant ne tient plus une seule seconde, étant donné que LJDME adapte le plus ancien jeu radiophonique du PAF, qui a même été créé avant DCDL ! Mais là, bizarrement, cet aspect-là ne choque pas les décideurs ! Hypocrisie, ton nom est France 3.
Et, franchement, quitte à conserver un format « old-school » ; pour moi, il n’y a pas photo, DCDL l’aurait 1000 fois plus mérité que LJDME. Outre le fait que je trouve la version TV de LJDME particulièrement inepte (je vous renvoie à ma critique du jeu pour plus de détails…), c’est surtout un jeu de culture générale lambda qui n’a strictement aucune plus-value par rapport à ce qui se fait d’autre dans le même genre (même le fait de proposer des questions écrites par les spectateurs, qu’on retrouve désormais dans plusieurs autres jeux… dont justement DCDL…) ; alors que DCDL continuait à avoir ses propres spécificités intemporelles dont très peu d’autres jeux peuvent se targuer (Compte est bon, temps de réflexion posés…).
Et déjà que la pile de défauts que je trouvais à LJDME ne faisait que s’agrandir, si je dois en plus rajouter « Fossoyeur de DCDL » à son sommet… faut pas s’étonner que ce jeu m’énerve de plus en plus juste de par son existence, et que ma critique en ait été particulièrement poivrée.
Et si ça s’arrêtait là… vu que depuis la rentrée 2025, Questions pour un champion commence également à avoir droit au même traitement, avec la rétrogradation au week-end (qui précèdera une déprogrammation pure et simple peu de temps après, très certainement…) ; bref, tout cela ne fait que confirmer mon exécration de la décennie 2020 en ce qui concerne le traitement qu’elle fait des jeux de day-time (même si dans le cas de QPUC, l’argument budgétaire paraît plus crédible, vu qu’il n’y a plus que deux jeux de fin d’après-midi du lundi au dimanche depuis la rentrée 2025).
BREF. Vous aurez compris que la considération qu’a eue France 3 pour DCDL depuis 2022 m’a particulièrement irrité.
Et c’est d’autant plus dommage que je trouve que le jeu avait su se moderniser et se diversifier au fil du temps, arrivant à justifier son existence à l’antenne même 50 ans plus tard.
Et j’en veux pour preuve la version 2016-2022, qui témoigne selon moi de ce que le jeu a pu être à son meilleur potentiel ; et dont je vais parler tout de suite.
Version 2016-2022
À partir de 2016, l’émission va connaître une restructuration plus profonde.
En effet, alors que le jeu n’avait pas de structure particulière jusqu’à présent, et reposait exclusivement sur une alternance de tirages de chiffres et de lettres (avec un ou deux duels par-ci par-là), cette fois-ci, une partie complète va se dérouler ainsi :
- Le Sésame, manche introductive (dont je reparlerai plus en détail en parlant de la finale) ;
- Le compte est bon/Le mot le plus long, qui vont constituer la manche 1 ;
- Les Duels, qui vont constituer la manche 2 ;
- Les Mots de la fin, qui vont constituer une finale individuelle (à laquelle le candidat qui aura accumulé le plus de points va participer).
En fait, c’est assez amusant ; parce qu’hormis Les mots de la fin (qui ont un concept inédit), tout le reste existait déjà auparavant. Le Sésame lui-même n’est d’ailleurs pas vraiment une nouveauté, dans la mesure où son principe reprend celui des Sprints finaux de la version 2011-2016 (i.e. un tirage de chiffres ou de lettres qui se joue au buzzer, à la manière un duel) ; quant au reste, ça se passe de commentaires.
Et pourtant, rien que le fait d’avoir structuré tout ça différemment apporte une certaine bouffée d’oxygène et un certain sentiment de renouveau. On n’a effectivement plus cette impression de monotonie qu’on pouvait avoir jusqu’alors, avec cette stricte alternance de tirages de chiffres et de lettres (ponctuée par une mini-salve de duels ou deux) ; mais on a davantage le ressenti d’un jeu plus structuré, avec des phases davantage identifiées et identifiables.
Et l’impression de monotonie est également grandement atténuée par d’autres éléments, sur lesquels on va revenir.
En revanche, avant de poursuivre, je me dois néanmoins de parler de ce qui constitue la plus grosse régression par rapport à la version 2011 : à savoir l’abandon de la stricte équité chiffres/lettres, au profit de la partie lettres.
Clairement, on sent que la production a été davantage inspirée par le côté « lettres » que le côté « chiffres » ; car, au final, quasiment toutes les nouveautés, mineures comme majeures, concernent les lettres.
Et puis, surtout, quand on a une finale qui s’appelle littéralement « Les mots de la fin », la messe est dite… là, pour le coup, c’est même d’autant plus injuste pour les fans de chiffres, vu que c’est une partie exclusivement composée de tirages de lettres qui va permettre de remporter de l’argent.
Bon, après, est-ce que ça constitue un défaut pour autant… ça dépend comment on voit l’émission. Après tout, durant un peu plus de 90% de son existence, les lettres ont toujours été davantage valorisées que les chiffres ; et on peut se dire que ce n’était finalement pas si gênant que ça. D’autant plus que, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, il était plus simple d’imaginer des concepts dérivés au sujet des lettres que des chiffres.
Et au final, assez paradoxalement, c’est la réintroduction de ce déséquilibre qui permet de renforcer la diversité des différents concepts mis en avant dans l’émission. Donc… pour ma part, je considère que c’est un mal pour un bien.
Et avant de détailler ces différentes manches, précisons également que le système de champion a évolué.
Il est toujours limité à 10 victoires consécutives ; mais, désormais, il n’y a plus de matches aller-retour, et le gain du champion est constitué par sa performance en finale.
Manche 1 : Le compte est bon / Le mot le plus long
Désormais, les tirages classiques de chiffres et de lettres sont réservés à cette première manche. Ce qui donne l’impression que leur exposition s’en retrouve réduite, vu qu’ils prennent proportionnellement moins de place au sein de la partie… et, selon les années, c’est effectivement le cas.
En fait, de l’introduction de la formule en 2016 au 8 janvier 2018, et à partir du 25 janvier 2021, on a une alternance stricte de 5 tirages de chiffres et 5 tirages de lettres ; mais entre les deux, il n’y en a que 4 de chaque. Le coupable ? Personne n’y avait pensé, qui a été diffusé à ce moment-là ; et qui devait durer plus longtemps que Harry qui le précédait, puisqu’il a imposé à DCDL une réduction de la durée de jeu à 28 minutes. Décidément, même avant que Duels en familles n’arrive, Cyril Féraud prenait beaucoup de place durant l’après-midi jeux…
Bon, cela dit, au global, on reste sur un nombre total de tirages (Sésame, Duels et Mots de la fin inclus) équivalent voire supérieur à 2011 ; et ce, même en prenant en compte le raccourcissement forcé dû à PNYAP.
Dans l’ensemble, ce sont les tirages de lettres classiques qui ont le plus pâti de cette nouvelle formule (là où il y en avait 8 par émission jusqu’en 2011, puis 6 jusqu’en 2016) ; mais ça reste compensé par une présence accrue du reste (sauf Compte est bon, où ça reste à peu près équivalent).
Par ailleurs, cette phase de tirages classiques a pas mal gagné en rythme par rapport aux versions précédentes, moyennant quelques ajustements sur ceux-ci.
Ainsi, pour les tirages de lettres, on n’a plus de ping-pong de « consonne – voyelle – consonne – voyelle » entre les candidats juste avant de lancer le chrono ; mais juste un candidat qui donne le nombre de voyelles qu’il souhaite avoir dans le tirage (petit détail : à partir du 30 mai 2018, il doit y en avoir entre 3 et 6 – je ne sais pas pourquoi cette précision, un candidat s’est peut-être amusé à n’en demander qu’une seule ou bien 9 pour voir ce que ça faisait…), suivi du tirage en question qui est dévoilé rapidement dans la foulée.
Quant aux chiffres, la durée de réflexion est également un peu plus réduite, en passant à 40 secondes au lieu de 45. Pour les candidats, ça ne représente pas un handicap trop conséquent, étant donné qu’ils peuvent à présent recourir à l’informatique pour gérer les calculs ; pour le public, en revanche, c’est un peu plus embêtant.
C’est d’ailleurs le seul point que je trouve dommage : le jeu perd légèrement en interactivité en réduisant les temps de réflexion, alors que l’interactivité du concept est l’un des points forts de la formule de base. Même si on n’est pas forcément des cracks en calcul, on peut aimer réfléchir en même temps sur la façon de trouver un bon compte ; et en 40 secondes seulement, c’est pas forcément évident, d’autant plus qu’on n’a pas les mêmes outils que les candidats… après, d’un autre côté, j’aime bien également quand un jeu TV assume d’avoir un niveau de jeu un peu élevé et ne cherche pas à se niveler par le bas (… du moment que ça ne révèle pas non plus de graves lacunes liées à une mécanique de jeu pas au point, n’est-ce pas Motus et NOPLP ?).
Mais bon, qu’on se rassure : même si les tirages s’enchaînent plus rapidement, on peut toujours profiter de 30 à 40 secondes de silence télévisé, avec la petite musique de fond qui va bien. Ça aurait d’ailleurs été dommage de ne plus y avoir droit.


Par ailleurs, il y a également une petite nouveauté pour les tirages de lettres.
Dans cette formule, si l’un des deux candidats trouve un mot avec le nombre de lettres maximum possible, et que son adversaire a un mot moins bon, il a la possibilité de remporter 2 points de plus. S’il y a d’autres mots possibles avec le même nombre de lettres et qu’il arrive à en citer un autre (oralement, juste après avoir validé le premier), il remporte 2 points supplémentaires ; et à partir du 7 novembre 2019, s’il a trouvé le seul mot qu’il était possible de trouver avec le maximum de lettres, il remporte les 2 points supplémentaires d’office.
Globalement, c’est une règle sur laquelle je suis assez sceptique ; car, au départ, à part creuser davantage l’écart entre les deux candidats (ou, pire, juste proposer de la nouveauté pour proposer de la nouveauté), je me suis demandé quel pouvait bien en être l’intérêt ; d’autant plus que les tirages de chiffres ne disposent pas d’une règle équivalente, ce qui pourrait tendre à là encore déséquilibrer les chiffres et les lettres…
… mais en y réfléchissant, je me suis dit qu’au contraire, ça pouvait aussi être un moyen de rééquilibrer ces deux types de tirages. Je m’explique, tout en revenant sur une règle que je n’avais pas précisée dans l’article précédent.
Depuis septembre 2010, un compte exact rapporte 10 points (et un compte approchant 7 points) ; et depuis mars 2011, si le compte exact est impossible à trouver, le compte approchant qui constitue la meilleure solution rapporte également 10 points. Bref, depuis cette date, il y a toujours la possibilité de remporter 10 points sur un tirage de chiffres.
En revanche, pour les tirages de lettres, ça reste conditionné aux possibilités du tirage… et ça reste assez rare que le 10 lettres soit possible ; donc les candidats marquaient rarement 10 points sur ces tirages-là. De fait, je suppose que cette nouvelle règle a peut-être été conçue dans cette optique de rééquilibrage, les meilleurs tirages devant plutôt se situer en moyenne dans les 8 lettres.
Bon, après, si c’est vraiment le cas, ce n’est pas non plus une solution optimale, pour deux raisons. D’une part, car l’asymétrie avec les chiffres reste présente, puisque cette règle ne prend effet que si l’adversaire fait strictement moins bien ; alors qu’on aurait pu imaginer une solution où les candidats puissent saisir deux mots lors de leur validation au lieu d’un seul, afin que les deux puissent bénéficier des deux points bonus éventuels. Et d’autre part, car même si l’addendum de 2019 corrige une incohérence initiale (vu que le candidat ne pouvait pas marquer les 2 points bonus faute d’autre mot possible, ce qui n’était pas très juste), il en rajoute une légère autre, puisqu’il n’a pas besoin de faire un effort de réflexion supplémentaire pour marquer les 2 points de plus dans le cas précis d’une seule possibilité.
Bref, on sent que l’équilibrage parfait reste compliqué ; et c’est là qu’on voit les avantages du système de 1994 à ce niveau. Toutefois, rien de très grave non plus.
Manche 2 : Les Duels
Bien que les Duels soient apparus durant les années 2000, c’est véritablement à partir de la saison 2016 qu’ils seront mis le plus en avant.
Déjà, parce qu’on leur alloue une manche à part entière, plutôt que de les jouer en cours d’émission entre deux tirages classiques ; mais aussi car c’est cette version-là qui en proposera le plus.
En effet, alors qu’on n’en avait que 2 jusqu’en 2016 (en ne comptant pas les Sprints finaux, même si leur principe était un peu semblable), cette version-là en propose 4 ou 5, selon les années. Oui, en fait, le nombre de Duels joués dépendait des besoins de France 3 en matière de meublage d’antenne ; et si la chaîne avait besoin de faire un peu plus durer DCDL, on avait alors droit à un cinquième duel.
Dans un premier temps, les Duels proposés ont repris les principes de ceux qui existaient déjà jusqu’à présent ; avant de s’enrichir de quelques nouveaux concepts :
- Le sprint chiffres : … c’est un tirage de Compte est bon classique, si ce n’est qu’il est joué en mode duel, et qu’il faudra forcément trouver le bon compte (pas de compte approchant possible). À l’instar du Sprint final Chiffres de 2011-2016, donc.
- Le trois-en-un : une définition est affichée ainsi que les cases correspondant au mot recherché (systématiquement neuf cases pour neuf lettres), l’une d’elles étant renseignée par la lettre correspondante ; au bout de dix secondes une seconde lettre apparaît, elle aussi placée, puis une troisième au bout de vingt secondes.
- Le double sens : comme dans La roue de la fortune, deux définitions sont affichées, correspondant à un seul mot possédant deux sens distincts, ainsi que les cases correspondant au mot recherché.

Je trouve que cette phase constitue un point fort de cette nouvelle version. Pour moi, c’est clairement celle-ci qui montre que le jeu est capable de se renouveler, et de fournir de la nouveauté et de la diversité, en proposant de nouveaux concepts pouvant être joués en rotation. Et le fait de mettre davantage en avant ces Duels montre que DCDL peut aller plus loin que juste proposer une alternance de Compte est bon / Mot le plus long.
Bon, sinon, le seul petit bémol de cette diversité, c’est que ce sont surtout les lettres qui en profitent ; vu que la seule « nouveauté » au niveau des chiffres, c’est un Compte est bon joué différemment des tirages classiques. Dommage que la production n’ait pas été légèrement plus créative à ce niveau-là, par exemple avec un duel où on aurait donné un calcul avec son résultat, mais où le but aurait été de retrouver les opérations manquantes.
Au niveau du comptage des points, on a également quelques petites nouveautés.
Jusqu’en 2018, chaque duel permet de remporter 7 points ; mais par la suite, ce nombre de points a été porté à 10. J’imagine que le but était de donner là encore davantage d’importance à cette phase de jeu, et d’harmoniser le nombre de points maximal avec la première manche.
Et enfin, à partir de mars 2021, France 3 ayant besoin de meubler encore quelques minutes d’antenne suite à la suppression de PNYAP, un cinquième duel est rajouté ; et celui-ci a deux particularités.
D’une part, c’est forcément soit un Sprint chiffres, soit un Trois en un, soit un Double sens ; d’ailleurs, les deux derniers ont été créés spécialement pour cette occasion.
Et d’autre part, ils ont un enjeu modulaire. En cas de réponse donnée dans les 10 premières secondes, ils permettent de remporter 10 points ; puis 7 points en cas de réponse donnée dans les 20 premières secondes ; puis 5 points au-delà.
Euh… mouais. Quitte à rendre les enjeux un peu plus modulaires, pourquoi pas. En outre, les deux duels de lettres conçus pour correspondent plutôt bien à cette idée de modularité, avec leur simplification au fur et à mesure de l’avancée du chronomètre. Dommage toutefois que le sprint chiffres n’en bénéficie pas ; mais ça reste tout de même pas évident de trouver le bon compte en moins de 10 secondes.

La finale : Les mots de la fin
Quelque part, le nom de cette finale veut tout dire : on oublie complètement les chiffres, pour se concentrer sur des tirages de lettres exclusivement. C’est dommage, d’autant plus que cette partie de jeu-là qui va déterminer le gain final ; donc un candidat naturellement plus doué en chiffres qu’en lettres ne va pas être particulièrement avantagé… mais bon, je me suis déjà assez largement étendu sur ce problème d’équilibrage, je n’en rajouterai pas.
Néanmoins, je reconnais qu’en dehors de ce reproche, le format proposé pour cette finale est plutôt plaisant.
Le plateau va se vider, seuls resteront Laurent Romejko et le candidat ayant gagné la partie. L’animateur va lancer un chronomètre de 2 minutes, durant lequel huit tirages de lettres seront proposés chacun leur tour.
Pour chaque tirage, le candidat doit trouver un mot qui fait le nombre de lettres indiqué (de 7 à 10 lettres). Quand un mot est trouvé, le candidat gagne 100 €. Il peut passer un tirage si ça ne l’inspire pas ; et s’il propose un mot qui ne colle pas, le tirage est automatiquement passé. S’il reste du temps, on revient sur les tirages qui ont été passés par le candidat, afin qu’il puisse réfléchir à nouveau dessus.
Le candidat peut éventuellement disposer d’un joker, le Sésame, s’il l’a gagné au préalable ; pour l’utiliser, il lui suffit de prononcer « Sésame », ce qui lui permettra d’obtenir automatiquement l’une des réponses et gagner 100 €. Toutefois, il peut aussi ne pas l’utiliser lors de la finale, et gagner 100 € supplémentaires s’il parvient à faire un sans-faute (mais seulement à partir du 19 février 2018).

Je n’ai pas beaucoup parlé du Sésame jusqu’à présent, car je ne voyais pas trop comment l’introduire ; je vais m’attarder un peu dessus ici.
En tout début de match, un duel de lettres ou de chiffres est joué (selon les règles des Duels, mais avec un Mot le plus long ou un Compte est bon, sachant que dans le premier cas il faudra forcément un mot de 10 lettres, et dans le second un compte exact). Si un candidat tente une réponse et qu’elle est correcte, il remporte le Sésame ; si elle est erronée, c’est son adversaire qui le remporte ; si personne ne tente de réponse, aucun Sésame n’est attribué.
C’est une bonne façon de mettre les candidats dans le bain en début d’émission, et d’ajouter un enjeu optionnel.
Et pour revenir sur cette finale, on a une phase de jeu assez tendue pour le candidat.
Déjà, l’ambiance s’assombrit un peu, on met davantage d’emphase sur le chronomètre, une musique un peu oppressante, un candidat qui doit se concentrer de façon maximale… là, c’est difficile de trouver ce format poussiéreux en voyant ces Mots de la fin. Dans un sens, c’est presque l’apogée de ce que DCDL peut proposer en matière d’ambiance, si j’ose dire !
Et il faut dire aussi qu’à ce stade, le niveau de jeu reste assez élevé, puisqu’il faut trouver très rapidement les bons mots. Deux minutes pour un maximum de huit mots, ça laisse environ 15 secondes de temps de réflexion par mot, donc les candidats ont vraiment intérêt à être bons en anagrammes. Après, il n’est pas rare non plus que certains tirages avec des mots de 7, 8 ou 9 lettres à trouver soient complétés par des lettres moins usitées, telles que des X, Y, Q etc. ce qui peut mettre la puce à l’oreille au candidat pour savoir quelles lettres privilégier.
Toujours est-il que cette finale vient conclure l’émission en jouant encore une fois différemment sur son principe de base, et qui reflète finalement bien l’évolution du format et le chemin parcouru depuis plusieurs décennies.
Total : 16/20
La version 2016 de Des chiffres et des lettres est pour moi un excellent exemple de modernisation d’un concept qui a pris de l’âge, tout en restant fidèle à ses principes et en ne se dénaturant pas pour autant.
Même si le concept n’est plus très original à l’heure actuelle, on sent quand même tout le chemin parcouru pour faire évoluer ce qui n’était qu’un simple jeu d’anagrammes à la base, en lui rajoutant de la diversité et du rythme ; et la formule de 2016 est pour moi celle qui exploite le mieux le concept dans toute la diversité dont il est capable.
Bref, je voyais assez difficilement comment le programme pouvait être amélioré encore davantage, à moins de jouer sur des détails, ou de proposer de nouveaux formats de Duels.

Mais comme les diffuseurs voulaient encore et toujours voir ce concept évoluer, parce que ça ne leur suffisait toujours pas et qu’ils trouvaient probablement le format encore un peu trop vieillot (ou cherchaient le bon prétexte pour s’en débarrasser…), on a eu la version suivante…
Version 2022-2024
Celle-ci reprend globalement la structure de la version précédente, avec quelques ajustements.
En premier lieu, le Sésame (joué en début de partie), change de principe. On va demander aux candidats de citer le mot qui correspond à une définition et à un nombre de lettres donnés, avec des lettres qui apparaissent au fur et à mesure.
Bon, ça fait au moins un concept de plus ; en revanche, ça me donne un peu l’impression de regarder TLMASMAD… en fait, c’est l’absence d’anagramme qui me gêne un peu, là. Ça, plus le fait que ça fait encore une occasion de moins pour les chiffres de pouvoir être représentés.
Après, on va dire que ce n’est pas spécialement incohérent non plus, étant donné l’introduction des duels type Trois en un et Double sens qui reposaient sur un principe très similaire.

La première partie de jeu, composée du Mot le plus long et du Compte est bon, ne comporte aucune modification par rapport à la version précédente.
Les Duels, en revanche, voient leur enjeu être modifié. Désormais au nombre de seulement quatre, ils ont une valeur progressivement augmentée. Au début de cette formule, ils valaient respectivement 5, 10, 15 puis 20 points ; et à partir du 13 novembre 2022, les trois premiers ont valu 10 points, et le dernier 20.
Une modification qui manque de pertinence, pour moi. Honnêtement, rien ne justifie spécialement que les différents duels n’aient pas le même enjeu. C’était peut-être pour donner une impression de suspense grandissant, pour dire que rien n’est joué, et que le dernier duel peut encore changer la donne ; mais, franchement, c’est très artificiel comme façon de procéder.
Alors, certes, on avait déjà ça durant les derniers mois de la version précédente ; mais bon, ça ne concernait qu’un seul duel, avec un principe le plus souvent modulaire de surcroit, et qui au passage ne permettait pas de remporter plus de points que les autres. Donc, pour moi, ça pouvait rester encore assez raisonnable.
Mais le plus grand changement va concerner les Mots de la fin.
Le principe ne change pas ; en revanche, le candidat va jouer avec une liste de mots qui ne sera pas déterminée au hasard.
Dans un premier temps (durant les deux premiers mois de cette formule), le candidat a eu le choix entre une liste “facile” et une liste “difficile”. La différence entre les deux étant que les mots de la liste facile sont reliés à un thème donné, et que ceux de la liste difficile n’en ont pas (comme ce qui se pratiquait jusqu’ici). Bien sûr, le choix du candidat a également un impact sur ce qu’il va potentiellement gagner : ainsi, la liste facile ne permet de remporter que 50 € par mot, et la liste difficile continue à faire remporter 100 € par mot.
Bon, dans l’idée, en soi, pourquoi pas laisser le choix au candidat… mais avec des gains aussi ridicules (même pour France 3…) pour un candidat qui prend la liste facile, ça ne donne clairement pas envie de la choisir.
Et j’imagine que c’est d’ailleurs le fait que la liste facile n’a quasiment jamais été choisie qui a motivé la production à ajouter une nouvelle règle deux mois plus tard.
En effet, désormais, le candidat ne peut choisir la liste difficile que s’il remporte le Sésame en début de partie ; autrement, il doit se contenter de la facile. Mouais, franchement, on voit que ça a été forcé pour que le “choix” entre les deux listes ait un intérêt (et faire dépenser encore moins à France 3 au passage…).

Mais attendez, je n’en ai pas encore fini avec cette finale.
Car j’ai oublié de préciser un détail important, qui va concerner tout le jeu (et impacter la finale dans une certaine mesure) : le statut de champion change un peu. Bon, heureusement, ça ne va pas être pour en faire un TLMVPSP-like : le nombre de participations consécutives reste limité à 10, et le champion n’arrive pas comme une fleur aux deux tiers de l’émission.
En revanche, après sa cinquième participation, il va devoir choisir entre s’arrêter là (et repartir avec les gains qu’il a accumulés) ; ou bien continuer jusqu’à la 10ème victoire, au risque de perdre les gains accumulés au-delà de sa cinquième victoire. Ça me rappelle Questions pour un super champion, ça, avec ses 5 victoires non négociables pour que le candidat gagne quelque chose…
Bon, avant de dire que je trouve cette idée mauvaise, précisons rapidement l’impact que ça a sur la finale : au-delà de sa 5ème participation, le candidat n’a désormais plus le choix de la liste, et joue systématiquement la liste difficile. Mais en contrepartie, chaque mot vaut 150 € au lieu de 100.
Mais sinon, je n’aime vraiment pas cette refonte du système de champion…
Alors, dans l’idée, ça essaie quelque chose. Les producteurs l’ont justifié en interview : ça apporte un peu de stratégie et de “dramaturgie” (sic) au jeu.
Sauf que… franchement, qui regarde DCDL pour voir de la stratégie et de la dramaturgie ?! Avant toute chose, ce que le public veut voir, ce sont les tirages de chiffres et de lettres, pour qu’il puisse réfléchir dessus ; mais la stratégie et le drama, il s’en fiche ! On n’est pas dans Le quatrième duel !
Et puis, bon, même si ça aurait pu correspondre à d’hypothétiques attentes du public… sérieusement, vous pensez qu’avec des gains aussi ridicules que ceux proposés, le public va se sentir davantage impliqué dans ce qu’il regarde ? Ça aurait pu mieux fonctionner avec des gains en jeu plus élevés ; mais avec des clopinettes, on s’en fout un peu…
De fait, au lieu d’enrichir le jeu comme l’a fait la refonte de 2016, cette refonte du système de participation le rend surtout inutilement sophistiqué pour pas grand-chose, je trouve…
Avant de terminer sur les règles, précisons également qu’il fut envisagé à un moment donné de passer les tirages de lettres à 11 lettres. Initialement annoncé lors de la rentrée 2022, ça a été retardé pour des “raisons techniques”, pour que ça finisse tout simplement par être annulé.
Et heureusement que ça n’a jamais pu être fait. A l’instar de Motus, augmenter le nombre de lettres constamment pour apporter de la nouveauté aurait fini par ne plus fonctionner, car ça aurait rendu le jeu plus illisible qu’autre chose. Les mots de 10 lettres étaient déjà un maximum raisonnable.
Enfin, pour parler rapidement de l’animation, là aussi on régresse un peu.
Bon, je n’ai rien de particulier à dire sur Stéphane Crosnier et Blandine Maire, qui assurent plutôt bien le job (à part peut-être le fait qu’il ait fallu s’habituer au timbre de voix un peu déroutant au premier abord de cette seconde).
En revanche, on sent qu’on perd tout de même le sentiment d’alchimie qu’on avait auparavant. Ce qui n’est pas aidé par la nouvelle disposition “symétrique” des animateurs, avec les deux qui sont de part et d’autre du plateau, laissant Laurent Romejko en plein milieu, et donnant l’impression que ce dernier n’était pas très à l’aise avec cette position centrale.

Total : 13/20
Bon, sans grande surprise, cette dernière version du programme était assez décevante en comparaison de la précédente ; avec des nouveautés finalement assez dispensables, et qui n’apportent globalement pas grand-chose à ce que la formule de 2016-2022 avait instauré. Certes, elles n’ont pas rendu le jeu affreux pour autant, ni n’ont gâché son intérêt principal ; mais elles ont montré que c’était finalement contre-productif de faire de la nouveauté juste pour faire de la nouveauté.
Mais franchement, je n’en veux aucunement à la production de l’émission pour ça. Même si j’aurais adoré qu’elle envoie balader la direction des programmes de France 3, s’il y a bel et bien un unique responsable de ce gâchis, ce sont les décideurs. En effet, ce sont eux qui ont cherché un énième prétexte pour accuser le format d’être vieillot, en demandant une nouvelle version coûte que coûte… alors qu’au bout d’un moment, ça devient une volonté de faire évoluer le programme juste pour le faire évoluer, sans que ça n’apporte véritablement quelque chose d’intéressant et de pertinent, à l’image de ce que N’oubliez pas les paroles avait tenté en 2011.
Dans ces circonstances, vouloir rajouter des nouveautés au format de 2016, qui était déjà arrivé à maturité, ne pouvait que l’entraîner vers la voie du pourrissement… mais c’était très probablement ce que voulait faire la direction de France TV à ce moment-là. Quand on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage, comme on dit…
Merci Patrice !
Si la programmation régulière de DCDL n’a pas eu droit à une vraie fin (compte tenu de la décision brutale de France 3 d’arrêter le programme, n’en laissant pas l’occasion…), il était en revanche prévu de quand même tourner une « vraie » dernière émission, en prime-time, afin que le programme puisse tout de même quitter les ondes avec les honneurs.
Mais le décès de Patrice Laffont, survenu entre temps, a chamboulé ce qui était prévu initialement. De fait, cette dernière de DCDL est devenue par la même occasion une émission spéciale en hommage à Patrice Laffont ; et aura été renommée « Merci Patrice ! ».
Bon, le problème de ce prime, c’est qu’avec son enjeu hybride, forcément, l’hommage à DCDL aura été un peu moins marqué ; malgré les magnétos consacrés à DCDL plus nombreux que pour les autres émissions associées à Patrice Laffont (en particulier Pyramide et Fort Boyard).
En particulier, j’ai vraiment trouvé dommage qu’il n’ait quasiment pas été fait mention du prédécesseur Le mot le plus long, et que certaines figures emblématiques de l’émission comme Yvette Plailly ou Max Favalelli aient été à peine mentionnées. Le problème, c’est que synthétiser 52 ans d’émission (+ 5 ans du Mot le plus long, dont je trouve que ça aurait été intéressant d’y faire mention) en un seul prime partagé avec l’hommage à Patrice Laffont, c’était prendre le risque de faire un hommage à l’émission très expéditif, trop pour ce qu’elle était.
En outre, la partie « jeu » s’en retrouvait, elle aussi, très réduite, avec une « émission » assez expéditive en fin de prime avec trois champions de l’émission (et Stéphane Crosnier et Blandine Maire qui auront dû patienter pendant tout ce temps pour une quinzaine de minutes d’antenne), consistant en quelques poignées de Compte est bon, Mot le plus long, quatre Duels et un Mots de la fin. Alors qu’initialement, de ce que j’avais compris, l’idée était plutôt de mettre cette partie « jeu » davantage en avant.
Pour l’hommage à DCDL, idéalement, je pense qu’il aurait fallu faire comme Motus, avec une série d’émissions programmées normalement, qui auraient mêlé du jeu et des séquences sur l’émission. Si seulement France 3 n’avait pas annoncé brutalement la déprogrammation, ça aurait pu laisser le temps d’en faire…
Mais même si je parais râleur… oui, je comprends très bien que leurs plans ont dû être revus un peu à la dernière minute ; et évidemment que Patrice Laffont méritait une émission hommage, au vu de son immense carrière télévisuelle. D’ailleurs, je connais certaines personnes qui ont justement trouvé que DCDL était un peu trop mis en avant par rapport à tout ce qu’avait fait Patrice Laffont par ailleurs ; comme quoi, l’enjeu hybride était difficile à gérer, quoi qu’il arrive.
Et à ce niveau-là, cette émission m’a fait très plaisir, et m’a plongé dans un sentiment de nostalgie très profond. En particulier car en dehors de DCDL, Pyramide et les glorieuses années 90 de Fort Boyard ont également eu droit à des magnétos, et à des invités qui m’ont replongé 20 à 25 ans en arrière. Sophie Davant, Cendrine Dominguez, Marie-France Brière, Marie-Ange Nardi, Laurent Broomhead (qui avait d’ailleurs fait sa première apparition télévisuelle en tant que candidat de DCDL !), Claire Gautraud, Jérôme Tichit, Néfertiti… et d’autres en rapport avec d’autres émissions ou aspects de la carrière de Patrice Laffont, comme Thierry Beccaro.
Et puis je retiens également l’émotion très palpable de Laurent Romejko, qui a dû porter la soirée alors qu’il semblait vraiment au bord des larmes au démarrage du prime.
En fait, quelque part, cette émission m’a vraiment donné l’impression qu’une page s’était tournée. Pas seulement celle de DCDL, mais aussi de tout un pan de ma « vie » de téléludophile.
En revoyant tous ces invités que j’avais connu dans un contexte particulier à l’époque, je me suis dit que, depuis le temps, ils avaient forcément dû passer à autre chose ; mais qu’ils ont tout de même gardé en eux des souvenirs marquants, qui montrent que même si ces moments sont désormais terminés, ils font partie d’eux.
Et je pense que moi aussi, il a fallu que j’apprenne également à dire au revoir à tous ces moments-là, qui n’auront pas toujours réussi à trouver leurs dignes successeurs ; mais, dans un sens, la vie continue. L’aventure DCDL se termine ; mais j’espère pouvoir assister à une autre aventure aussi prenante à l’avenir. Peut-être pas télévisuellement cela dit, vu qu’à ce sujet les années 2020 sont plutôt tristounes… mais après tout, il n’y a pas que la TV dans la vie.

Conclusion
Bon, je sais qu’au fil du temps, Des chiffres et des lettres était sans doute devenu aux yeux de certains le programme rassurant qui reste en fond de grille, qu’on ne regarde plus forcément (faute de temps, de motivation, ou de créneau horaire favorable), mais dont on aimait savoir qu’il était toujours là ; parce que dans un PAF en perpétuelle mutation, on aime bien avoir des points de repère.
Mais même s’il n’était plus autant regardé, son absence va tout de même constituer un manque. D’une part, parce qu’il fait partie de ces jeux dont on n’en fait plus des comme ça, avec une ambiance plus posée et des silences télévisuels assumés ; et d’autre part, car en dépit d’un concept imaginé dans les années 70, celui-ci restait assez intemporel, et même relativement unique sur les bords. À nouveau, les jeux qui permettent de tester le calcul et la logique mathématique ne sont pas du tout légion, et ceux qui l’ont fait comme DCDL sont encore moins nombreux.
En outre, en plus de 50 ans, on a tout de même eu l’occasion de voir que le programme avait tout de même su évoluer pour continuer à justifier sa place au sein du PAF, quitte à bouleverser un peu plus sa formule lorsque ça devenait nécessaire. Bon, sur la fin, ce n’est pas vraiment allé dans le bon sens ; mais à nouveau, on sentait que le diffuseur cherchait à trouver le prétexte pour s’en débarrasser, donc je ne préfère pas trop retenir les deux dernières saisons à ce niveau-là.
Avant de terminer, signalons toutefois qu’en dépit de sa mise à la poubelle par France 3, un autre diffuseur s’était montré intéressé pour récupérer le format. Ce qui m’a, au premier abord, beaucoup surpris, ce programme étant très ancré dans le service public ; donc si France TV n’en voulait plus, je ne voyais honnêtement pas quel diffuseur privé aurait voulu le récupérer. Mais ce diffuseur a bien existé ; et il s’agissait de… C8.
Et honnêtement, ce n’est pas plus mal que ça n’ait pas été concrétisé. Certes, ça aurait permis à un très bon concept de perdurer, et à C8 d’avoir une programmation soudainement un peu plus qualitative (encore que, la production aurait été a priori confiée à Hanouna, donc ma confiance aurait été toute relative…) ; en revanche, j’aurais été vraiment dérangé par l’opportunisme de la chaîne.
Étant donné que j’ai une piètre considération des chaînes gratuites du groupe Canal depuis la mainmise de Bolloré dessus, avec une image très conservatrice (pour rester poli) qui rend ces chaînes assez nocives à mon sens, ça m’aurait vraiment ennuyé qu’un programme aussi qualitatif que DCDL ne serve à redorer leur blason, tout en surfant sur le mécontentement du public de France 3 (qui n’aurait pas été autant remonté si la chaîne n’y était pas allée au bulldozer pour se débarrasser du programme et de ses incarnations historiques). France 3 qui, pour le coup, a succombé à l’extrême inverse, avec un jeunisme exacerbé, et à qui je continue d’en vouloir pour cette mentalité.
Et, oui, c’est quand même dingue que j’en vienne à parler “politique” au sujet d’un jeu aussi inoffensif que DCDL… toutefois, je n’ai pas été le seul, Florence Jammot (fille du créateur du jeu, Armand Jammot) ayant elle aussi sévèrement critiqué le positionnement de C8 et de son principal actionnaire, ainsi qu’un tel transfert éventuel.
Mais bon, de toute façon, on n’aura pas fait de plans sur la comète bien longtemps ; puisque non seulement l’idée n’aura plus été évoquée après la réponse de Florence Jammot ; mais, de plus, C8 perdra son autorisation d’émettre sur la TNT quelques mois plus tard, entraînant la fermeture pure et simple de la chaîne.
Cela dit, nonobstant mon coup de gueule : si, par le plus grand des hasards, DCDL venait à revenir sur le PAF, je ne serais clairement pas contre, vu les qualités du format. En revanche, certainement pas à n’importe quel prix. Je préfère faire mon deuil du programme sereinement, plutôt que d’en voir le cadavre agité comme une marionnette par un diffuseur qui l’aurait récupéré par opportunisme.
Et c’est sur cette dernière note que ce chapitre sur Des chiffres et des lettres se termine ; signant ainsi ma 150ème critique sur ce blog. Et, clairement, je n’avais pas choisi ce numéro par hasard pour parler de ce jeu-là, tant il m’a semblé symbolique à bien des égards.
À ce stade, je dois d’ailleurs dire que j’ai finalement atteint un objectif que je m’étais fixé ; et que j’ai eu l’occasion de traiter la grande majorité des jeux qui m’intéressaient le plus. Je ne compte cependant pas m’arrêter là, puisqu’il me reste encore pas mal de concepts dont j’aimerais parler, et sans doute d’autres découvertes à faire (nouvelles sorties, jeux anglophones, jeux d’aventure, formats Twitch…) ; mais en tous les cas, je reste très content d’avoir pu aller aussi loin.
Bon, en revanche, pour la prochaine fois, j’espère que le jeu sur lequel je vais me pencher à nouveau daignera enfin évoluer dans le bon sens ; parce qu’en près de 20 ans, il n’a toujours pas su le faire…
