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#112 – Fa si la chanter

Ah, les jeux de blind-test… un genre pour lequel il m’aura quand même fallu attendre 111 critiques pour finalement m’attarder dessus, alors qu’il a quand même eu plusieurs représentants (non, la séquence de Joker sortie de nulle part ne compte pas).
En fait, ce n’est pas que ce genre de jeu ne m’attire pas ; mais plutôt que ce n’était pas celui qui m’aurait le plus inspiré pour en faire une critique a priori. Car, même si reconnaître des chansons à l’oreille est un concept plutôt intemporel et indémodable, c’est aussi un concept dont j’ai un peu de mal à voir comment on aurait pu le rendre spécialement élaboré. Ca reste un moyen efficace de faire du divertissement, surtout en y mettant les formes avec un orchestre, comme le font N’oubliez pas les paroles et le jeu qu’on va traiter aujourd’hui ; mais à part dire “Quel est le titre et/ou l’interprète de cette chanson ?”, je ne voyais pas trop comment on pouvait s’amuser avec encore davantage. Là où le concept de NOPLP m’a nettement plus inspiré, en témoignent mes trois articles à ce sujet publiés depuis belle lurette.
De fait, en dépit de son statut culte, je ne me sentais pas trop de faire un article sur Fa si la chanter à une certaine époque. Et pourtant… déjà, sur l’historique du jeu, il y aurait de quoi raconter pas mal de choses.

Commençons par aller aux États-Unis, où, en 1952, un format radiophonique nommé Name that tune (littéralement, “Nommez cet air” – oui, c’est tout aussi rentre-dedans que le titre de Trouvez l’intrus, mais au moins ça a été imaginé 64 ans plus tôt) prend forme. Un an plus tard, ce format devient télévisuel, et va durer jusqu’en 1959.
Toutefois, l’histoire de Name that tune ne s’est pas arrêtée là. En effet, il a été relancé à trois reprises : en 1974 (pour sept saisons), 1984 (pour une saison), et en… 2021, avec une diffusion qui continue toujours aujourd’hui ! Oui, il n’y a pas que par chez nous qu’on aime piocher dans les vieux formats déjà remakés pour faire du neuf (hein, M6 qui ne fait que ça depuis 2024 ?).
En revanche, par chez nous, on aura pris notre temps pour l’importer. Enfin, “on” ; Guy Lux, plutôt. Ainsi, il aura fallu attendre 1994 pour que le concept de Name that tune n’arrive sur France 3, à 20h10, sous le nom Fa si la chanter, et présenté par Pascal Brunner. Le jeu aura été un succès, et aura même été récompensé pour ses émissions spéciales par un 7 d’or en 1997 (oui, seulement les spéciales… on y reviendra).

Mais les succès n’étant pas éternels, en 1998, alors que France 3 envisage de rétrograder le jeu en fond de grille en raison de ses audiences déclinantes, Pascal Brunner s’y oppose ; ce qui mettra (temporairement) fin au jeu, et poussera l’animateur à (temporairement) tenter sa chance chez TF1 .
Finalement, comme l’herbe n’était pas plus verte sur la chaîne d’à côté, et comme France 3 n’avait pas réussi à trouver de remplaçant au programme, les deux auront tenté un retour en avril 1999, sur le créneau d’origine, avec une formule remaniée… mais qui n’aura pas fait d’étincelles, et qui se sera arrêtée un an plus tard.
Enfin, comme ce jeu a été présent dans Le marathon des jeux TV, il a eu droit à son remake officiel par la suite, à l’instar de tous les autres jeux qui y avaient été présents. Et, à l’instar des remakes de L’académie des 9, il n’aura pas fonctionné. La dernière version de Fa si la chanter fut alors diffusée en 2010, dans un premier temps le samedi soir à 20h10, avec une diffusion supplémentaire le dimanche soir à la même heure deux mois plus tard, pour finalement n’être diffusée que le dimanche soir pendant l’été 2010, avant de prendre définitivement fin à la rentrée. France 3 aura essayé, au moins…

Bref. Finalement, alors que je craignais d’être victime de l’angoisse de la page blanche, je me suis retrouvé avec suffisamment de matériel pour alimenter au moins deux articles, afin de pouvoir couvrir les différentes versions.
En revanche, mon organisation à ce sujet va être un peu inhabituelle ; car ce premier article portera sur la version originale de 1994-1998, ainsi que sur la version… 2010. En sautant donc la version 1999-2000.
Ca peut paraître étrange ; mais, d’une part, je ne me sentais pas de faire un article à part entière sur la version 2010, compte tenu de son intérêt assez relatif par rapport aux autres ; et, d’autre part, cette version-là se rapprochait davantage de la version 1994 que de la version 1999. En outre, vu que cette version 2010 reprenait le titre d’origine de l’émission (là où la version 1999 a cherché à s’appeler autrement), on sentait clairement la volonté de revenir aux sources. Donc, thématiquement parlant, ça m’a semblé plus logique de traiter la version 2010 dans la foulée de la version 1994.
Ainsi, je précise donc que, pour cet article, je parlerai par défaut de la version 1994. La version 1999 aura droit à son article à part la prochaine fois ; et je parlerai de la version 2010 (et de ses différences avec la version 1994) dans le dernier paragraphe.

Manche 1 : La portée musicale

Trois candidats doivent découvrir une énigme, sous la forme d’un titre d’une chanson française, à partir d’une portée musicale sur laquelle apparaissent des notes numérotées. Le candidat qui mène (ou en début de partie, le vainqueur de la précédente émission dans la limite de cinq participations) choisit une de ces notes. Un indice verbal est alors donné tandis que l’orchestre joue un extrait musical et chantonné par deux choristes de la chanson à découvrir. Pendant dix secondes, les joueurs auront alors la possibilité de buzzer dès que l’un d’eux pense avoir identifié correctement le morceau au mot près. Si c’est incorrect, il se retrouve dans l’incapacité de faire une nouvelle proposition tandis que l’extrait est rejoué pour les participants encore en jeu. En cas de bonne réponse, le candidat remporte un point.
Que le titre ait été trouvé ou non, la note choisie se retourne afin de révéler une lettre. Celle-ci complètera la grille autant de fois que la lettre est présente dans l’énigme.
Si le participant ayant trouvé le titre pense avoir résolu l’énigme, il peut faire une proposition (selon les périodes, trois points peuvent être requis). Un point est retiré en cas d’erreur ; mais cinq points sont remportés si l’énigme est résolue.
Dans le cas où le joueur ne tente pas l’énigme ou commet une erreur, il aura la possibilité de choisir la prochaine note pour le titre suivant. Si personne n’a trouvé l’extrait précédent, c’est au joueur ayant eu la main pour choisir qui décide de la prochaine note.
À tout moment, un candidat peut tomber sur l’unique note renfermant un bonus (elle se met à clignoter en jaune brièvement et un jingle sous forme de fanfare est joué), permettant d’avoir le privilège de deviner seul le prochain extrait sans que ces adversaires puissent buzzer (sauf s’il commet une erreur).
La manche se termine dès la résolution de l’énigme, le participant ayant réalisé le moins bon score est éliminé et repart avec un lot de consolation tandis que les égalités sont départagées par un extrait impliquant uniquement les joueurs en ballotage.

En gros, c’est le principe des énigmes de La roue de la fortune ; mais avec les lancers de roue remplacés par des extraits musicaux à reconnaître, et les lettres directement dévoilées.
Je vous avoue que ça m’a un peu surpris de voir le jeu démarrer directement sur cette manche-là ; en effet, je me serais plutôt attendu à une manche de sélection un peu plus “classique”, qui se serait principalement contentée de présenter le concept fil rouge du jeu (à savoir le blind-test) ; comme l’avait d’ailleurs fait Le marathon des jeux TV dans sa seconde émission, ainsi que la version 2010 (on y reviendra). Mais pourquoi pas !

Sinon, le concept reste efficace en soi ; mais je trouve qu’il aurait mérité de durer un peu plus longtemps que juste une fois, ou de voir les scores obtenus à l’issue de celui-ci être cumulés avec ceux d’une autre manche.
En effet, il reste un peu tributaire de la facilité de résoudre l’énigme ; et, comme il n’y en a qu’une seule, tout se joue donc uniquement sur celle-ci. Et si elle peut être résolue en seulement deux ou trois notes dévoilées, ça rend l’élimination du dernier candidat potentiellement très expéditive. Et on en reparlera pour la version 2010, où ça se fera potentiellement encore plus ressentir…

Là, par exemple, pour moi, c’est évident, pas besoin d’une lettre supplémentaire.
Ca me fait d’ailleurs un peu marrer que le jeu audiotel soit plus difficile (pour une fois !). Sincèrement, à moins qu’il n’y ait une faute dans le titre, je n’ai aucune idée de ce que c’est.

Les deux meilleurs candidats participent donc à la manche 2, qui a connu deux versions : la première, de 1994 à 1997 ; et la seconde, de 1997 à 1998.

Manche 2 : Le duel

Version 1

Le concept de cette première version est une adaptation de la manche intitulée “Bid-a-tune” de la version originale Name that tune.
Dans celle-ci, les deux joueurs doivent reconnaître des chansons selon un nombre de notes jouées au piano. Un indice verbal est d’abord donné aux deux participants.
Ensuite, le meneur au score durant la première épreuve parie un nombre de notes qu’il estime nécessaire pour reconnaître le morceau (première enchère à six ou sept notes obligatoires). Son adversaire peut alors surenchérir en donnant un nombre plus faible. Le ping-pong se poursuit, jusqu’à ce que l’un d’eux mise une seule note ou bien défie son concurrent de nommer la mélodie.
Celui qui a pris la main devra alors faire une proposition durant quelques secondes après avoir écouté la ou les note(s) jouée(s) au piano. Une bonne réponse permet de marquer un point, sinon, c’est l’adversaire qui le récupère.
La manche est en trois points gagnants.

Sur le principe, j’aime bien l’idée. De façon générale, j’apprécie d’ailleurs beaucoup les manches basées sur des enchères dans les jeux TV.
En pratique… ça dépend. Pour la manche des noms propres de Pyramide, par exemple, j’avais pu reprocher à certains thèmes d’être quelque peu inadaptés au concept, avec des réponses trouvables facilement en une seule brique. Mais c’était un problème davantage lié à l’exécution qu’au principe lui-même, d’autres thèmes se prêtant mieux à l’idée.

Dans Fa si la chanter, j’en pense un peu la même chose. Sur le papier, j’apprécie l’idée que les candidats puissent “miser” un certain nombre de notes en fonction de l’indice donné ; en pratique, ça dépend de la teneur de l’indice en question.
En effet, dans le cas de figure où l’indice en question est trop précis, ça rend carrément caduque l’idée de miser un nombre de notes pour être aiguillé vers la bonne réponse. Je me souviens par exemple, dans un épisode du Marathon des jeux TV, que l’un des indices était “Un mauvais souvenir pour Napoléon” : franchement, y a-t-il vraiment besoin d’une indication musicale pour trouver la réponse, alors qu’il suffit juste de connaître le titre de la chanson (Waterloo) ? Pire que ça, dans ce cas de figure, l’indice aide beaucoup plus que les premières notes…
Bon, là, j’ai cité un exemple externe, pas forcément représentatif de ce que proposait Fa si la chanter à l’époque. En ce qui concerne le sujet… disons que c’était un peu variable. La plupart du temps, j’ai quand même eu tendance à penser que ça restait principalement l’indice qui conditionnait la réponse du candidat, davantage que la reconnaissance de la mélodie (bon, avec une petite poignée de notes, de surcroît jouées avec un instrument différent de celui de la mélodie originale, aussi…).
De fait, j’ai eu un peu l’impression de revivre la manche 3 de la seconde version de Harry, où la trame de base du jeu (les anagrammes en bulles) devenait secondaire par rapport à ce qui aurait dû l’être (l’indice, qui prenait directement la forme d’une question). Ici, en l’occurrence, l’aspect “blind-test” qui devient un peu secondaire par rapport à l’aspect “culture musicale”.

Cela dit… est-ce vraiment gênant ? Quelque part, dans la manche 1 aussi, pour trouver la réponse à l’énigme, c’était davantage une question de culture musicale que de reconnaissance auditive.
Et, pour être franc, étant donné que je disais en introduction que je trouvais le concept du blind-test un peu limité pour être intéressant à lui seul, je ne suis pas contre le détourner un peu si ça permet d’avoir quelque chose de plus varié. De toute façon, ce ne sera clairement pas la première fois que Fa si la chanter se le permettra (on le verra notamment dans la version 1999).
Mais pour l’heure, retour au concept de base, avec la seconde version de la manche 2.

Version 2

Les deux candidats jouent à tour de rôle (le vainqueur de la première manche est prioritaire). Trois catégories sont alors proposées ; elles peuvent aussi bien concerner un genre qu’un chanteur, voire une période.
Le joueur ayant la main devra désigner la rubrique sur laquelle sera interrogé son adversaire, à travers un extrait musical joué par l’orchestre et les choristes. S’il répond correctement, il obtient un point ; sinon, il laisse le champ libre à son concurrent, qui peut alors faire une proposition pour récupérer le point (mais sans réécouter le titre).
Après cela, c’est au tour du candidat suivant de choisir la rubrique pour son adversaire ; à l’instar de la deuxième manche du Quiz des Champions (dans sa première version), seule la catégorie jouée précédemment est remplacée par une nouvelle.
A nouveau, trois points sont nécessaires pour remporter la manche.

Si on perd l’idée d’enchère que j’aimais bien dans la première version, au profit d’un principe un peu plus “classique”, je trouve néanmoins que cette seconde version a ses avantages.
En effet, ici, on a un principe davantage axé sur la reconnaissance musicale ; l’”indice” étant beaucoup plus vague, puisqu’il correspond au thème choisi. En outre, on ne perd pas non plus le côté stratégique de la première version pour autant ; en effet, j’aime bien l’idée que ce soit l’adversaire qui choisisse le thème, ce qui fait toute la différence (là où j’aurais trouvé la manche bien plus banale autrement).
Le seul reproche que je pourrais formuler ici, ce serait la mécanique au tour par tour, qui rend la manche un peu asymétrique. Ce qui était déjà le cas dans la version précédente ; mais d’une part, l’idée de l’enchère permettait de diluer un petit peu le problème, en permettant de reprendre l’ascendant un peu plus facilement en cours de route ; et, d’autre part, ici, le fait de commencer en premier n’est pas spécialement un avantage (alors que c’est le gagnant de la manche 1 qui joue en premier, donc sous-entendu le candidat le plus performant à ce stade de la partie). Et, certes, on peut tenter de “piéger” l’adversaire dès le départ… mais s’il ne se trompe jamais, quel que soit le thème qu’on lui donne, on se retrouve avec le premier candidat lésé (alors qu’il avait ironiquement un statut censé être plus avantageux).
Je pense que le mieux aurait été de faire une question préalable rapide, au buzzer, afin que celui qui y réponde puisse décider entre donner un thème à son adversaire en premier, ou s’en faire attribuer un, afin de laisser l’appréciation au candidat. Ou, tout simplement, laisser ce choix au vainqueur de la première manche.

La finale

Reprenant le principe du Golden Medley (Marathon) de Name that tune, l’unique adversaire du challenger pour la finale est une trotteuse. Le candidat devra identifier sept titres de chansons en trente secondes.
Le chronomètre est enclenché uniquement lorsque l’orchestre et les choristes jouent l’extrait (sans limite de temps) et sera stoppé chaque fois que le candidat buzzera. Après avoir appuyé, il peut soit formuler une réponse pour tenter de gagner un point, soit passer la chanson s’il doute (il aura alors la possibilité d’y revenir une fois les autres extraits joués).
Si le candidat commet la moindre erreur ou bien épuise tout son capital temps, il perd la finale ; mais aura la possibilité de retenter le voyage dans une autre émission s’il parvient jusqu’en finale. En revanche, s’il retrouve les sept extraits avant la fin du temps imparti, c’est gagné.

Ah, oui, précisons que l’habillage n’est pas très intuitif sur ce coup-là : le vert désigne la chanson en cours, le rouge les chansons déjà trouvées, et le blanc celles qui ont été passées. Je ne comprends pas trop ce choix colorimétrique, personnellement j’aurais tout permuté…

Quelque part, j’ai envie de dire qu’à l’instar d’autres jeux, cette finale est un peu la conclusion logique du concept. En effet, on a une finale individuelle, où le principal adversaire du finaliste est cette fois-ci le temps ; où on se concentre sur le cœur du jeu, à savoir la mécanique de blind-test (et le pur blind-test cette fois-ci, sans réflexion supplémentaire comme dans les autres manches) ; et où le but est de triompher de tous les titres diffusés.
Et c’est sur ce dernier point que j’ai du mal. En effet, avec sept titres à reconnaître en un temps maximal imparti, j’aurais parfaitement vu un principe semblable à celui de la finale de Slam, avec un montant garanti par chanson trouvée. Mais non : comme l’a si bien dit le regretté Pascal Brunner, c’est du tout ou rien.
Je trouve ça quand même assez sévère, compte tenu du concept. Certes, c’était également le cas dans La gym des neurones, où il fallait impérativement résoudre les six casse-têtes proposés en finale pour espérer gagner autre chose que le lot de consolation ; mais dans ce jeu-là, cette finale était basée sur des épreuves sollicitant principalement la réflexion, et ne nécessitant quasiment pas de prérequis en matière de culture générale. Je pourrais aussi citer la finale d’Avec ou sans joker, jeu cette fois-ci basé sur la culture générale ; mais qui (comme le nom du jeu l’indique) permettait de faire appel à des jokers.
Alors qu’ici, si le candidat a le malheur de ne pas connaître ne serait-ce que l’une des chansons proposées, on peut considérer la finale perdue d’office (le fait de pouvoir revenir sur les chansons déjà passées ne changeant pas grand-chose à l’équation). C’est très frustrant, compte tenu de la possibilité évidente de rendre cette finale davantage modulaire.

Bon, cela dit, je me doute qu’ils ont préféré partir sur un gros lot sous forme de voyage, car les cadeaux sponsorisés doivent coûter moins cher que de distribuer directement de l’argent…
Et sinon, oui, pour faire relativiser un peu ce côté “tout ou rien”, le jeu dispose d’un système de champion (qui, pour le coup, ne cumule pas de gains monétaires… je reconnais que c’est plutôt original), limité à 5 participations, où le finaliste peut revenir le lendemain pour tenter sa chance à nouveau. C’est mieux que rien.
D’ailleurs, pour en parler rapidement : notons que si le candidat gagne le voyage, n’a pas encore épuisé son quota de participations, et parvient de nouveau à accéder en finale, il jouera alors pour un autre type de cadeau (censé être assez cher là encore, mais moins qu’un voyage). Mouais, c’est un peu les limites du système de champion lorsque les gains ne sont pas monétaires.

Un mot sur la forme…

Dans la forme, je trouve très appréciable que le jeu ne se contente pas de diffuser des playbacks, et fasse jouer les morceaux par un orchestre présent sur place.
On a même Pascal Brunner qui se prête au jeu, en chantant les titres une fois ceux-ci trouvés ! Ce qui fait un peu bizarre dans l’idée, parce que maintenant je suis en train de m’imaginer Nagui faire de même dans N’oubliez pas les paroles… néanmoins, Pascal Brunner était un bon choix de casting à ce niveau-là ; et c’est nettement plus agréable de l’entendre chanter, par rapport à Jarry qui faisait de même dans TLMVPSP (pas dans le sens où il chante faux, mais plutôt dans le sens où ça fait partie des folâtreries qu’il a impulsées dans l’émission auxquelles je n’adhère pas du tout, TLMVPSP n’étant pas censé être un jeu musical).
Le seul petit regret que je pourrais avoir par rapport à l’orchestre, c’est sur le fait qu’il n’est pas beaucoup mis en avant. Certes, le générique le met bien à l’honneur, en montrant les musiciens jouer (et sans les montrer en train d’enfiler des déguisements hors sujet, comme dans NOPLP…) ; mais, par la suite, on a l’impression qu’ils sont surtout là pour faire leur job.
Bon, c’est probablement moi qui me suis un peu trop habitué à NOPLP (et en particulier à la version maestro, où les Zikos étaient davantage incités à interagir que dans la version solo) ; mais je trouve un peu dommage que l’animateur n’ait pas eu davantage d’interaction avec les musiciens, passé les premières minutes du programme. Je trouve que Pascal Brunner a très bien fait son job ; mais c’est dommage d’avoir un peu manqué l’occasion de faire un effet de bande semblable à celui qu’aura eu NOPLP par la suite.

D’ailleurs, en parlant du générique (de la seconde version de celui-ci, pour être plus précis) : même si ça a un peu vieilli visuellement, j’aime beaucoup l’utilisation du split screen, qui met encore davantage en avant la diversité des musiciens.

Après, je reste conscient que ça reste une opinion personnelle.
Dans un sens, ce n’est pas forcément injustifié que les musiciens ne soient pas mis davantage en avant par rapport à NOPLP : en effet, ici, on les sollicite surtout pour interpréter des extraits qui ne dureront de toute façon qu’une dizaine de secondes maximum ; là où c’est plus facile de mettre en avant les Zikos de NOPLP, les chansons étant coupées bien plus tardivement.
En outre, si l’ambiance de NOPLP me plaît, je suis conscient que, pour pas mal de téléspectateurs, ce n’est pas spécialement le cas. Certains n’ont effectivement pas trop apprécié le virage plus divertissant opéré par le programme lors de sa version maestro, dû en partie au fait que les Zikos ont été davantage mis en avant. Bon, et aussi au fait que les déguisements et les mises en scène faisaient parfois un peu too much… cela dit, le programme s’est un peu calmé dessus depuis quelques années, comme quoi ce n’était pas un prérequis.

Enfin, notons que les épisodes de Fa si la chanter sont généralement assez courts, en durant de seulement 20 à 25 minutes. Ceux de la version 1994-1998 semblaient être les plus courts (et en plus de ça, ils se permettent le luxe d’inclure un générique de 50 secondes !) ; mais les autres versions n’auront duré grosso modo que 3 à 4 minutes de plus.
Niveau rythme, ça reste donc plutôt bien géré ; mais je n’aurais pas forcément été contre prendre 5 minutes de plus pour mettre une manche supplémentaire, comme je l’avais suggéré en parlant de la manche 1.

… un autre mot sur les émissions spéciales de prime-time…

On va en parler rapidement, car elles aussi ont eu leurs petites spécificités en termes de mécanique. Eh, si ça se trouve, ce sont ces spécificités qui ont fait qu’elles ont remporté le 7 d’or, au lieu de la version classique ! … mouais, non, ça m’étonnerait.
Évidemment, c’était plutôt l’ambiance, je pense ; d’autant plus que l’émission mettait davantage les formes, à la manière d’un prime de Questions pour un champion de l’époque, avec un plateau beaucoup plus grand et cérémoniel.

Cependant, puisque je parle des formes…
Bon, inutile de le préciser : qui dit prime-time, dit durée plus conséquente, d’au moins 1h30. Et sachant que l’émission de base ne dure que 20 minutes… soit ça fait pas mal de manches de dupliquées, soit ça fait pas mal de rembourrage. Et la réponse est… les deux ; mais la seconde option se fait tout de même beaucoup ressentir.
Déjà, parce que, qui dit people, dit évidemment plus de bavardages, d’autopromos et de laisser-aller (pour ne pas dire autre chose… mouais, comme d’habitude, c’est vraiment le genre de chose dont je ne suis pas du tout fan dans ces spéciales).

Mais il n’y a pas que ça. En effet, assez régulièrement, on a également des artistes et des groupes, qui sont invités pour interpréter leurs titres, et parler de leur actualité musicale.
Ce qui n’est pas une mauvaise idée. Pour le coup, vu que ça donne lieu à des intermèdes musicaux, c’est totalement approprié pour ce genre de jeu basé sur la musique (davantage que les numéros de cirque qui entrecoupent parfois les primes de N’oubliez pas les paroles, qui sortent un peu de nulle part…).
Mieux que ça : les artistes en question interviennent juste après qu’il a fallu reconnaître leur titre. Ainsi, à la suite de la révélation de la phrase mystère où il fallait trouver « Cuisse de mouche », Pierre Perret est apparu et a commencé à chanter.
Encore mieux que ça : on profite parfois de la présence de plusieurs artistes pour les faire interagir, comme les Chanson plus bifluorée qui ont profité de la présence de Pierre Perret pour faire une parodie rapide de l’un de ses titres !

Cependant, le gros point négatif qu’engendrent ces interventions, c’est qu’elles mettent le jeu en pause… sur des durées particulièrement conséquentes, et à des moments parfois inappropriés !
Ainsi, à l’issue de la manche 1, le passage de Pierre Perret aura duré une dizaine de minutes ; et le jeu n’aura repris qu’à l’issue de celles-ci.
Bon, à la rigueur, on pourrait se dire que ça permet de ponctuer le jeu entre les différentes manches. Sauf qu’il n’y a pas qu’entre les manches que ces primes se sont permis de faire ces interventions.
En effet, ça arrive aussi qu’ils les fassent carrément en pleine manche. Ainsi, pendant la manche 2, et juste après le premier titre à reconnaître, on a eu le passage des Chanson plus bifluorée, qui aura duré une huitaine de minutes. Une huitaine de minutes pendant laquelle la manche aura été complètement mise en pause, alors qu’elle venait à peine de démarrer… limite, j’en oubliais presque qu’il était censé y avoir un jeu derrière.


Bref, l’intérêt de ces spéciales ne portait pas spécialement sur la partie « jeu », vu l’importance des interludes musicaux. Ce qui n’aura cependant pas empêché quelques ajustements de mécanique pour l’occasion.
Les manches 1 et 2 ne changent pas de principe par rapport à l’émission de base ; mais afin de s’adapter au format « tournoi », elles sont dupliquées, afin d’écrémer quelques célébrités, et d’avoir deux candidats pour la finale. On a donc droit à la phrase mystère de 2 à 4 fois, et à deux duels d’enchères.

En revanche, le principe de la finale est un peu différent, celle-ci faisant s’affronter les deux vainqueurs des duels précédents.
Le principe reste le même, avec un maximum de titres à trouver dans le temps imparti de 30 secondes (et ici, les erreurs ne sont pas éliminatoires). Mais chaque candidat a son chronomètre individuel ; et le but est tout simplement de faire le meilleur score, ou d’être le plus rapide à l’avoir atteint en cas d’égalité.
Ca semble avoir été mis en scène un peu différemment selon les primes, cela dit, même si le principe est resté peu ou prou le même. Ainsi, l’un des primes alternait les extraits à reconnaître pour les deux candidats, tandis qu’un autre faisait jouer les candidats par salve, dans des conditions (et un habillage visuel) plus proches de celles de la quotidienne.
Bon, là, au moins, avec la différence d’enjeu, je ne peux plus me plaindre du côté « tout ou rien » ! Même si la désignation du vainqueur reste finalement assez honorifique, et que le montant reversé à l’association représentée n’était pas du tout corrélé au reste de la partie.

Car, finalement, le but premier de ces primes restait bien évidemment d’être du divertissement qui y mettait les formes habituelles. D’où les people qui partent en roue libre, la forte dose de remplissage musical, ou encore cet enjeu honorifique avec une somme fixe donnée quoi qu’il arrive. Bref, si vous étiez plutôt intéressé par le côté jeu et la fluidité du concept de base, vous risquiez plutôt de vous ennuyer…
Après, pour de l’événementiel, ça fait le café ; et, finalement, ce n’est pas pour rien que le 7 d’or a été attribué pour la catégorie « Meilleur animateur d’émission de divertissement/humour », et non pour la catégorie « Meilleur animateur d’émission de jeux » (qui, pour information, avait été attribué à Pyramide cette année-là. Je ne vais certainement pas le contester.).

… et un dernier mot sur la version 2010.

Pour parler rapidement des aspects superficiels de cette version 2010 : pas grand-chose ne change par rapport à la version initiale, si ce n’est qu’on a évidemment cherché à moderniser l’habillage, le plateau et les décors.
En revanche, au niveau de l’incarnation, Pascal Brunner n’a pas repris son rôle, celui-ci étant retourné à la scène 10 ans plus tôt… et la production n’ayant, d’après ses dires, même pas cherché à le recontacter, ce qu’il aura déploré.
Cette version a donc été présentée par… Cyril Hanouna. Bon, après, je n’ai pas grand-chose à dire au sujet de son style d’animation dans ce jeu-là, certes légèrement moins poussé que Pascal Brunner (notamment, on l’entend beaucoup moins chanter), mais qui passait plutôt bien, même si ça restait assez bridé par rapport à son style habituel. Ce qui était cependant voulu, car il a dit en interview à l’époque :

Ce programme familial sera moins centré sur l’animateur comme c’était le cas avec Pascal Brunner (…) Je mettrai mes chanteurs et musiciens en valeur. Je ne suis pas là pour tirer la couverture sur moi.

Un sacré contraste par rapport à ce qu’il est devenu par la suite sur C8… comme quoi, rétrospectivement, il aurait mieux valu se contenter de Fa si la chanter. Mais sinon, pour reprendre ce qu’il a dit en interview, on sent qu’il y a en effet un léger progrès concernant la mise en avant de l’orchestre. On est encore assez loin de l’effet de bande de NOPLP version maestro, mais c’est toujours ça de pris.

Attardons-nous à présent sur les quelques modifications de mécanique.
Globalement, parmi ce qui n’a pas changé, le jeu se déroule toujours avec 3 candidats en début de partie, pendant 3 manches distinctes où on élimine à chaque fois le candidat le moins performant; hormis la finale qui se joue individuellement.
Pour le reste, on a droit à une toute nouvelle manche, et à deux autres manches dont les règles ont été légèrement remaniées en cours de route.

La manche 1 devient donc “Les extraits” ; et consiste en… une sorte de 9 points gagnants façon QPUC, mais avec seulement 3 points à gagner pour passer à la manche suivante, et toutes les questions qui valent seulement 1 point. Et quand je dis “questions”, bien sûr, on parle ici d’extraits musicaux à reconnaître.
On a d’ailleurs une petite originalité, qui, elle, évoque plutôt Questions pour un super champion (la version 2023-2024 pour être plus précis) : lorsque le premier candidat est qualifié, les scores des deux autres sont remis à zéro. Le petit twist vicieux que j’aime bien ! (bon, après, trois points, ça se rattrape vite, de toute façon)
Notons toutefois que le principe n’est pas “inédit”, puisqu’il s’agit en réalité de celui de la première manche de la version 1999 ; enfin, plus précisément, de la seconde version de cette version-là (on en reparlera dans l’article suivant).
Bon, pour le coup, c’est vraiment le genre de manche 1 auquel je m’attendais avant de découvrir la version 1994, vu qu’elle applique de la façon la plus simple possible le concept de base de l’émission. Ce qui permet donc d’introduire le concept “en douceur”, certes… mais ça aurait quand même été plus intéressant de le faire dès le départ, en 1994. En 2010, le principe de blind-test ayant été désormais bien implanté, ce n’était plus vraiment nécessaire de faire ce genre de manche introductive relativement simpliste.

Le candidat de droite a déjà ses trois points validés, d’où le pupitre qui affiche autre chose.

La manche 2 devient “Le titre mystère” ; mais reprend en réalité le principe de l’ex-manche 1, à savoir “La portée musicale”.
On a donc toujours un titre mystère caché derrière une portée, avec à chaque fois des notes qui correspondent à un titre à reconnaître, et qui permettent de prendre la main pour afficher la lettre dans la portée et tenter de formuler une proposition quand on pense l’avoir.
La différence, ici, est que cette manche ne se joue donc plus qu’à deux candidats ; mais également qu’il n’y a plus de système de points (donc plus de pénalités en cas de mauvaise proposition), et que le gagnant est donc directement celui qui trouve le titre mystère.
Ce qui va me poser quelques problèmes, car la manche devient par conséquent particulièrement binaire, là où l’ancien principe était plus modulaire avec l’attribution des points. On aurait pu faire comme pour Slam, où le fait de compléter la grille n’assure pas nécessairement la victoire, si l’adversaire a pris trop d’avance.
D’autant plus que dans Slam, au moins, on n’a presque aucune chance de pouvoir compléter la grille avec une seule lettre. Alors que là… si, selon la lettre choisie et le titre de la chanson (ou même en y allant au culot). Et, franchement, voir la manche potentiellement bâclée en une seule reconnaissance auditive… certes, la première version n’était pas à l’abri de ce problème elle non plus ; mais au moins, le fait d’être à trois candidats permettait de mettre en place un système pour départager les deux autres, ce qui aurait été un peu moins violent.

Rien qu’avec tous ces “A”, j’avais trouvé le titre de la chanson tout de suite (L’amour à la française). Le pire, c’est que je ne connaissais même pas cette chanson, j’ai juste fait des déductions en fonction de la structure de la réponse…

La finale, quant à elle, reprend le concept de la version 1994, à une petite différence près : les erreurs ne sont pas éliminatoires et comptent comme un Passe. Ce qui n’est pas une mauvaise chose, étant donné qu’on reste (malheureusement) sur un principe “tout ou rien” qui n’a pas besoin d’être sanctionné encore davantage.
Mais sinon… ben, justement, on reste toujours sur un principe “tout ou rien”, quoi…

Total : 13,5/20

Ma conclusion au sujet de la version 1994 de Fa si la chanter ne sera pas très originale : c’est une émission qui représente du bon divertissement musical, fait avec une certaine efficacité tout du long, aussi bien au niveau de la forme que du fond. Bon, certes, avec quelques éléments ça et là inhérents à chaque manche qui auraient pu être un peu plus aboutis ; mais, globalement, rien de grave non plus. C’est un format dont j’ai pu profiter sans trop me poser de questions derrière.
Si je mets un peu à part la version 2010 (qui mériterait plutôt un 12/20, à la louche), je dirais que celle-ci ne démérite pas spécialement non plus ; même si je la trouve moins créative, puisqu’elle ne fait quasiment qu’itérer la formule de base, certes en l’ajustant un petit peu et en la dotant d’une “nouvelle” manche ; mais rien de particulièrement novateur dans l’ensemble.
Je trouve même d’ailleurs un peu dommage de ne pas avoir davantage repris les idées de la version 1999, passée par là entre temps, pour étoffer un peu plus le concept.

Et puisqu’on en parle…

Une fois n’est pas coutume, un grand merci à la personne qui se reconnaîtra pour m’avoir fourni plus de détails concernant la diffusion et les règles de l’émission.

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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