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#061 – Trivial Pursuit (les adaptations américaines)

… je vous jure, je ne m’attendais pas à ce que la carrière télévisuelle du Trivial Pursuit me prenne autant d’articles pour en parler. Autant NOPLPQVGDM et Mot de passe/Pyramide, je m’y attendais, car ce sont vraiment des gros morceaux, qui ont connu un grand succès, et sur lesquels il y avait pas mal de choses à dire ; mais le Trivial Pursuit, franchement, je suis sûr que beaucoup de gens avaient complètement oublié qu’il avait été adapté en jeu télévisé.
Et pourtant, si on prend en compte les différents pays qui l’ont adapté, il y a tout de même eu un certain nombre de versions qui ont vu le jour… mais quasiment aucune d’entre elles n’a duré plus de deux ou trois ans. Celle qui s’en est le mieux sorti est la version russe, qui avait commencé en 1989 (à l’époque de l’URSS donc), et qui a tenu jusqu’en 2000… mais en fait, elle a un peu triché, car à en croire la page Wikipédia (anglaise) du jeu, elle a laissé tomber les éléments « Trivial Pursuit » en 1991 et changé ses règles par la même occasion. Donc là encore, officiellement, on était dans la moyenne de 2 ans de diffusion…

Histoire d’être un peu complet sur le sujet (enfin… en restant dans mes capacités linguistiques, donc désolé si je ne traite pas la version russe, mais je pense que vous ne m’en voudrez pas trop de toute façon…), j’ai quand même souhaité parler des principales adaptations du jeu de base outre-Atlantique. Et indirectement outre-Manche aussi, la première adaptation que je vais évoquer ayant été diffusée quasiment à l’identique aux États-Unis et au Royaume-Uni (cool, ça me fera moins de travail).
Et on va voir que les producteurs n’étaient pas à court d’idées pour adapter le jeu de société, avec des versions là encore très différentes de ce qu’on a connu…

Trivial Pursuit (1993)

… je n’ai pas d’introduction particulière, on va démarrer la description du jeu tout de suite.

On commence par une phase de sélection (appelée « Interactive game ») où 9 candidats jouent pour avoir une place dans le jeu, sachant qu’il n’y a que trois places disponibles.
Celle-ci n’a rien de bien spécial, on a une petite succession de QCM à 4 propositions de réponses, avec 10 secondes pour répondre à chaque fois. Pas de bonne réponse : pas de point ; autrement, les candidats gagnent un maximum de 1000 points, en sachant que plus ils répondent vite, plus ils ont de points.
En outre, cette phase se déroule en deux parties, la première permettant de ne garder que 6 candidats, la seconde ne conservant que les trois qui joueront après.

Bon, ça reste un moyen de sélection assez classique, qui tient plutôt bien la route… mais je trouve que le jeu aurait franchement pu se passer de ce mini-QLMG et faire jouer directement trois candidats sur le plateau. En particulier vis-à-vis du matériau de base, pour lequel cette phase de sélection sort un peu de nulle part, et nous fait attendre une bonne dizaine de minutes (pubs non comprises…) avant d’entrer dans le vif du sujet. A moins qu’il n’existe une variante que je ne connais pas du Trivial Pursuit où on fait jouer tout le monde avant de commencer pour savoir qui va jouer… mais j’en doute.
Quoique… allez, je reconnais que ça permet quand même d’établir un ordre de passage pour les trois candidats, en fonction de leur score.


Oui, pour l’instant, ça ressemble davantage à une espèce de mariage entre L’académie des 9 et Le grand concours, j’en conviens. Mais promis, on va bientôt avoir quelque chose qui ressemble davantage à du Trivial Pursuit.

Démarrons maintenant la phase qui ressemble davantage à du Trivial Pursuit.
Dans cette version, pas de plateau de jeu, on se concentre principalement sur les 6 thèmes (qui sont les classiques ici) et les questions qui vont avec.

On fait d’abord une première passe avec le premier candidat qui choisit parmi les 6 thèmes proposés ; puis l’animateur pose une question, et le candidat a quelques secondes pour tenter d’y répondre. S’il y arrive, il complète une partie de ses triangles avec la couleur correspondante ; sinon, les autres candidats peuvent buzzer pour tenter de répondre s’ils ont une idée, et tenter de compléter leurs triangles.
Ensuite, le second candidat choisit parmi les 5 thèmes restants, puis on pose une autre question sur le même modèle ; puis le troisième sur les 4 restants, etc. et on fait une seconde passe avec les 3 thèmes restants.
Puis on fait une troisième passe avec 6 nouveaux thèmes, cette fois-ci davantage libres que dans le matériau de base, et en commençant avec le candidat le plus en retard. Puis encore une nouvelle passe, etc. jusqu’à ce que le temps imparti à cette manche soit écoulé.
Certains thèmes cachent également une question Bonus, à laquelle le candidat qui arrive à répondre à la première question peut tenter de répondre à la question Bonus, et tenter de remplir le triangle de la couleur de son choix.

Pour la manche qui suit, on suit un principe similaire ; si ce n’est que cette fois-ci, le candidat qui a la main est déterminé en posant une question de rapidité, et il conserve la main tant qu’il répond correctement aux questions thématisées. S’il répond incorrectement, un autre candidat peut tenter de prendre la main.

En termes de mécanique, je n’ai pas grand-chose à redire. Je trouve la réinvention du format Trivial Pursuit plutôt pertinente, avec même moins de défauts que la première version française, puisqu’on fait jouer tous les candidats en même temps, et que le système de passage/prise de main est plus fluide et plus rotatif. En outre, j’aime également l’idée d’avoir deux triangles par couleur au lieu d’un seul, pour que cette phase de jeu ait une durée raisonnable, et pour minimiser le syndrome des questions qui ne rapportent rien lorsqu’on a déjà les triangles de la bonne couleur.


C’est un peu perturbant, mais le chiffre au milieu indique le nombre de triangles restant à remplir, et non le nombre de triangles possédés. Notons également qu’il y a donc un total de 12 triangles à obtenir (deux par couleur).


Le candidat qui a réussi à compléter ses triangles en premier part en finale.
Pour celle-ci, on plonge le plateau dans le noir, histoire de faire stresser un peu le candidat, qui disposera d’un maximum de 60 secondes pour récupérer ses 6 triangles.
Pour chaque thème, on pose une question : si la réponse est correcte, le triangle est validé ; sinon, on passe le thème, et on y revient plus tard si on a le temps.
Je n’ai pas grand-chose à dire de cette finale (pour changer), si ce n’est que son principe est plutôt bon. Il fait bien écho à celui de la fin du jeu de société, sans être trop pénalisant pour le candidat, qui a généralement le temps de revenir sur les thèmes qui l’inspiraient moins.

Total (Trivial Pursuit USA 1993) : 13/20

Globalement, je n’ai pas eu l’impression d’avoir beaucoup de choses à dire au sujet de cette adaptation du Trivial Pursuit. Elle est tout à fait correcte et passe plutôt bien (et même mieux que la version française diffusée quelques années plus tôt, si ce n’est qu’elle aurait pu être un peu plus courte non plus) ; toutefois, elle ne m’a pas fait sauter au plafond non plus, et ce n’est sans doute pas une émission que j’aurais regardée régulièrement si j’avais été un téléspectateur anglo-saxon de l’époque.
Mais finalement, on peut dire qu’elle correspond plutôt bien à ce qu’on pouvait attendre d’une adaptation du jeu de société. On y retrouve les fondamentaux, légèrement réinventés pour le jeu TV, sans y être complètement fidèles non plus. Et indépendamment du matériau de base, en tant que jeu TV à part entière, c’est un jeu de culture générale ma foi bien conçu ; certes pas forcément aussi stimulant qu’un QPUC, mais qui fait très bien le café en tant que tel.

Et je pense que c’est un meilleur compromis par rapport à l’adaptation suivante…


Trivial Pursuit : America Plays (2008)

Lancée en 2008, Trivial Pursuit: America Plays est, à ma connaissance, la dernière tentative en date (avec l’adaptation espagnole, logiquement appelée Spain Plays) d’adaptation du Trivial Pursuit en jeu TV. Tentative qui n’a pas fait long feu, puisqu’elle n’aura duré qu’une saison (de 170 épisodes quand même, mais seulement une saison).
Et… c’est sans doute celle qui se démarque le plus de son matériau de base. Trop, même. Mais commençons déjà par ce qui permet quand même de justifier cette appellation.

Déjà, on retrouve les six catégories incontournables de toute version du Trivial Pursuit qui se respecte.
Mais au niveau des thèmes abordés, c’est très variable, aussi bien par rapport au jeu de base qu’entre les différentes émissions, voire même les différentes manches.
Ainsi, la couleur bleue reste majoritairement associée à la géographie, la couleur rose au divertissement (parfois explicitement à la TV ou au cinéma), et la couleur jaune à l’Histoire et aux personnalités ; mais le violet peut aussi bien désigner les people que la musique (l’art et la littérature, c’est trop intellectuel voyons…) ; pour l’orange c’est soit les best sellers, la mode, la nourriture, ou les sports et loisirs (non mais tant qu’à faire, faites tout simplement une catégorie fourre-tout…) ; quant au vert, c’est « Whatever », c’est-à-dire… tout et n’importe quoi (donc c’est la catégorie fourre-tout, mais celle-là est « officielle » au moins).
Mouais, franchement, si c’était pour faire cet espèce d’entre-deux, on aurait tout aussi bien pu avoir des thèmes en rotation, indépendamment des couleurs, et sans être spécialement récurrents.


« Whatever ». Ca me donne l’impression que les producteurs n’en avaient pas grand-chose à faire, surtout…

D’autant plus qu’en réalité, si on ne compte pas les rappels visuels ça et là, ces six thèmes, c’est quasiment la seule chose qui rappelle vraiment le Trivial Pursuit de base… ça, plus quelques petits détails au fil du jeu.

Cependant, cette version a une particularité, car les questions y sont posées par… des spectateurs, en vidéo interposée. J’avoue que je ne m’attendais pas à trouver du Nous sommes tous des spécialistes dans une adaptation du Trivial Pursuit… bravo, vous avez réussi à me prendre un peu au dépourvu.
Et puis là, je reconnais que ça sert un peu à quelque chose, puisque chaque question à laquelle aucun candidat ne sait répondre rapportera de l’argent dans la Banque de l’Amérique (« America’s bank » en VO… oui, traduit en français, ça fait un peu bizarre), qui sera potentiellement partagée entre les différents spectateurs ayant posé une question. En revanche, si les candidats sur le plateau répondent juste, c’est la Banque du Studio (commune à tous les candidats) qui se retrouve enrichie. Donc c’est un peu plus proche de Face à la bande à ce niveau-là, en fait.
Notons par ailleurs que les questions posées peuvent valoir plus ou moins cher, selon leur difficulté estimée et selon les manches.


J’ai comme une impression de déjà-vu… enfin, façon de parler, ce jeu ayant été lancé 14 ans avant NSTDS.

La première manche fait s’affronter trois candidats, avec pour chaque question un thème déterminé au hasard. La première question se joue au buzzer ; le candidat qui trouve la réponse garde la main sur la prochaine question. C’est un système où tant qu’un candidat continue à donner les bonnes réponses, il garde la main ; en revanche, en cas de mauvaise réponse ou d’absence de réponse, ses adversaires peuvent tenter de la prendre au buzzer. Chaque bonne réponse permet de remporter l’argent associé à la question, un triangle de la couleur du thème qui portait dessus, et donc de garder la main. Trois triangles permettent à un candidat de passer à la manche 2.
En termes de mécanique, c’est correct… mais bon, ça reste assez basique. Et, honnêtement, j’ai plus l’impression de regarder un Jeopardy! inversé qu’autre chose avec cette manche ; parce que pour le côté Trivial Pursuit, c’est un peu bof bof. Même pas besoin de remplir complètement son pion, trois triangles suffisent pour le moment ; quant au côté très « libre » des thèmes, je me suis déjà exprimé dessus.
Bon, il y a quand même un point qui évoque vraiment le jeu de base : si un candidat a déjà remporté un triangle dans un thème donné, il ne pourra pas en remporter un second sur une question portant sur le même thème (il devra quand même répondre correctement à la question pour garder la main). C’est toujours ça de pris…


Ben… je vois pas trop ce que je peux dire, là…

La deuxième manche fait s’affronter les deux candidats restants ; et pour la résumer, c’est tout simplement le « Tie Break » de QPUC. Il n’est même plus question de thèmes, les questions peuvent porter sur tout et n’importe quoi, et les candidats doivent marquer 3 points pour accéder à la finale.
Là encore, ça tient la route… mais là encore, le côté « Trivial Pursuit » passe pas mal au second plan. Mince, c’est même pire que la manche précédente, puisqu’on se fout des thèmes pour cette manche-là.
On a certes toujours le pion à compléter avec les triangles visuellement ; mais à ce stade de la partie, il ne sert plus à rien de toute façon…


Pareil, on passe juste de 3 à 2 candidats…

La finale va se jouer avec le candidat ayant remporté la manche précédente, sur six questions dont la valeur sera croissante (500 $ pour la première, 1 000 $ pour la deuxième, et 1 000 $ de plus à chaque fois pour les suivantes), avec un thème prédéfini pour chaque question et les six thèmes tirés au sort au préalable.
Là encore, pour chaque question, si le candidat répond juste, il fait grossir la Banque du studio ; sinon, cet argent vient grossir la Banque de l’Amérique.
A l’issue de la dernière question, on compare le montant des deux Banques ; celle dont le montant est le plus élevé remporte la partie. En cas d’égalité, ça se joue à la mort subite. Si la Banque du studio est irrattrapable par la Banque de l’Amérique alors qu’il reste des questions non posées, le candidat peut décider de jouer cette question à quitte ou double, ce qui peut donner un côté un peu stratégique.


Pour l’instant, ça se passe bien pour le « studio ».

Bon, pour le côté « Trivial Pursuit » bof bof, je ne vais pas me répéter, je crois que vous avez compris l’idée depuis le temps.
En revanche, je reconnais qu’il y a un côté assez intéressant dans cette confrontation entre le candidat et le public, avec l’idée que seule l’une des deux parties puisse gagner. Confrontation assez originale, dans la mesure où elle ne se fait pas d’une façon semblable à un 1 contre 100, mais en laissant le public poser ses propres questions. Et je rappelle que ce jeu datait d’avant Face à la bande (qui n’est arrivé par chez nous qu’en 2014), où ce concept n’était même pas aussi poussé puisque la « bande » ne gagnait rien…
Après, je trouve néanmoins dommage que cette finale soit très linéaire, avec le candidat qui ne dispose d’aucun pouvoir de décision et qui est juste prié de répondre aux questions dans l’ordre qu’on lui donne. Ca aurait été plus intéressant de lui donner potentiellement des jokers, de le faire décider de l’ordre dans lequel les questions sont posées, de la difficulté et de l’enjeu de celles-ci, ou d’autres idées qui auraient moins donné l’impression que le candidat « subit » cette finale. J’ai déjà vu pire à ce niveau-là (genre la finale tout ou rien de Money Drop…), mais j’ai déjà vu mieux.

Total (Trivial Pursuit: America Plays) : 11/20

Si j’avais reproché au Trivial Pursuit français du début des années 2000 d’avoir été trop fidèle au matériau de base, je reprocherais clairement à ce Trivial Pursuit: America Plays de ne pas assez l’être.
Honnêtement, on aurait tout aussi bien pu retirer les références (surtout visuelles) au Trivial Pursuit, que ça n’aurait pas changé grand-chose à la mécanique de ce jeu dans l’absolu. Quelque part, j’ai même un peu l’impression qu’on lui a collé la marque « Trivial Pursuit », histoire de susciter un peu plus d’effet de curiosité, en brandissant un nom connu du grand public.
Je trouve même que ça vient un peu gâcher et éclipser les quelques idées intéressantes de ce format, qui auraient mérité d’être développées et exploitées dans un jeu à part. J’étais un peu sceptique sur le côté NSTDS/FALB, mais je reconnais que ce jeu exploite réellement les interventions des spectateurs, en en faisant des joueurs à part entière, ainsi que l’enjeu final. A mon avis, un jeu qui se serait entièrement focalisé sur cette idée-là aurait pu donner quelque chose de vraiment bon et de très rafraîchissant ; mais en l’état… ça va.


Conclusion

Pfiou ! On a enfin fini de parler du Trivial Pursuit pendant un bon moment, je pense.
Dans un sens, je reconnais que ce jeu a été une source d’inspiration plutôt prolifique pour les sociétés de production, avec des façons de l’adapter relativement variées… mais assez inégales.
L’adaptation française des années 80-90 et l’adaptation anglo-saxonne des années 90 sont clairement celles qui s’en sortent le mieux pour moi, en effectuant le bon compromis entre les codes du jeu de base et ceux du support télévisuel, et en adaptant les règles d’une façon satisfaisante ; mais à côté de ça, on a également eu droit à des plantages plus ou moins appuyés qui montrent bien ce qu’il ne faut pas faire quand on adapte un jeu de société à l’écran. En particulier, il ne faut pas être trop fidèle au matériau de base, au risque de ne lui donner aucune plus-value et d’ennuyer (ce qu’a fait la version française des années 2000) ; ni chercher à trop s’en démarquer, au risque de donner une impression quelque peu mensongère (ce qu’a fait America Plays).
Cependant, même en étant au meilleur de sa forme, le Trivial Pursuit télévisuel ne reste pas particulièrement marquant. Et pour cause : je pense que le choix du matériau de base n’était pas spécialement le plus pertinent. Alors, oui, comme le Trivial Pursuit est un jeu de culture générale, on se dit que ça en fait un jeu qu’on peut assez naturellement adapter en jeu télévisé (étant donné que le petit écran regorge de programmes qui jouent là-dessus) ; mais au-delà de ça, il n’a pas non plus une mécanique particulièrement palpitante. Son concept suffit à passer un bon moment en famille ou entre amis, mais sans plus. Donc il était difficile d’espérer davantage d’une adaptation TV, malgré tous les efforts qu’on pouvait y mettre ; d’autant plus que, parmi la légion de jeux TV qui font appel à la culture générale, c’est d’autant plus difficile de s’en démarquer.

Aussi, la prochaine fois, on va parler d’un matériau de base autrement plus stimulant, qui a de quoi promettre des adaptations un peu plus intéressantes…

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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