Pourquoi donc les années 2000 ?
Pour moi, la décennie 2000 aura été la plus prolifique en matière de jeux TV, pour une raison toute simple : la grande diversité de contenus qu’elle a pu proposer. En allant de contenus des années 90 qui ont pu perdurer encore un peu, jusqu’à des nouveautés influencées par certains nouveaux modèles venus bouleverser un peu les codes des jeux TV, en passant par des tentatives créatives parfois mal récompensées mais qui ont eu le mérite d’exister.
Commençons déjà par ce qui va (malheureusement) disparaître peu à peu : l’état d’esprit des années 90.
En effet, c’est malheureusement durant cette décennie-là qu’on va voir disparaître des jeux cultes de la période comme Pyramide, Qui est qui ?, Le Bigdil, Le juste prix (enfin… pas pour très longtemps, on y reviendra) ou encore 100% questions (comment ? Vous n’avez jamais regardé La Cinquième ? Quel dommage.) ; ou encore certains jeux comme Fort Boyard qui vont changer de formule et tourner la page de cette décennie-là.
C’est un déchirement… mais bon, on peut se dire qu’il fallait bien que le PAF évolue et se renouvelle, et qu’ils ont tout de même bénéficié d’une période de diffusion fort honorable. Et qu’on a tout de même pu en profiter encore un peu durant le début de la période des années 2000.
Au revoir, Qui est qui ?, tu vas beaucoup me manquer…
Mais bon, ce bouleversement, on le doit en partie à certains formats en particulier.
D’une part : l’avènement de la télé-réalité, Loft Story en tête. Bon, ça a effectivement pas mal chamboulé le PAF, certes ; mais son impact sur les jeux de plateau est assez moindre. Tout au plus, il a détourné le plus jeune public des autres programmes, et accentué la perte d’audience de jeux qui s’étaient installés depuis quelques années au profit de la nouveauté ; mais il n’a pas influé d’une façon particulière sur la façon dont les jeux de plateau ont été conçus. A part peut-être en accentuant le côté stupide de certains jeux de TF1, mais bon… cette chaîne n’avait pas spécialement besoin de la télé-réalité pour ça.
En revanche, ce seront surtout les jeux d’aventure qui s’en verront révolutionnés. A présent que le public s’accoutume à voir des candidats dans un format feuilletonnant, dans un contexte ne correspondant pas à leur vie quotidienne, les producteurs se sont dits que ça ouvrait de nouveaux horizons. C’est notamment comme ça que Koh-Lanta et Pékin Express ont pu voir le jour, et instaurer des compétitions s’installant sur une saison entière ; là où les jeux d’aventure plus classiques qu’on voyait jusqu’alors se cantonnaient à des épisodes indépendants les uns des autres. Et même si ça n’a pas empêché à Fort Boyard et à La carte aux trésors de continuer, on sent tout de même que Loft Story est passé par là, quand on a vu les candidats de Fort Boyard passer la nuit sur le Fort à partir de 2003… heureusement qu’ils n’ont pas poussé le vice jusqu’à y mettre une piscine pour que les candidats s’y bécotent.
Bref, à sa manière, la télé-réalité a donc impulsé des modifications sur certains programmes. D’une façon qui n’évoluera pas beaucoup par la suite d’ailleurs, les jeux d’aventure feuilletonnants continuant leur bonhomme de chemin.
Et, malheureusement, si ce genre a inspiré positivement les jeux d’aventure, il les aura également inspirés d’une façon moins glorieuse… en faisant par moments la part belle au buzz et au clash de temps à autre. Rendant ces programmes par moments loin d’être aussi agréables qu’ils ne le devraient…
Vous ne me ferez pas croire que c’est un hasard de voir les candidats vivre leur vie (ne serait-ce que pour une nuit) peu de temps après que Loft Story n’arrive…
Mais du côté des jeux de plateau, celui qui va révolutionner le genre, ce sera bien évidemment Qui veut gagner des millions ?, débarqué sur TF1 pour l’an 2000.
En effet, ce jeu va marquer le PAF, de deux façons notables :
- D’une part, de par son ambiance ;
- D’autre part, de par sa mécanique toute nouvelle, qui offre un nouvel éventail de possibilités.
Commençons par l’ambiance.
Les années 80-90 ont effectivement commencé à instaurer le concept d’ambiance dans les jeux ; mais l’ambiance qu’on y retrouvait était souvent un peu du même style, à savoir quelque chose qui se voulait décontracté, chaleureux et bon enfant.
Mais dans les années 2000, on a vu qu’un autre type d’ambiance était possible : une ambiance plus froide et plus solennelle. On aurait pu penser que ça pouvait faire fuir le public : mais en fait, non. Au contraire, c’est même ça qui a donné une certaine identité à certains jeux. Cette ambiance passait par plusieurs facteurs, plus ou moins employés selon les émissions : un plateau de jeu éclairé de façon plus sombre, avec des tons plus froids ; un habillage visuel sobre ; une bande-son conçue pour accentuer le suspense ; l’attitude de l’animateur (dont on sentait qu’il n’était pas là pour faire de la déconne), etc.
On a donc retrouvé ça bien sûr dans QVGDM ; mais aussi Le maillon faible apparu en 2001, qui cochait à peu près toutes les cases décrites ci-dessus ; ou encore Le grand concours (qui, à ses débuts, n’était pas la vaste blague qu’elle est devenue une décennie plus tard). D’une façon plus mesurée, on a pu retrouver ça dans des jeux comme Le numéro gagnant (bon, certes, Nagui est encore dans la déconne, mais en dehors, on ressent l’ambiance plus pesante et solennelle), 1 contre 100 (là encore, on sent que l’ambiance se veut moins solennelle, mais la bande son, l’habillage et les enjeux correspondent davantage à cette catégorie) ou encore Mot de passe (où je trouve que ça passe un peu moins bien d’ailleurs).
Et même certains jeux encore en place ont succombé à la tentation, avec plus ou moins de succès. Ainsi, en plus de faire dormir ses candidats en son sein, Fort Boyard a mis davantage l’accent sur le côté mystérieux et ténébreux de l’aventure, avec un habillage sobre et sombre, ainsi qu’un remix du générique accentuant le côté « danger » ; ce qui a plutôt bien fonctionné pour sa version des années 2000. Mais Le juste prix a tenté un habillage plus froid pour l’an 2000, de même que Tac-O-Tac TV qui a changé d’ambiance entre temps… et ça collait moins bien à l’état d’esprit de ces jeux-là. Ce qui montrait que cette stratégie avait tout de même ses limites…
Et bien que j’adore ce style d’ambiance, et que certains de mes jeux préférés le sont pour avoir su la maîtriser… je reconnais quand même qu’elle y est malheureusement un peu pour quelque chose dans la disparition des ambiances davantage typées 80’s-90’s, et qu’elle a pu contribuer à sa manière à effacer des jeux comme Qui est qui ? ou Pyramide qui s’y prêtaient moins.
Néanmoins, elle n’a pas complètement supplanté tous les jeux, puisqu’on va également retrouver à côté de ça pas mal de jeux avec une ambiance plus légère (façon Attention à la marche par exemple), ainsi que des jeux qui vont rester eux-mêmes, comme les indétrônables QPUC et DCDL qui ne se verront pas impactés notablement par ce genre de tendance.
Le Maillon Faible coche la plupart des cases : plateau sombre, éclairage et tons froids, musique à suspense, et, bien sûr, animatrice cassante.
Parlons à présent de la mécanique à la QVGDM.
J’en ai parlé dans mon article sur le jeu : auparavant, on avait l’habitude de jeux qui faisaient s’opposer plusieurs candidats, et pour lesquels une partie correspondait à un épisode, ni plus ni moins. QVGDM a prouvé qu’il était finalement possible d’élargir les possibilités, en ne faisant jouer qu’un seul candidat, en instaurant le concept de pyramide des gains, en faisant résider l’intérêt du jeu dans le côté stratégique des décisions qu’il est amené à prendre, et en ne faisant plus spécialement coïncider une partie avec un épisode.
De ce fait, ça a ouvert pas mal de nouvelles façons de jouer… même si on sent que les différents formats inaugurés durant cette période-là ne se démarqueront finalement pas autant du jeu à qui l’on doit cette formule. En effet, beaucoup de jeux réutiliseront le principe de pyramide des gains, de risque potentiel de perdre à tout moment, et de feuilletonnage simultanément ; et les jeux s’inscrivant dans cette formule se distingueront principalement par leur domaine de compétence, ainsi que par l’ajustement de certaines règles. Ainsi, on peut citer l’éphémère Mission : 1 million, qui était plus ou moins un QVGDM en équipe ; Zone rouge, un QVGDM où il fallait garder son sang-froid ; Carbone 14, un QVGDM focalisé sur les repères chronologiques ; Êtes-vous plus fort qu’un élève de 10 ans ?, un QVGDM avec des questions niveau école primaire ; la première version de N’oubliez pas les paroles, un QVGDM version karaoké avec des paroles à compléter ; 1 contre 100, qui mine de rien pourrait être décrit comme un QVGDM faisant s’opposer un candidat seul à un mur de 100 adversaires ; etc.
Néanmoins, j’ai beau les résumer à « QVGDM version trucmuche », la plupart de ces jeux arrivent tout de même à avoir leur propre identité, et à proposer quelque chose d’intéressant ou d’un peu rafraîchissant, chacun à leur manière. Comme quoi, ils ont beau s’en inspirer fortement, ils ne font pas pour autant doublon avec le matériau de base.
La seule chose que je pourrais déplorer à ce sujet, c’est le fait qu’on ait soudainement eu droit à ce genre de mécanique un peu trop souvent, pouvant potentiellement accélérer la lassitude de ce genre de format (qui n’est pas sans défauts, loin de là). Mais en tout cas, ça a inspiré.
N’oubliez pas les paroles version 1 : on retrouve bien entendu la fameuse pyramide des gains. On notera également une spécificité plus notable, avec le fait de laisser plus de choix aux candidats : le choix entre deux chansons pour chaque thème, ainsi que l’ordre dans lequel il souhaite les traiter.
Sinon, en dehors de QVGDM, un autre jeu viendra également définir une grande tendance en termes de mécanique, qui sera beaucoup suivie par la suite : Tout le monde veut prendre sa place, apparu en 2006.
Mais assez curieusement, bien qu’il ait connu le succès assez rapidement, son influence ne se fera cependant pas beaucoup ressentir durant cette décennie-là. Tout au plus, QPUC inaugure sa déclinaison du week-end Questions pour un super champion la même année, en reprenant le concept de champion qui ne joue réellement qu’à la fin du jeu ; En toutes lettres, créé fin 2009, ne donnera aucune limite au nombre de participations successives d’un candidat ; et La liste gagnante fera de même la même année (mais bon, tout le monde se fiche de ce jeu, vu sa durée de vie de seulement trois mois)… mais c’est à peu près tout pour le moment.
Pour le coup, il faudra surtout attendre les années 2010 pour voir cette tendance s’installer de façon plus notable (on en reparlera, donc…).
Cela dit, même s’il n’a pas encore impulsé son énervant gimmick de champion illimité à la plupart des jeux diffusés, c’était déjà le jeu que je détestais le plus, même à l’époque.
Une autre tendance assez particulière va avoir lieu durant cette décennie : les revivals d’anciens formats.
Alors, ça n’est pas complètement spécifique aux années 2000, pour le coup : en effet, dans les années 90, on avait déjà Le Kadox qui tentait de ressusciter le format de L’académie des 9, ou encore Un pour tous qui était un remake de La tête et les jambes. Et même Une famille en or, qui a certes connu son âge d’or dans les années 90, mais dont on avait déjà eu une première version en 1986, diffusée sur La Cinq, sous le nom C’est beau la vie. Mais généralement, ces remakes n’ont pas fait long feu (enfin, sauf UFEO, dont la version 80’s diffusée sur La Cinq était passée un peu inaperçue).
En revanche, dans les années 2000, trois retours ont fait parler d’eux : La roue de la fortune, revenue en 2006 dans une version qui aura duré 5 ans ; UFEO, revenue en 2007 pour une durée de 7 ans ; et Le juste prix, revenu en 2009 et qui a repris du service pour 6 ans. Ces retours, on les doit à TF1 ; et vu leur durée de vie, on peut dire qu’ils ont réussi à marquer leur public. En effet, la chaîne les avait « modernisés » pour l’occasion, en y impulsant une ambiance notable, et on sentait que leur succès n’était pas dû qu’au fait qu’ils reprenaient d’anciens concepts.
Même si on sentait que l’ambiance était davantage formatée selon l’évolution du public de TF1 dans les années 2000 ; ce qui pouvait leur donner un côté clivant. Ainsi, ceux qui ont connu LRDLF des années 80-90 trouveront probablement ennuyeuse cette version où on accentue le côté « bimbo » de la tourneuse de lettres et où on met l’accent sur l’extravagance des candidats ; et les aficionados du Juste Prix de la première heure considèreront la version de Vincent Lagaf comme une hérésie, car ils auront davantage l’impression de voir un remake non assumé du Bigdil. Et leur frustration est légitime. J’insiste. Je sais ce que ça fait de voir un programme qui évolue d’une façon qui m’a beaucoup déplu (tousse Fort Boyard tousse), et c’est très énervant de se dire que le public contemporain préfère des versions dénaturées aux originales, qui avaient davantage de panache, et qui risquent de rester davantage dans les mémoires de ce public-là, donnant l’impression qu’on est sur une autre planète alors qu’on parle pourtant du même programme. Certes, sur un plan comptable, ça a très bien marché pour TF1 de donner un côté plus « beauf » qui séduisait une grande partie de son public… mais il y avait sans doute moyen de faire autrement pour moderniser ces concepts, sans avoir besoin de forcer la dose.
Notons toutefois que ça ne semble pas marcher avec tous les programmes, ni avec tous les diffuseurs. En effet, si tous les exemples que j’ai cités proviennent de TF1, c’est aussi parce que les jeux en question avaient un potentiel de divertissement assez fort, et que TF1 y avait mis les moyens pour accentuer cet aspect-là.
Mais à côté de ça, France 2 avait également tenté un remake de Le Juste Prix en 2002, nommé Le Juste Euro ; ainsi qu’un remake de QLMG en 2007, nommé La part du lion, et présenté par Nagui himself ; France 3, un retour de Fa si la chanter en 2010 (oui je sais, on sort un peu des années 2000, mais ça reste suffisamment proche), présenté par Cyril Hanouna ; et France 4, un remake de L’académie des 9 en 2009, nommé La porte ouverte à toutes les fenêtres, présenté par Cyril Hanouna (encore lui). Et toutes ces tentatives n’ont pas été couronnées de succès, avec seulement quelques mois de diffusion à chaque fois, et des émissions vite oubliées. Cases ou diffuseurs moins exposés, remakes ou retours loin de retrouver le panache d’antan ou de s’en démarquer d’une façon notables… le service public ne semblait pas vraiment savoir comment s’y prendre pour faire revenir un jeu culte à l’antenne.
… ouaip, en voyant ce genre d’image, je comprends tout à fait pourquoi certains considèrent Le juste prix version Lagaf comme un scandale. Je suis à peu près sûr que la version 90’s ne comportait pas de moments aussi navrants que ça…
Cela étant, même si j’ai donné l’impression que beaucoup de jeux de cette décennie ne cherchaient qu’à reproduire le succès de QVGDM à leur manière, que ce soit via l’ambiance ou via la mécanique, ce serait oublier toute la diversité qu’on a par ailleurs.
En fait, je pense que les producteurs se sont clairement fait plaisir, en cherchant de nouvelles façons de proposer quelque chose d’un peu nouveau, à leur échelle ; et/ou en cherchant à exploiter des mécanismes d’une façon davantage aboutie.
Ainsi, je pourrais citer La Cible, qui est un jeu qui a très bien su exploiter son concept de « jeu de liste » d’une façon diversifiée ; Tout vu, tout lu, avec sa particularité de jouer sur l’actualité, et son système d’enchères plutôt inédit ; Un contre tous, qui proposait un affrontement entre un candidat et un mur ; Télé la question, où il fallait retrouver la question posée d’une façon originale ; Crésus, avec sa façon de décliner le concept basique de quiz d’une façon plus amusante et variée ; A prendre ou à laisser, qui inaugurait le concept de jeu de bande ; En toutes lettres, qui jouait de façon variée sur la langue française ; Slam, ou comment adapter le concept de mots croisés sur petit écran d’une façon convaincante ; La gym des neurones, avec une façon originale et stimulante de faire se confronter des candidats, ainsi qu’une finale faisant la part belle à la logique et au sport cérébral ; Qui est le bluffeur ?, qui détournait le concept de UFEO d’une façon plutôt créative…
Et encore, la liste n’est pas exhaustive. Pour beaucoup de jeux de cette période-là, j’ai pu trouver quelque chose qui les caractérisait, qui leur donnait une certaine spécificité, et un certain intérêt. Sincèrement, s’il y a bien une décennie qui m’a beaucoup inspiré pour la rédaction de mes critiques, c’est celle-ci. Je n’ai certes pas forcément adoré tous les jeux qui y ont été diffusés, mais j’ai très souvent pris du plaisir à découvrir de nouvelles idées ou de nouveaux concepts, avec autant de choix dans le lot.
Ne me faites cependant pas dire ce que je n’ai pas dit : oui, on trouvait évidemment quelques casseroles durant cette décennie-là aussi.
Ainsi, je pourrais citer des jeux plats et sans grand intérêt comme La liste gagnante ou Madame, monsieur, bonsoir, le jeu ; des jeux intéressants à leur manière, mais pour lesquels l’ambiance intrusive prend trop le dessus, comme Attention à la marche ; des remakes/revivals ratés comme ceux que j’ai cités plus haut (Le Juste Euro, La part du lion…) ; des jeux quelques peu gênants, comme C’est quoi ce jeu ? sur Canal+, A bout de forces sur M6, voire particulièrement ineptes comme les tentatives de NRJ12 du style Ca passe ou ça trappe ou Les douze cœurs ; ainsi que ces infâmes émissions jouant sur la séduction comme L’île de la tentation, Opération séduction, Greg le millionnaire, Bachelor, le gentleman célibataire ou encore Le Brise-cœur.
Bon, certes, pour cette dernière catégorie, on s’écarte un peu du genre du jeu TV comme je l’entends, pour se rapprocher davantage de la télé-réalité. Toutefois, pour certains, la frontière reste encore assez mince… par exemple, Le Brise-cœur est considéré par Wikipédia comme un jeu télévisé. Et c’était diffusé par… France 2. Je… je ne sais pas quoi dire, là. Je ne comprends absolument pas comment le service public a pu laisser passer ça. Comme quoi, ça peut vraiment arriver à tout le monde de faire des faux pas impardonnables…
Je n’en reviens pas que ce Ca passe ou ça trappe arrive à accomplir l’exploit de me faire revoir Still standing à la hausse… au moins, ce second jeu avait un vrai concept, lui…
Bref, on sentait que les diffuseurs se faisaient vraiment plaisir durant les années 2000, avec une programmation au final assez variée.
Entre les vestiges des années 90 qui ont perduré encore un peu, les nouvelles tendances insufflées par QVGDM, les nouvelles tendances insufflées par TLMVPSP qui commencent légèrement à s’installer, les revivals d’anciens jeux, une pléthore de nouveaux concepts qui avaient tous pour la plupart quelque chose à apporter, sans oublier les jeux qui ont traversé cette époque plus ou moins tranquillement… je pense qu’il y avait clairement de quoi satisfaire pas mal de monde. Bien sûr, parmi tous les jeux que j’ai cités, tous n’ont clairement pas eu le même succès, et certains auront été malheureusement assez vite oubliés ; mais parmi ce qui se démarquait et avait duré au moins un an, il y avait déjà pas mal de choses intéressantes.
Même si on sent qu’un certain état d’esprit s’est un peu perdu lors du passage des années 90 aux années 2000 (ce qui reste dommage), ce que cette décennie avait à offrir en matière de jeux TV était tout de même très notable, et étoffait une certaine diversité. Diversité qui va malheureusement plutôt avoir tendance à se réduire lors des décennies suivantes… d’une façon encore assez progressive, heureusement.
Les années 2010 : de l’âge d’argent à l’essoufflement
Durant les années 2010, le genre du jeu TV continue son petit bonhomme de chemin, dans la même lignée que les années 2000.
On sent toutefois qu’au niveau des tendances majeures définies durant la décennie précédente, l’une prendra son essor, alors que l’autre finira par tomber petit à petit en désuétude…
En effet, les jeux à la Qui veut gagner des millions ? deviendront moins nombreux, et moins suivis.
Je dirais d’ailleurs que Money Drop, créé en 2011, en est l’un des derniers représentants à avoir connu un certain succès et un petit statut culte, durant la première moitié de la décennie. Toutefois, il semblait pointer de plus en plus les limites du genre, avec le côté feuilletonnant qui finira par être abandonné au profit d’un reformatage des émissions, le public semblant s’être lassé de devoir allumer sa TV à la même heure le lendemain, et des ambiances à grand suspense comme celle-ci.
Tandis qu’à côté de ça, les jeux à la TLMVPSP vont devenir de plus en plus nombreux (hélas…).
En effet, plus ça va, et plus les jeux incluront dans leur cahier des charges un système de champion. Certains resteront encore assez sages à ce niveau-là, en limitant le nombre de victoires consécutives à un maximum défini, comme ce qu’on pouvait trouver durant les années 90 ; mais d’autres ne se gêneront pas pour exploiter les avantages de fidélisation qu’offre un nombre de participations potentiellement illimité.
Avec en premier lieu Les 12 coups de midi, qui aura repompé sans vergogne ce qui faisait que son concurrent du midi cartonne, pour pouvoir cartonner à son tour. Dans cette catégorie-là, on pourra aussi citer plus modestement des jeux comme Harry et Trouvez l’intrus. Slam gardera quant à lui son nombre de participations maximal à 5 émissions consécutives, mais il inaugurera en 2015 une déclinaison dominicale qui jouera sur le concept de super champion, à l’instar de QPUC dont la version « Super champion » existait depuis quelques années.
D’ailleurs, N’oubliez pas les paroles est finalement un exemple très représentatif de ce revirement de mode : si, dans les années 2000, il avait démarré avec une formule à la QVGDM, avec pyramide des gains, enjeux à grand suspense et format feuilletonnant, il aura finalement opté dans les années 2010 pour une formule à la TLMVPSP, avec système de champion illimité (… et malheureusement mal foutu, mais c’est une autre histoire), qui lui aura permis de faire décoller ses audiences.
Et si je devais élire le jeu qui a mis en place son concept de champion de la façon la plus foireuse possible… mais bon, vous le connaissez, depuis le temps.
Néanmoins, les jeux plus « standard » continuent à exister, avec de nouveaux entrants sur le marché : les chaînes de la TNT.
En effet, si dans les années 2000, c’était encore assez risqué pour elles de se lancer, compte tenu du peu de foyers équipés pour recevoir ces chaînes, ce n’est à présent plus le cas dans les années 2010, étant donné que la diffusion en analogique n’a plus cours, et que tout le monde reçoit à présent les chaînes qui vont au-delà du canal numéro 6.
Et à ce niveau-là, ce sera une chaîne en particulier qui tentera d’impulser un nouveau souffle : D8. Ex-Direct 8 fraîchement rachetée par le groupe Canal+, celui-ci a de grandes ambitions pour sa nouvelle chaîne gratuite, et compte la remplir avec des programmes… réchauffés, pour pas mal d’entre eux. Oui, les quelques tentatives d’innovation de la chaîne n’ayant pas très bien pris, celle-ci optera plutôt pour des revivals de formats cultes, comme Le maillon faible et A prendre ou à laisser ; mais avec une ambiance plus spécifique, et forcément des moyens moins conséquents que TF1. Ca partait déjà donc assez mal pour pérenniser à nouveau ces formats-là… et ça n’a pas manqué : ils finiront par s’arrêter assez vite, n’étant par ailleurs pas aidés par leur programmation assez désavantageuse. Notons qu’à côté de ça, TMC avait aussi tenté de relancer Une famille en or et NRJ12 L’académie des 9, mais sans succès, la faute à des créneaux sinistrés et des jeux qui ont une image plutôt incompatibles avec le public habituel de ces chaînes-là (et peut-être aussi le fait que vu le nombre de fois qu’ils ont été remakés ou ressuscités, on commence à s’en lasser sérieusement…).
Mais qu’à cela ne tienne, D8 (puis C8 suite à son rachat en 2015) va quand même tenter d’autres formats, et cette fois-ci inédits, histoire de sortir de cette image de « plus grande photocopieuse du PAF » de ses débuts.
Ainsi, la chaîne tentera des jeux comme Guess my age, Couple ou pas couple, Hold-up, Still standing, Cash Island ou encore Strike… mais à chaque fois, le succès ne sera pas au rendez-vous, pour tout un tas de raisons assez diverses et variables. Style de jeux diffusés, manque de moyens, manque de promotion, image de la chaîne, programmation volontairement sabordée par l’amateurisme de la direction de la chaîne (au passage, ne nous faites pas croire qu’elle possède un vrai directeur des programmes, on le sait bien que c’est Cyril Hanouna qui la dirige, voyons…) ; honnêtement, plus les années passaient, et plus ça devenait difficile de prendre ce diffuseur au sérieux. Ce qui est dommage, car tout n’était pas à jeter dans le lot ; mais voilà, si la chaîne elle-même ne croit pas aux programmes qu’elle tente de mettre en place, pourquoi le téléspectateur y croirait, lui ?
En fin de compte, le seul succès notable qu’aura connu la TNT en la matière proviendra de TMC, avec un jeu qui… est un revival. Pour être plus précis, il s’agit de Burger Quiz : un jeu qui n’avait pourtant pas connu un fort succès commercial à l’époque, mais qui avait réussi à marquer les mémoires et à garder un certain statut culte.
Et si ce fut un succès sur TMC par la suite, ce fut parce que… la chaîne n’avait rien changé, et avait gardé le jeu à l’identique. Ce qui était au final le meilleur parti à prendre, et qui restait compatible avec les ambitions de la chaîne ainsi qu’avec les moyens qu’elle pouvait se donner (ce qui n’aurait clairement pas été le cas avec un APOAL par exemple, n’est-ce pas C8 ?), même s’il fallait passer le jeu en prime-time au lieu de l’access pour que la chaîne puisse s’y retrouver.
Still standing sera lui-même passé à la trappe… et ça n’aura pas été une grosse perte.
Mais voilà : plus les années passent, et moins le genre semble intéresser les chaînes qui en étaient friandes jusqu’alors.
A commencer par TF1 : alors que le jeu TV était le genre roi de l’access et du pré-access, il finit par connaître un certain désintérêt de la part de la chaîne, puis du public. Le pré-access est désormais plutôt orienté vers des émissions à la Un dîner presque parfait (bien évidemment, dès qu’un concept cartonne à la TV, on nous le ressort à toutes les sauces, et TF1 n’a pas fait exception à la règle en pondant moult inspirations du programme de M6…) ; quant à l’access, il patine sérieusement durant la seconde moitié de la décennie.
En effet, Le Juste Prix pâtit d’une nouvelle formule qui fut très décriée, Money Drop commence à lasser, les tentatives de nouveaux formats comme Boom : gagner ne tient qu’à un fil ou The Wall ne font pas très long feu, et on trouve également quelques bouche-trous comme C’est déjà Noël ou Wishlist qui n’ont pas vocation à s’installer durablement.
Bref, à la longue, TF1 finit par renoncer au genre du jeu TV pour son access, et se lance dans un autre genre qui va connaître un léger boom par la suite : le feuilleton.
Et côté service public, ce n’est guère mieux. Aussi bien France 2 et France 3 ne tentent plus grand-chose, si ce n’est un Tout le monde a son mot à dire (qui n’est qu’un remake d’un En toutes lettres pré-existant…) ou un Personne n’y avait pensé (revenu des morts parce qu’il fallait trouver un prétexte pour à la fois dégager une production Newen de la chaîne et caser le poulain de la chaîne – Cyril Féraud – le plus possible…) par-ci par-là.
Pire : le genre sera même décrié par les décideurs. Takis Candilis, le directeur des antennes du service public à cette période, estimera d’ailleurs qu' »il y a trop de jeux sur le service public », ce qui lui a permis de justifier la suppression de Motus, qui avait mine de rien près de 30 ans à son actif. Bon, il aurait pu en profiter pour supprimer plutôt Les z’amours, qui n’avait pas sa place sur le service public, ou encore TLMVPSP et sa mécanique mal foutue, ou encore l’un des deux jeux quotidiens de Cyril Féraud, ou encore l’un des deux numéros de NOPLP, ou encore Trouvez l’intrus qui est ultra plat et peu recherché… mais non, on supprime l’un de ceux qui collaient le mieux à l’état d’esprit qu’est censé avoir le service public, mais qui avait l’outrecuidance de dater du siècle dernier. Dieu que je déteste la gestion des programmes de France TV sous le mandat de Delphine Ernotte.
Cela dit, il y aura quand même des nouveautés intéressantes à découvrir, à l’instar du très bon 8 chances de tout gagner ; ou encore des tentatives de créativité à souligner (en dépit de leur manque de succès), avec Un mot peut en cacher un autre, Volte-face, The Cube ou 5 anneaux d’or.
Comme quoi, il est encore possible d’être efficacement créatif, même après avoir assez largement exploité le genre, ce qui fait plaisir.
Ah, 8 chances de tout gagner… il pourrait presque à lui seul ne pas me faire regretter les années 2010.
Ah, et sinon, au niveau des jeux d’aventure… je ne préfère pas trop en parler.
Là, pour le coup, on a l’impression que les jeux d’aventure ne savent pas vraiment où aller. A l’instar des tentatives de varier le genre dans les années 90, on a l’impression que la grande majorité des jeux développés à ce niveau-là tombent fatalement dans la catégorie Koh-Lanta, Pékin Express, Fort Boyard ou La carte aux trésors. Mais tout comme pour les années 90, je suis tout de même content d’avoir pu en découvrir certains, notamment quand les formats de base ne savaient plus trop comment évoluer de la bonne façon, donc leur existence, même brève, restait une bonne chose.
En revanche, pour les quatre jeux dont je viens de parler… j’ai dû me rendre à l’évidence : ils m’ont pour la plupart plus ou moins déçu. D’ailleurs, Pékin Express et La carte aux trésors ont même dû faire une pause de plusieurs années, tant ils ne semblaient plus trop savoir vers où aller. La Carte aux trésors est cependant le format qui s’en sort le mieux et s’est le moins dénaturé du lot, avec un retour (surprise !) en fin des années 2010 qui retrouvait la veine des années 90-2000.
Mais pour les autres… Koh-Lanta devient trop axé stratégie à mon goût, et multiplie l’empilage de règles et de ressorts ça et là pour forcer de plus en plus la surprise. Pékin Express m’avait donné de l’espoir lors de son retour en fin des années 2010, avec un ton qui se voulait davantage feel good et des castings plus réussis ; en revanche, au niveau des règles, là encore il s’embourbe dans la médiocrité, et surtout l’absence totale de remise en question, à tel point que je sais par avance que certains épisodes vont profondément m’énerver à cause de règles pourries et mal foutues ne changeant quasiment jamais d’un iota de saison en saison (et qui sont même là depuis les premières saisons pour certaines, c’est dire !). Quant à Fort Boyard… je passe mon tour, je risquerais de vous sortir l’intégrale du dictionnaire des gros mots vu l’insulte profonde que c’est devenu (et je pense développer ça ailleurs sur le blog de toute façon) ; mais pour résumer, on tombe en plein dans l’écueil du divertissement grossier au détriment de la mécanique, pour le résultat le plus calamiteux que j’aie jamais vu dans un jeu TV.
… néanmoins, je me dois quand même de mentionner un petit OVNI des années 2010 que je n’ai pas réussi à caser dans les quatre catégories citées précédemment : Escape, 21 jours pour disparaître.
C’est un programme qui a été diffusé sur RMC Découverte (puis RMC Story), et qui n’a connu que deux saisons… mais qui valait vraiment le coup d’œil, avec encore une nouvelle manière de faire jouer les candidats en extérieur. Après, je n’ai pas l’impression que ses diffuseurs le vendaient véritablement comme un jeu d’aventure ; mais, personnellement, ça ne me choque pas de le considérer comme tel. Comme quoi, on arrive encore à être positivement surpris dans ce genre-là !
Bon, vu comme ça, on aurait plutôt tendance à croire qu’ Escape est un documentaire d’investigation plutôt qu’un jeu d’aventure… mais si, je vous jure que ça s’en rapproche davantage.
Bref… durant les années 2010, même s’il y avait encore à boire et à manger dans le genre, j’y ai pourtant moins trouvé mon compte que durant la décennie précédente.
Et pour cause : elle était globalement moins variée. Certes, les formats à la QVGDM et dérivés, ainsi que le type d’ambiance qui va avec, étaient peut-être un chouïa trop nombreux durant les années 2000 ; mais leur disparition progressive au point de totalement disparaître du PAF finira par constituer un manque. Et a contrario, l’exploitation à tout va de la formule TLMVPSP finira par devenir un peu trop gavante pour moi. Quant à la TNT qui se lance dans le genre, ses moyens restent limités et les succès trop anecdotiques pour avoir un réel impact sur le marché. Idem côté jeux d’aventure, où j’ai eu l’impression que le genre ne savait plus trop où il allait, en dépit de quelques bonnes surprises ça et là.
Ca ne m’a cependant pas empêché d’y déceler des programmes qui valaient le coup, avec certains qui arrivaient encore à innover et à montrer que le genre n’était pas encore épuisé ; mais, globalement, on sent quand même un certain essoufflement de celui-ci, qui s’explique par des audiences globalement en baisse, le désintérêt du média TV au profit des plateformes de streaming, des changements de stratégie de la part des diffuseurs qui cherchent à explorer d’autres pistes pour remplir leurs antennes d’une façon plus rentable… et, admettons-le, une certaine baisse globale de la créativité dans le PAF.
Quel avenir pour le genre ?
Et malheureusement, permettez-moi d’être particulièrement pessimiste quant à l’avenir du genre dans le PAF.
En effet, les années 2010 avaient déjà amorcé un certain déclin des jeux TV, avec notamment l’un des principaux diffuseurs qui y a tout simplement quasiment renoncé, des « nouvelles entrantes » TNT qui n’ont majoritairement pas les épaules pour proposer quelque chose de consistant à ce niveau, et des formats cultes qui ont commencé à passer à la trappe sous prétexte qu’ils étaient trop vieux. Mais à ce niveau-là, la décennie 2020 risque d’être pire…
Certes, le genre aura connu un léger regain d’intérêt pour meubler les antennes durant la période de crise Covid (bizarre, je croyais qu’il y avait « trop de jeux sur le service public »…), avec certains retours surprise comme Mot de passe ou Un mot peut en cacher un autre, un jeu spécial confinement comme Jouons à la maison, une version à distance de QVGDM, et une session d’épisodes de Une famille en or tournée au cas où.
Mais soyons francs : tous ces exemples n’étaient là que pour meubler l’antenne faute de mieux. Jouons à la maison a l’excuse d’avoir été proposé et conçu pour répondre à un contexte de crise bien spécifique, mais il ne va pas au-delà de ça compte tenu de son concept simpliste. Mot de passe et UMPECUA étaient tournés sur un fond vert, avec une nette réduction des gains par rapport à l’époque pour MdP ; et même avec ces versions low-cost, la direction des programmes a fini par les supprimer car ça leur coûtait quand même soi-disant trop cher. La version confinée de QVGDM était une véritable catastrophe à tous les niveaux : gains moins élevés (et titre devenu incohérent…), absence totale de solennité due au format à distance, jokers devenus ultra répétitifs… bref, de quoi achever le peu d’intérêt qui restait au programme lorsque celui-ci était dans ses derniers retranchements. Quant à UFEO, TF1 a déstocké les épisodes en deuxième partie de soirée, sans grande communication autour, parce qu’elle avait finalement trouvé une émission de reportages moins chère pour meubler son pré-access.
Quand je pense à ce que ce programme représentait 20 ans plus tôt, pour finir comme un bouche-trou bricolé en cas de force majeure… soupir.
Et de toute façon, les autres tentatives imaginées ça et là ne cassaient pas non plus la baraque.
Déjà, on ne retrouvera quasiment plus que le service public pour tenter de proposer de la nouveauté, TF1 semblant avoir définitivement renoncé au genre en dehors de son jeu du midi, et de quelques primes sans panache particulier qui virent quasi-systématiquement au divertissement lambda. Il y aura bien C8 qui tentera une version en direct de A prendre ou à laisser, mais qui sera très mal gérée (en même temps, venant de Cyril Hanouna, il fallait clairement s’attendre à un certain amateurisme dans la façon de gérer les programmes…) et qui n’aura jamais décollé.
Et côté service public… on sent que ni le budget, ni la volonté d’afficher des ambitions fortes ne sont présents, à part peut-être en prime time (j’y reviendrai).
Déjà, pour commencer, le nombre de cases dévolues au genre diminue. L’un des jeux de l’après-midi de France 3 passe à la trappe (et Dieu merci, ils ont compris – temporairement, on y reviendra… – que c’était une aberration d’avoir deux jeux à la suite animés par le même individu…) pour laisser place à une extension du journal régional ; la case laissée vacante par l’arrêt de MdP/UMPECUA laissera la place à une rediffusion de TLMASMAD. Et cette diminution du nombre de cases vacantes obligera même la société de production Effervescence à sacrifier l’excellent 8 chances de tout gagner, à la demande de Simone Harari, pour qu’elle puisse tester un autre jeu de cette boîte de production, sur l’une des seules cases encore disponibles (et si Nous sommes tous des spécialistes est un jeu correct, il n’est pas révolutionnaire non plus).
Au final, la nouveauté la plus « ambitieuse » en day-time, ça aura été Chacun son tour, qui aura connu un petit succès surprise… mais franchement, même si ce n’est qu’un avis personnel, c’est dire si l’on est tombés aussi bas pour que ce soit ça, la nouveauté dont le service public est le plus fier, au point même d’en tenter une déclinaison en prime (et Dieu merci, ça aura été un énorme bide). Ok, ce n’est pas un jeu affreux non plus, mais il est tout juste passable, et d’autres jeux tout aussi intéressants voire plus, avec tout aussi peu de moyens, sont tombés dans l’oubli d’une façon plus injustifiée.
Et le coup de grâce aura été donné à la rentrée 2022, avec une extrême pauvreté en la matière. Si cette rentrée connaît un nouveau jeu, elle en voit par la même occasion trois autres qui disparaissent. Désormais, il n’y a plus de jeux spécifiques au week-end (sauf un, on y reviendra), les samedis et dimanches seront occupés par une extension des jeux en semaine. Super sympa pour ceux qui ne les aimaient pas, de diminuer encore davantage la diversité de ceux-ci… et également la diversité des boîtes de production, Banijay/Air Prod restant surreprésentée par rapport aux autres avec pas moins de 4 cases dévolues à leurs jeux du lundi au samedi. Mais le pire aura été la tentative à peine dissimulée de donner le coup de grâce à Des chiffres et des lettres, en reléguant le programme au week-end uniquement, en éjectant deux de ses incarnations mythiques, en lui imposant une nouvelle formule pas au point, et surtout en le remplaçant par un jeu moins inspiré…
Chacun son tour et Duels en familles. Sérieusement, ce sont ces jeux-là dont France TV est la plus fière au niveau de ses nouveautés de la décennie 2020 ? Bon, ok, ça reste correct, mais relativement peu ambitieux, quoi…
Bref, il n’y a plus que le prime-time qui arrive encore à afficher un peu d’ambition pour le genre, même si ça tourne principalement autour de certaines tendances qui commencent vraiment à me lasser.
En effet, la mode des « grands champions » aura très certainement pesé dans la balance, pour justifier l’arrivée du Quiz des champions ou du Club des invincibles par exemple, ou encore le nombre de déclinaisons grandissant des primes de NOPLP. Après, ça n’en fait pas des mauvais jeux, loin de là… mais bon, c’est surtout la tendance elle-même qui me lasse.
Cela dit, je reconnais que je préfère encore cette tendance-là, plutôt que celle d’importer des concepts étrangers en prime-time… alors qu’ils n’étaient pas du tout prévus pour ça. L’idée n’est certes pas nouvelle (M6 avait fait de même avec 60 secondes chrono dans les années 2010), mais les diffuseurs semblent vraiment de plus en plus séduits par cette solution.
Ainsi, on se retrouve avec un 100% logique qui dure deux heures, alors que son équivalent britannique n’en dure qu’une seule ; idem pour The Wheel, où on nous en impose deux numéros à la suite pour justifier sa fin à 23h40 ; ou encore 100% France, qui s’étire pour rien.
Et à chaque fois, la perte de qualité due à cet étirement (et encore, les formats originaux n’étaient pas aussi formidables que ça non plus…) se fait ressentir, avec des jeux qui ennuient à force de n’en plus finir. Ou comment saboter en bonne et due forme les quelques « vraies » nouveautés qu’on pouvait avoir.
Là encore, l’argument budgétaire y est pour quelque chose. Déjà, M6 avait certainement programmé 60 secondes chrono en prime, parce que c’était plus rentable pour elle (et vous savez à quel point cette chaîne est à cheval là-dessus…) ; désormais, c’est pareil pour TF1 et France 2 (même si France 2 n’a théoriquement plus de revenus publicitaires après 20h, ça reste tout de même le créneau le plus regardé). C’est une façon pour les chaînes d’amortir les productions. Malheureusement au détriment de la qualité globale.
Idem, 100% logique, c’est basiquement du QLMG avec des questions de logique. Ca fait le café, mais il n’y a pas de quoi pavoiser non plus. Et ça aurait été davantage supportable si ça n’avait pas duré deux heures…
Et je crains que tout cela ne s’arrange pas par la suite. Entre le côté vieillissant du média TV, les budgets en baisse constante qui sont redéployés sur d’autres genres plus importants comme l’info ou la fiction, les décisions des présidents de groupes et des directeurs de chaînes qui ne vont pas dans le bon sens ou qui favorisent certains animateurs ou boîtes de production… l’âge d’or du jeu TV semble désormais révolu ; et à mon avis, il ne faudra désormais plus s’attendre à grand-chose de positivement notable avant un long moment.
Je pense d’ailleurs que c’est l’actuelle pauvreté du genre qui m’a poussé à jeter un coup d’oeil dans le rétroviseur, pour me rappeler de cette période où l’on tentait encore quelque chose, et durant laquelle on pouvait encore trouver quelques pépites qui valaient le coup d’oeil. Et qui m’a, en fin de compte, poussé à vouloir traiter autant de jeux sur ce blog, pour se souvenir qu’ils ont existé, qu’ils avaient quelque chose à apporter, et que ce sont les témoins d’une époque où le PAF croyait encore à ce genre-là (et avait par ailleurs davantage de moyens à y consacrer, aussi).
Donc bon, traitez-moi de vieux croûton qui ne jure que par le « C’était mieux avant » si vous voulez (un « vieux croûton » qui n’a que 31 ans au passage, c’est dire s’il est pessimiste quant à l’avenir…) ; mais je pense avoir été suffisamment explicite dans cet article pour expliquer en quoi la période avec laquelle j’ai grandi m’a paru plus faste et plus intéressante que les autres. Vous avez totalement le droit de ne pas être d’accord avec moi, et de considérer que les jeux des années 80 ou des années 2010 étaient géniaux, et je suis sûr que vous avez de bonnes raisons de le penser. Qu’on le veuille ou non, le contexte dans lequel on grandit définit grandement nos préférences, et vous décèlerez sans doute des qualités à ces périodes-là que je n’ai pas mises en avant, et c’est tant mieux pour vous, du moment qu’elles proviennent d’un ressenti sincère et argumenté, et pas juste d’une nostalgie forte.