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#119 – Le Kouij

Parmi les différentes façons dont je découvre des concepts de jeux TV, il m’arrive de consulter des listes de jeux ayant été diffusés. Celle de Wikipédia sur les jeux TV diffusés en France est d’ailleurs assez touffue pour me donner des idées d’émissions à (re)découvrir… du moins, à condition que leurs épisodes restent encore trouvables.
Et, sur cette liste, il y avait un jeu nommé Le Kouij. Je vous avoue qu’avec un nom pareil, ça ne m’avait pas donné plus envie que ça de m’y intéresser sur le coup (un quiz qui sonne plus délirant ? Mouais bof…) ; mais, par la suite, alors que j’en ai appris un peu plus sur le concept (un peu par accident, je le reconnais…), il m’a davantage donné envie de m’y intéresser. En effet, sur le papier, ça avait l’air plutôt original.
Puis, suite à mes visionnages… j’ai eu des sentiments très partagés, sur lesquels je reviendrai progressivement.

Mais avant, donnons quelques éléments de contexte : Le Kouij était un jeu diffusé par France 3, présenté par Gérard Vivès, du 7 septembre 1998 au 15 janvier 1999.
Initialement diffusé en quotidienne (sauf le mercredi) à 17h45, le jeu semblait réussir à se constituer un public progressivement, avec des audiences en hausse.
Mais, quelques heures plus tard, c’était une autre case qui était en souffrance sur France 3 : la case du 20 heures. En effet, alors que Fa si la chanter avait meublé cette case avec succès depuis 1994, les audiences déclinantes du jeu avaient poussé la chaîne à envisager sa rétrogradation à 17h30 ; ce que l’animateur (Pascal Brunner) avait refusé, l’incitant à quitter France 3 pour TF1, et mettant alors tout simplement fin au programme (temporairement, mais c’est une autre histoire, dont on a déjà parlé).
Bref, il fallait que France 3 trouve autre chose pour meubler son créneau de 20h. Et elle s’est penchée sur… Le Kadox. Ce qui n’a pas marché. Ainsi, elle a finalement échangé les places du Kadox et du Kouij, avec Le Kadox à 17h45 et Le Kouij à 20h, rebaptisé pour l’occasion Le Kouij de 20h. Cette stratégie aura été payante pour Le Kadox, qui restera jusqu’en 2000 ; en revanche, pour Le Kouij, ça aura été le coup de massue, car le programme n’aura pas su relever la case, ce qui lui fera prendre fin quelques semaines plus tard.
Étant donné la bien piètre opinion que j’ai du Kadox, je ne peux pas m’empêcher de trouver vraiment dommage d’avoir déshabillé Pierre pour habiller Paul ; car, même en n’ayant pas été un très grand fan du Kouij, je l’ai quand même trouvé plus intéressant sur le principe qu’un remake de L’académie des 9 vidé de sa substance, avec qui il a échangé sa place.

Et avant d’entrer dans le vif du sujet, précisons également que le passage de l’émission à 20h s’est accompagné d’un renommage du jeu, mais également d’une nouvelle version. Avec, une fois n’est pas coutume, suffisamment de différences pour que je traite les deux versions séparément.

Version 1 (Le Kouij – de septembre à novembre 1998)

Le concept

Dans un premier temps, trois candidats vont jouer individuellement, sur des épreuves distinctes.

Ces épreuves ont néanmoins un point en commun : elles jouent toutes sur le son, et ce qui peut être audible. Le titre de l’émission est d’ailleurs un jeu de mots à ce sujet : en effet “Kouij” se prononce comme “Qu’ouïs-je ?”, i.e. “Qu’est-ce que le candidat est supposé entendre ?”. C’est plutôt malin, car ça souligne à la fois la spécificité du jeu, ainsi que l’ambiance recherchée (on y reviendra).
Bref. Dit comme ça, on pourrait penser que ça reprend encore une fois le concept de blind-test, sur lequel je me suis déjà pas mal étendu au sujet des jeux précédemment traités. Cependant, quand on parle de reconnaissance auditive ici, c’est vraiment au sens large. Car on peut aussi bien reconnaître des chansons (… enfin, en théorie, puisque je n’en ai pas entendu dans l’émission que j’ai visionnée), mais aussi des voix ou des effets sonores.
Et c’est assez original, pour le coup. Car si on aurait pu craindre que l’émission ne soit finalement qu’un énième assemblage de mini-jeux disparates, le fait d’avoir une thématique commune leur donne davantage de liant, et ne donne pas l’impression que les producteurs ont juste cherché à balancer le premier délire venu, pourvu qu’il soit fun à leurs yeux (pas vrai, la production de Fort Boyard courant des années 2010 ?).

Bon, ça, c’est la théorie ; mais en pratique, il faut également que les mini-jeux en question valent le coup.
Sur ce point, je risque de faire une analyse très incomplète, n’ayant pu avoir accès qu’à un seul épisode, faisant donc figurer seulement trois mini-jeux. Oui, c’est le problème avec les jeux basés sur des mini-jeux, dont les archives sont devenues difficilement trouvables (à l’instar de Chéri(e), fais les valises ! par exemple) : c’est difficile de juger l’intégralité du programme quand on n’a que partiellement vu ce dont il était capable. Et je dis ça en connaissance de cause, car le premier épisode du Bigdil qu’il m’ait été donné de voir (un spécial jeux télévisés) avait mis en scène des mini-jeux particulièrement médiocres, alors que le reste du programme faisait généralement bien mieux que ça.
Mais ici, par chance, je suis tombé sur un épisode dont les trois mini-jeux semblaient assez complémentaires et illustratifs du concept et de la diversité qu’il pouvait promettre.

Les mini-jeux

Le premier mini-jeu, dit “La radio à remonter le temps”, consiste en une radio surdimensionnée, que le candidat doit remonter en tirant une corde, afin d’en changer la fréquence.
A chaque fois qu’il arrive à débloquer une nouvelle fréquence, le chronomètre s’arrête, et une piste sonore est diffusée (musique, discours…). Le but du mini-jeu est de déterminer à quelle année cette piste sonore est censée faire référence. Si le candidat trouve la bonne année, le mini-jeu s’arrête, et il remporte le nombre de points qu’il a en sa possession ; en revanche, si la réponse est incorrecte, il perd 125 points, le chrono redémarre, et il doit continuer à remonter la radio pour débloquer une nouvelle fréquence. Il a également une indication supplémentaire sur l’année à trouver, pour dire si elle est antérieure ou postérieure à la proposition du candidat.
L’épreuve démarre avec un chrono de 45 secondes, et un capital de 500 points pour le candidat. A la fin du temps imparti, il peut faire une dernière proposition ; si elle est validée, il remporte le nombre de points qu’il lui restait. Sinon, le mini-jeu est considéré comme perdu.

Bon, certes, étant donné la composante physique de l’épreuve (puisque tirer sur la corde n’est pas une mince affaire, à tel point que Gérard Vivès peut même proposer son aide…), on n’est pas totalement sur de la reconnaissance sonore.
Mais niveau mise en scène et concept, cette épreuve est plutôt efficace, avec l’idée de solliciter plusieurs qualités à la fois (physique, reconnaissance auditive, capacité de datation).

En comparaison, le mini-jeu suivant, dit “Les chanteurs d’occasion”, paraît plus classique.
Ici, le candidat n’a pas besoin d’être actif, puisqu’il doit juste reconnaître la personnalité qui chante ce qu’il entend ; avec des extraits de 20 secondes chacun, le choix entre trois personnalités, et 125 points par personnalité identifiée.
Bref, du blind-test plutôt banal… à un détail près : ici, l’idée n’est pas de reconnaître la chanson, ni de savoir qui en est l’interprète original ; mais vraiment de reconnaître la voix. Car ce sont plutôt des acteurs ou des humoristes, qui se prêtent à l’exercice dans un contexte où on ne les attend pas. Donc, là, on est vraiment dans de la reconnaissance vocale pure. C’est plutôt une bonne idée.

Le troisième mini-jeu (intitulé “Les visiteurs”), quant à lui, met en avant des effets sonores.
Le candidat est assis devant une table, sur laquelle figurent cinq objets (ou… animaux, ça peut arriver), évoquant un métier ou un hobby. Puis le candidat entend un bruit de pas, qu’il doit associer à l’un des objets. Par exemple, s’il croit entendre un skieur marcher (avec ses après-skis), il doit choisir les bâtons de ski ; si c’est un footballeur (avec ses crampons), c’est le ballon de football : etc. Une fois que le candidat a choisi l’objet, un personnage entre, déguisé, et vient récupérer l’accessoire qui lui était attitré. Si c’était bien celui choisi par le candidat, il remporte 125 points ; sinon, il ne remporte rien.
Le candidat a quatre possibilités de remporter 125 points, pour un maximum de 500 points à l’instar des autres mini-jeux. Forcément, le jeu se simplifie au fur et à mesure, puisqu’il reste moins d’accessoires disponibles.
Dans l’idée, ce n’est pas inintéressant, surtout avec l’idée de jouer sur des bruitages… mais c’est peut-être le mini-jeu le plus difficile parmi les trois, sur un plan conceptuel, car les bruits de pas me semblent quand même assez spécifiques à reconnaître. Mais bon, pourquoi pas.

… oui, ils n’ont pas pu s’empêcher de carrément mettre un mouton parmi les « objets »…

Bref, ces mini-jeux sont plutôt intéressants pris individuellement ; mais, ensemble, ils posent un problème.
En effet, leur but est d’accumuler le plus de points, afin de sélectionner les deux candidats qui pourront disputer la finale. Sauf que les candidats viennent de disputer individuellement trois mini-jeux, qui ne reposent pas sur les mêmes principes, et qui ne partagent pas non plus les mêmes règles concernant la façon dont les points sont comptés.
Effectivement, même si tous les mini-jeux semblent se jouer en quatre tentatives, pour le premier on a un capital de 500 points qu’il faut préserver le plus possible, sans propositions de réponses façon QCM ; pour le second, c’est 125 points par bonne réponse avec des QCM de 3 propositions à chaque fois ; pour le troisième, c’est 125 points par bonne réponse, avec un jeu qui se simplifie au fur et à mesure qu’on retire des réponses possibles… bref, ça me donne l’impression qu’on compare des choux et des carottes.
Et, certes, c’est assez courant qu’on joue avec des prestations individuelles dans les jeux TV, pour finalement les comparer à la fin ; mais la plupart du temps, on s’arrange quand même pour que tout le monde joue avec les mêmes règles. Prenez le 4 à la suite de Questions pour un champion : certes, les candidats ont tous des questionnaires différents, mais le chronomètre et la façon de compter les points restent les mêmes pour tout le monde.

D’ailleurs, parlons rapidement du moyen qui a été envisagé pour départager des égalités éventuelles : les candidats en ballottage entendent les touches d’un téléphone, avec un son attribué à chaque touche ; puis le son d’une touche est jouée, et le candidat qui la trouve est qualifié.
C’est un moyen qui joue là encore correctement sur le concept global de l’émission ; en revanche, ce que je trouve un peu idiot, c’est de demander aux candidats chacun leur tour (en commençant par celui qui était passé en premier) d’identifier la touche. Pourquoi ne pas avoir joué ça au buzzer ? Ou imaginé un système de mort subite ? Étant donné que l’ordre de passage des candidats n’a pas été décidé selon une performance particulière, ça fait très aléatoire. Pire que ça, ça me fait penser à la façon dont les égalités sont départagées dans Le jeu des 1000 euros ! (Mais bon, au moins, le privilège est décidé plus aléatoirement, et non pas à cause d’un sacro-saint statut de champion, je le reconnais…)
Et ça appuie d’ailleurs ce que je disais concernant le fait qu’on comparait finalement des choux et des carottes.

Pour parler d’un format similaire qui faisait ça un peu mieux, prenons Le Bigdil. L’exemple n’est d’ailleurs pas choisi par hasard, j’en reparlerai un peu plus loin.
Le Bigdil aussi met en avant des mini-jeux individuels, tous de nature différente, suivis d’une finale où les différents participants jouent chacun leur tour, en fonction de leur score obtenu. En revanche, ce qui fait que ça passe un peu mieux ici, ce sont deux choses.
La première : pour qu’un candidat ait la possibilité de disputer la finale, il lui suffit juste de ne pas perdre son mini-jeu (i.e. gagner quelque chose, même si ce n’est pas le gain maximal). Pas besoin de faire une meilleure performance que les autres candidats, pour la qualification, on ne juge que sa propre performance.
La seconde : chaque mini-jeu a ses propres enjeux, indépendamment de la possibilité de pouvoir disputer la finale ; et ils peuvent à eux seuls déterminer un gain potentiel pour le candidat. Ce qui fait qu’on peut les voir individuellement sans problème, comme une fin en soi ; là où pour le Kouij, il faut quand même que le score obtenu serve à quelque chose. Bon, en revanche, le côté plus aléatoire des enjeux potentiels reste un reproche que j’ai à formuler au Bigdil.
Bref, la finale apparaît donc à mes yeux plutôt comme un bonus, qui n’est d’ailleurs même pas spécialement nécessaire au bon fonctionnement du jeu (mais qui apporte quand même un certain liant entre les différents candidats, même si ce n’est pas le plus pertinent pour moi).

Et puisque je parle du Bigdil…

Une ambiance qui souffle le chaud et le froid

Ah, ça, avec moi, les questions d’ambiance, généralement, ça passe ou ça casse. Et ici… c’est assez mitigé, car il y a du bon et du moins bon.

Déjà, précisons quelque chose que j’ai volontairement omis lors de mon introduction : le Kouij était produit par Hervé Hubert, à qui l’on doit notamment… le Bigdil ! (et, malheureusement, Attention à la marche. Mais sa société avait été rachetée par Endemol entre temps, donc bon…)
De fait, si le Kouij vous fait penser au Bigdil, c’est parfaitement normal. D’ailleurs, pour la petite anecdote : j’avais gardé un souvenir en tête depuis ma plus tendre enfance, que j’avais pourtant toujours attribué au Bigdil ; mais, après visionnage d’un épisode du Kouij, j’ai réalisé qu’il s’agissait en réalité de la finale de ce jeu-ci ! (Je me disais aussi, mes parents n’allumaient pourtant jamais la TV sur TF1 à ce moment-là, c’était le plus souvent France 2 ou France 3…)

Oui, c’était ça, le souvenir que j’avais gardé en tête. Le masque aux couleurs d’insecte…
Bon, il y avait aussi la finale dans le noir filmée en infrarouge (c’est d’ailleurs ce jeu-là qui m’a permis d’apprendre ce mot à l’époque…), juste après. Mais on en reparlera.

Sachant que le Bigdil ne sera sorti qu’un mois après l’arrêt du Kouij, on peut donc dire que ce dernier était finalement un brouillon du Bigdil, sur lequel il aura construit ses bases (même si on aura perdu en cours de route la thématique basée sur la reconnaissance sonore).
Au niveau de ces similarités, on notera bien évidemment les mini-jeux en rotation (dont on a déjà parlé), dont ça ne m’étonnerait d’ailleurs pas que certains aient été recyclés pour Le Bigdil par la suite ; ainsi que leur caractère individuel (mieux maîtrisé dans Le Bigdil, comme on en a déjà parlé). On peut rajouter à cette liste le concept du décor, ainsi que la présence d’une mascotte virtuelle.

Concernant le décor, si le Bigdil a un décor d’usine, le Kouij a un décor de maison, avec ses différentes pièces (atelier, salle de bains, salon… et ce qui servira pour la finale, on en reparlera). Et c’est quelque chose que j’apprécie sincèrement ; car, en plus de donner au jeu un certain cachet, on joue également intelligemment au niveau de la mise en scène.
Déjà, parce qu’on sent le souci d’immersion réalisé à ce niveau-là, avec les candidats qui sonnent avant d’entrer, et l’animateur qui vient les accueillir à la porte d’entrée, avant de les diriger vers la pièce où a lieu l’épreuve. Mais également parce que la mise en scène de chaque épreuve reste travaillée d’une certaine manière.
Ainsi, “La radio à remonter le temps” a lieu dans l’atelier, car l’idée est de “réparer” une radio détraquée, dont le problème est qu’elle est restée figée sur une certaine année. “Les visiteurs” prend place dans le salon, car c’est tout à fait le lieu où aurait pu se dérouler une soirée costumée la veille, et là où les invités auraient oublié l’un de leurs accessoires ; et l’idée d’entendre leurs bruits de pas à identifier juste avant qu’ils n’entrent est très maligne, car ça donne vraiment l’impression qu’ils s’apprêtent à pénétrer dans la maison. Bon, à côté de ça, “Les chanteurs d’occasion” est peut-être l’épreuve avec la mise en scène la plus faiblarde, parce que la salle de bain est souvent associée à l’idée qu’on chante sous sa douche… mais à nouveau, on n’a pas choisi la pièce par hasard non plus.

D’ailleurs, pour parler vite fait de la réalisation, la façon de présenter certains plans fait un peu penser à une série, sur les bords.

Bref, on sent l’effort réel de mise en scène, afin de faire des épreuves qui soient contextualisées, et de justifier pourquoi le jeu prend place dans une maison.

En revanche, je ne serai clairement pas aussi enthousiaste au sujet de la mascotte virtuelle…
Je vous présente Clic, un bonhomme en image de synthèse, qui va accompagner l’animateur par écrans interposés tout au long de l’émission.
Et avant de commencer à casser des briques sur son dos, je dois tout de même dire que j’apprécie le petit effort de mise en scène pour nous le présenter, à travers le générique de l’émission. On voit Gérard Vivès en train de modeler le personnage (qui semble clairement reprendre ses traits) en accéléré ; puis, grâce à la magie de la TV, celui-ci s’anime et prend vie.

Et j’aurais préféré qu’il reste comme ça…

Alors, autant j’aime bien l’idée d’avoir une co-animation virtuelle (façon Eurêka dans Y’a pas d’erreur ? ou Crésus dans le jeu éponyme), qui permet à l’animateur de faire preuve de répartie ; autant ça repose tout de même très souvent sur la personnalité du “co-animateur”.
Mais Clic est juste insupportable. Outre sa voix nasillarde et son cheveu sur la langue qui le rendent déjà pas super agréable à écouter, ses interventions sont le plus souvent lourdes et intempestives, en plus de dévoiler une personnalité pas très finaude qui est plus navrante que drôle. À tel point que j’oserais dire qu’à lui seul, il rend une bonne partie du programme finalement désagréable à regarder. Pour vous dire, il m’a fallu un second visionnage pour davantage prêter attention à ce que l’ambiance réussissait, parce que Clic prenait trop le dessus…
C’est dommage, car je trouve quand même que Gérard Vivès se prête bien au jeu, et l’anime bien (alors que c’était l’un de ses premiers jeux) ; et que cette co-animation virtuelle aurait vraiment pu fonctionner avec un personnage moins lourd.
Bref, heureusement que la production se sera rattrapée avec Bill l’extraterrestre, qui aura formé un bien meilleur duo avec l’animateur de son jeu attitré…

La finale : le Kevoij

Pour la finale, l’un des deux finalistes devra enfiler un masque et un casque, afin de ne pas pouvoir suivre ce qu’il va se passer. Car il devra jouer après le premier finaliste.
Le premier finaliste entend le son d’un objet. L’objet en question est dissimulé dans une pièce plongée dans l’obscurité, filmée par infrarouge. Le candidat va donc pénétrer dans la pièce, et manipuler tout ce qu’il trouve, jusqu’à tomber sur l’objet qui, selon lui, correspond au bruit qu’il a pu entendre. Si c’est le bon objet… ça va dépendre de l’autre candidat.
Car l’autre candidat va devoir, à son tour, faire de même. Et le temps passé dans la pièce pour trouver l’objet a son importance ; car, en cas d’égalité, c’est bien entendu le candidat le plus rapide qui l’emporte.

Alors… sur le papier, je n’ai rien à redire. On est effectivement en plein dans le concept de base du jeu, puisqu’il faut reconnaître ce qui a pu produire un son donné. J’apprécie même le fait qu’on ait traité l’approche sensorielle presque à son paroxysme, en impliquant également le toucher à la place de la vue.
Mais en pratique, je me serais bien dispensé de voir ce qui aurait finalement pu être une épreuve de Fort Boyard, qui arrive plutôt comme un cheveu dans la soupe par rapport au reste du jeu…

Genre ce serpent, là…

Oui, évidemment, les producteurs n’auront évidemment pas résisté à la tentation d’effrayer potentiellement le candidat avec ce qu’il peut être amené à manipuler… ainsi, certains objets se trouvent dans des bacs remplis de grenouilles, de souris, ou de serpents ; et on a également une tête qui dépasse.
Je ne sais pas… certes, c’est un peu parce que je suis blasé par Fort Boyard depuis quelques années que cette finale m’a fait un peu soupirer (même si, selon les standards des années 2010-2020, ça aurait été une épreuve relativement gentillette…) ; mais je trouve que ce genre de ressort n’a honnêtement pas trop sa place dans un Bigdil-like.
Après, je reconnais que le Kouij n’a pas mis d’emphase malsaine sur la mise en scène (on aurait pu craindre que l’insupportable Clic ne joue les commentateurs… mais ça va, on ne l’entend quasiment pas), ce qui fait que ça peut encore passer… mais bon.

Total (version 1) : 10,5/20

Je suis assez partagé sur cette première version du Kouij.
D’un côté, je retiens l’idée originale de thématiser l’intégralité (enfin, presque…) de l’émission sur deux niveaux. D’une part, avec des mini-jeux basés sur l’ouïe, ce qui permet non seulement de jouer sur une qualité peu mise en avant dans les jeux TV, mais également de développer un format à base de mini-jeux qui ne paraisse pas complètement fourre-tout. D’autre part, avec le décor de maison, qui est très bien exploité, avec une mise en scène intéressante et plus recherchée qu’il n’y paraît. J’aurais été curieux de voir d’autres épreuves, afin de voir toute la diversité dont le concept était capable sur ces points-là ; mais ce que j’en ai vu était un bon échantillon.
Mais de l’autre côté, le jeu semblait encore se chercher sur pas mal de points. Globalement, la mécanique de sélection des candidats reste à revoir, à cause de l’hétérogénéité des différents mini-jeux ; et le programme tombe un peu trop dans le travers de l’ambiance intrusive, avec des détails qui prennent malheureusement un peu trop le dessus pour n’être que des désagréments de passage. En particulier, la mascotte virtuelle est vraiment gavante, et la finale est inutilement boyardesque pour ce genre de concept.

Bref, en dépit du positif que je peux dire au sujet du format, je comprends pourquoi il n’a pas autant marqué les mémoires. La production tenait quelque chose ; mais ce quelque chose méritait d’être abouti.
Et, effectivement, on sent que Le Kouij aura finalement été un peu le brouillon du Bigdil, qui peaufinera la formule, avec le succès qu’on lui connaît. Même s’il arrive tout de même à avoir ses propres mérites.

Mais en attendant, le Kouij a connu une seconde version… avec un état d’esprit assez différent. On en parle tout de suite.


Version 2 (Le Kouij de 20h – de novembre à janvier 1998)

Une ambiance revue et… corrigée ?

La première chose qui frappe lorsqu’on compare cette seconde version à la première, c’est le changement d’ambiance.
Alors, quand je dis ça, ça ne veut pas dire que le jeu a totalement renoncé à être un jeu divertissant ; mais plutôt qu’il tente de s’y prendre autrement.

Commençons par le principal point positif : Clic, la mascotte virtuelle, est certes toujours là ; mais ses interventions sont moins nombreuses, et surtout beaucoup moins intempestives. Comme quoi, on dirait bien qu’il n’y avait pas que moi qui la trouvais insupportable…
Elle se contente désormais majoritairement de présenter les règles des différentes manches, et de quelques phases ça et là comme le jeu audiotel ; le tout, en y allant beaucoup moins de son commentaire personnel.
Bref, on peut considérer qu’il n’est désormais plus un co-animateur virtuel. Ce qui est peut-être un peu dommage sur les bords, car ça enlève un peu de répartie à Gérard Vivès ; mais bon, je préfère très clairement un personnage plus effacé à un personnage lourdingue.

« Bon, Clic, j’ai une mauvaise nouvelle pour toi : vu que tu sembles agaçant aux yeux du public, tu seras rétrogradé à un rôle de passe-plat. » Laissez-moi m’imaginer qu’il lui a dit ça…

Pour le reste, en revanche, je trouve qu’on a plutôt tendance à reculer.
Au niveau du plateau de jeu, on conserve le décor de maison avec ses différentes pièces ; en revanche, il passe beaucoup plus au second plan. On garde l’arrivée des candidats sur le plateau par la “porte d’entrée”, ainsi que le décor des pièces pour une manche ou deux ; mais sinon, la “maison” fait vraiment davantage office de décor de fond, avec des manches qui se déroulent directement devant. La finale ne prend d’ailleurs même plus place dans le décor de la maison, les pupitres des finalistes se trouvant directement devant le public.
Public qui est, en contrepartie, beaucoup plus mis en avant ; et même parfois mis à contribution, lorsqu’il s’agit de chanter par exemple.

Enfin, on y reviendra en parlant de la mécanique du jeu ; mais les mini-jeux eux-mêmes ont une mise en scène désormais beaucoup plus sobre. En fait, dans cette version, je ne les qualifierais même plus de mini-jeux, car on part désormais sur du quiz plus direct. Exit le changement de fréquence de la radio, exit les bruits à reconnaître, exit la finale à la Fort Boyard… et place à des manches davantage dans un style Burger Quiz.

Toutefois, même si on sent que cette version rétropédale au niveau de ses éléments d’ambiance initiaux, elle n’a pas totalement renoncé à incorporer sa patte.
Ainsi, l’animateur, Gérard Vivès, est bien plus mis en avant ; et les petites touches d’humour incorporées au programme viendront principalement de lui. Il n’hésitera d’ailleurs pas à endosser plusieurs déguisements lors de certaines manches, pour varier les mises en scène.
En outre, on notera également que les buzzers (on y reviendra) prennent souvent des formes insolites, dépendant souvent de l’endroit où la manche est jouée ; avec, par exemple, des distributeurs de savon pour la salle de bains, des clous sur lesquels il faut frapper avec des marteaux pour l’atelier, ou des cocotte-minute pour la cuisine. Ce qui fait un peu penser aux “buzzers-burgers” de Burger Quiz.

Mais, dans l’ensemble, je trouve quand même la mise en scène de cette seconde version moins percutante par rapport à la première. Là où la première version avait des mini-jeux taillés pour les pièces dans lesquels ils se déroulaient, dans cette seconde version, elles ne constituent plus que des décors un peu anecdotiques.
Un peu comme pour Burger Quiz, dont la mise en scène ne justifiait pas forcément d’avoir un plateau de jeu aménagé en restaurant de fast-food ; mais où c’était compensé par le fait que le jeu allait à fond dans son thème, ce que ne fait plus le Kouij dans cette seconde version.

Bref : dans l’ensemble, si je devais résumer la façon dont le jeu a revu son ambiance, je dirais qu’on est passé d’un proto-Bigdil à un proto-Burger Quiz. Et… ça ne rend pas le jeu spécialement très mémorable, même si la première version ne l’était pas non plus tant que ça.
En fait, j’irais même presque jusqu’à dire que cette seconde version en fait soit trop, soit pas assez. D’un côté, si on prend le jeu plus sérieusement, le décor de maison en fond, les interventions de Gérard Vivès et les buzzers insolites donnent l’impression de sortir un peu de nulle part ; mais de l’autre, si on prend le jeu plus humoristiquement, les éléments que je viens de citer font un peu pauvret, car ils ne parviennent pas à eux seuls à être véritablement amusants. Bon, je suis sûr que pour certains, c’est suffisant ; mais, personnellement, si je devais citer spontanément un jeu qui m’amuse, Le Kouij de 20h ne serait clairement pas le premier à me venir en tête.

On a aussi Gérard Vivès qui se déguise… mouais… et puis ici, oubliez le rapport entre le thème de l’épreuve et le décor.

Et ce n’est pas aidé non plus par le fait que les manches changent elles aussi d’état d’esprit.

Le nouveau déroulement

Dans cette seconde version, il n’est plus question d’épreuves individuelles ; car, désormais, chaque manche verra deux candidats se confronter, dans une structure de mini-tournoi. Ce qui va donc très largement corriger le problème de comparaison entre choux et carottes dont la première version était victime.
Ainsi, on a une première manche où deux candidats s’affrontent ; puis une seconde manche où deux autres candidats s’affrontent ; et, enfin, une finale, où les gagnants des deux premières manches s’affrontent.
Notons par ailleurs que le jeu se dote d’un système de champion par la même occasion, avec la possibilité de participer 5 fois de suite maximum. Le champion prend juste la place de l’un des deux candidats de la manche 1 (comme quoi on n’a pas besoin de faire un système où il débarque comme une fleur ahem).

Grosso modo, même si on a des manches avec un principe en rotation, la mécanique reste la même : elles se jouent toutes au buzzer, et le premier candidat à atteindre le score demandé remporte la manche. Idem pour la finale.
Notons quand même une particularité pour les manches 1 et 2, où le nombre de points en jeu est progressif : la première question vaut 1 point, la deuxième 2, etc. avec un maximum de 5 questions, et une éventuelle question subsidiaire en cas d’égalité.
Mouais. J’imagine qu’ils essaient de jauger la difficulté des questions pour justifier le nombre de points en jeu plus élevé… mais bon, ça reste basé sur un critère assez subjectif. D’autant plus que l’animateur n’hésite pas à donner des indices de temps en temps au bout d’un moment, si vraiment personne n’a d’idée de la réponse.

Concernant le principe des différentes manches, celles-ci continuent à jouer avec l’ouïe… enfin, plus ou moins.
En effet, on semble quand même perdre toute une catégorie de mini-jeux, car je n’ai pas vu de manche qui demandait à reconnaître des bruitages. En contrepartie, on passe davantage sur des chansons ou des voix à reconnaître, souvent selon le principe du blind-test ; mais avec quelques petites originalités de temps en temps. Par exemple, on peut demander le nom de l’artiste, mais pas de la chanson ; on peut aussi demander l’inverse ; on peut demander quelle célébrité a repris la chanson qu’on entend ; on peut demander à compléter des paroles ; ou encore, il faut reconnaître une chanson à partir des paroles dictées (et non chantées) par Gérard Vivès.
En fait, ça donne l’impression que France 3 avait quand même envie de garder un jeu “musical” sur son créneau de 20h après la fin de Fa si la chanter, finalement… bon, après, je mets le “musical” entre guillemets, car ça reste un aspect quand même moins mis en avant que dans les jeux de blind-test plus classiques.
Dans un sens, ça justifie quand même que le jeu continue à s’appeler “Kouij” ; et ça fait même d’ailleurs encore mieux fonctionner le jeu de mots sur lequel le titre est basé, étant donné que cette seconde version adopte davantage une mécanique de quiz que la première. Mais d’un autre côté, ça rend le jeu moins diversifié potentiellement que dans sa version d’origine.

Pour la finale, on présente aux deux finalistes un tableau avec huit personnalités.
Pour chaque “question”, un extrait musical est diffusé ; mais, cette fois-ci, le but n’est pas de reconnaître la chanson ou l’artiste. En fait, les paroles de la chanson font référence de façon plus ou moins subtile à une personnalité ; et le but des candidats est de trouver laquelle. Par exemple, si on passe un extrait de Marcia Baila, comme la chanson parle de danse, il faut reconnaître la danseuse Marie-Claude Pietragalla présente parmi les huit personnalités. Une fois une personnalité jouée, elle disparaît du tableau, et les candidats jouent avec les personnalités restantes.
Cette fois-ci, chaque personnalité reconnue rapporte 1 point ; et le premier candidat à atteindre 4 points remporte le jeu. Donc, dans tous les cas, il y aura toujours l’une des huit personnalités qui servira de leurre.

Je n’ai pas grand-chose à dire en particulier par rapport à cette finale. Elle est moins marquante que la finale de la première version, et son principe aurait finalement pu très bien faire l’affaire pour l’une des deux premières manches.
Mais bon, j’apprécie la petite idée d’associer une chanson à une personnalité, en utilisant la chanson comme un indice (plus ou moins) subtil.

Total (version 2) : 10,5/20

Dans un sens, cette seconde version me procure un peu le même sentiment que la façon dont Seriez-vous un bon expert ? a évolué. On est passé d’un concept relativement original, mais exécuté d’une façon discutable ; à un concept plus propre, mais également plus banal en comparaison, et qui atténue par la même occasion la promesse conceptuelle de départ.
Oui, dans un sens, je trouve Le Kouij de 20h un peu plus agréable à regarder (merci en particulier à la sourdine qui a été mise sur la mascotte virtuelle…), et un peu plus solide que son prédécesseur ; en revanche, il me passe un peu plus par-dessus l’épaule en contrepartie. Certes, la première version m’a semblé un peu plus mémorable pour les mauvaises raisons (la mascotte virtuelle davantage mise en avant, le côté boyardesque de la finale…) ; mais aussi pour les bonnes (la diversité potentielle des mini-jeux et l’idée de base davantage mise en avant, jouant sur l’ouïe autrement que par du vocal).
Après, pris intrinsèquement, cette version passe. On reste quand même sur une ligne éditoriale assez claire et qui arrive à se démarquer un peu, une structure simple mais suffisamment efficace, et une production plus propre. Mais, à mon sens, pas de quoi marquer durablement le PAF ; et, à nouveau, ça ne m’étonne donc pas qu’il n’ait pas réussi à s’installer, en dépit de sa case horaire défavorable…

Cela dit, en matière de jeu qui essaie de faire rire son auditoire, on peut faire bien pire que ça ! … la preuve, la prochaine fois.

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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