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The bloody story of a black dressed autistic

« The bloody story of a black dressed authistic », voilà un titre qui ne va pas ravir les anglophobes (ni les paresseux qui trouveraient le titre trop long, d’ailleurs). Pour eux, je le traduis : « La « sacrée » histoire d’un autiste vêtu de noir ». Et comme je suis une personne distinguée et pleine de bon goût (hum), j’ai bien pris soin de traduire « bloody » par « sacrée », au lieu d’un autre mot empli de vulgarité. Cela étant, dans ce contexte, ce mot pouvait aussi bien vouloir dire « sanglant », d’autant plus que ce jeu comprend quand même une certaine dose d’hémoglobine… âmes sensibles s’abstenir.

Auteur : Seb Luca
Année : 2011
Support : RPG Maker XP
Langue : Français

Felixville. Une petite municipalité qui coule des jours heureux. Mais, dans l’ombre, un nouveau mouvement politique est en train de naître et prétend vouloir détrôner le maire de la ville. Celui-ci, habitué à un monopole électoral absolu ne l’entend pas de cette oreille. Il décide, pour remédier au problème, d’engager un tueur à gage qui – bien que totalement crétin – va peut-être s’avérer très efficace…


Le maire qui vous engagera. Dès le début du jeu, il n’inspire pas confiance… mais venant de la part d’un politicien qui veut se débarrasser de la concurrence, ça semble normal après tout.

Une histoire de tueur professionnel n’est évidemment pas toujours très drôle, pourtant, ici, on a un tueur qui est plutôt décalé et qui a des méthodes particulières… il fallait l’oser, celle-là : rendre des meurtres divertissants. Du coup, le scénario est porté par une touche humoristique qui va bien et qui s’avère originale. Ce n’est pas le genre d’histoire qu’on voit tous les jours.
Le jeu est donc un peu morbide, mais l’ambiance est là, jouant à fond la carte de l’humour.
Une ambiance présente sur tous les points…

Tout d’abord, les graphismes : entièrement faits main, ils témoignent d’un rendu visuel plutôt simple, mais épuré et efficace. Leur style colle parfaitement avec le type de jeu, et reste agréable à regarder ; bien que, sur les maps, les PNJ semblent un peu moins jolis et quelque peu pixelisés. Mais ils collent bien au style graphique.
Ensuite, la bande-son, elle aussi custom, nous immerge bien dans cet environnement urbain un peu « à la Pokémon », dans le style d’une ville totalement typique d’un jeu vidéo : un peu le style « village », mais avec un côté urbain assez prononcé. Cependant, la musique de fond est quand même un peu répétitive.


Le paysage urbain est le seul que vous verrez en vue du dessus : le reste des lieux à explorer proposera une vue de côté, type plateforme 2D.

Les cinématiques font également partie du charme que procure ce jeu : présentes dès l’introduction, elles ont un style « dessin animé »… et sont surtout agrémentées de doublages, chose assez peu fréquente dans le domaine du jeu amateur. D’autant plus que ces doublages sont très variés, et ajoutent vraiment du cachet aux différents personnages.
Les personnages, d’ailleurs, parlons-en : ceux-ci sont pour la plupart assez « cliché », mais en même temps, c’est le but. Et, de ce point de vue, ils jouent bien sur leurs traits de caractère. Entre le maire de style tyrannique qui ne supporte pas la concurrence, sa technicienne de surface qui ne sert qu’à… parler, le noble et sa femme… et j’en passe. Et malgré leur grand nombre, tous ont une voix identifiable ! Par exemple, l’accent de l’immigré d’Europe de l’Est ou son voisin du dessus féru de musculation. Mais s’il y a bien un personnage que sort du lot, il s’agit bien sûr du tueur à gages que l’on contrôle. A l’instar d’un certain Link, il ne parle pas, mais émet différents sons (des sortes de gémissements), qui sont très amusants à entendre, ce qui permet de l’identifier encore plus facilement, et surtout d’être le personnage qu’on retient le plus lorsqu’on a fini le jeu.


La technicienne des travaux ménagers, Raoulette, ne vous fournira que des savoureuses répliques.

Cependant, le jeu ne se résume pas qu’à son ambiance et à sa trame scénaristique ; en effet, il convient de s’intéresser à son principe de manière plus détaillée. Car, certes, le principe, c’est juste de « tuer des opposants », mais ça ne nous dit pas comment on s’y prend : on leur saute dessus à la manière d’un certain Mario ? On engage avec eux des combats au tour par tour ?
Non, non, non, rien de tout ça : en fait, on nous demande juste, par l’intermédiaire d’une boîte de dialogue, si on veut tuer son interlocuteur. Malgré quelques petites subtilités par moments à ce niveau, c’est aussi simple que ça : vous choisissez votre arme, et vous… admirez la manière avec laquelle vous tuez votre interlocuteur (qui est fort détaillée, au passage).

Bon, là, vous devez vous dire que l’intérêt est, du coup, très limité, si tuer ses victimes est aussi simple que faire un bête choix. Mais en fait, c’est surtout au niveau de l’exploration que tout se joue : en effet, d’une part, il vous faudra vous assurer de ne pas laisser la possibilité à vos victimes de contacter la police (entre autres, il faudra couper les lignes téléphoniques) ; et d’autre part, les cibles ne sont accessibles qu’après un certain labyrinthe de visites auprès du voisinage. Voisinage qui, d’ailleurs, ne sera pas toujours coopératif… donc, pour en obtenir ce qui vous intéresse… vous savez ce qu’il vous reste à faire.


Allons allons, même pour le fun, je ne pourrais pas couper n’importe quelle ligne téléphonique ? D’autant plus que je vais devoir y revenir après…

Techniquement, le jeu n’utilise pas de systèmes révolutionnaires et se contente de ceux de base (notamment pour le menu) ; du coup, certaines fonctionnalités ne sont pas utilisées (ou ne sont là que pour amuser la galerie), mais cela convient quand même au jeu, à part peut-être pour un ou deux soucis ergonomiques, comme le fait de devoir passer par le menu pour équiper ne serait-ce qu’une petite clé.
Quant au fun, les « énigmes » qui viendront parsemer notre exploration sont bien trouvées, mais on est vraiment cantonné à suivre un chemin précis, tracé directement, laissant peu de place au choix d’une alternative. Les seules occasions où il est possible de le faire, c’est lorsqu’on nous demande si l’on veut passer du côté « verdâtre » de la force ; mais le plaisir de sortir un peu des sentiers battus est « gâché » par le fait qu’on nous prévienne à l’avance que le choix qu’on va faire aura une influence sur la suite, et qu’on nous conseille de sauvegarder sur le coup. Et si on fait le mauvais choix, on s’en doute tout de suite vu qu’on ne peut plus sauvegarder… ce qui est d’ailleurs très attentionné pour le joueur, mais qui coupe un peu le suspense par la même occasion. Du coup, les mauvais choix sont surtout une occasion de rire un peu en voyant les fins alternatives, mais comme on est aiguillé aussi sec sur la quête principale, ça conforte le côté linéaire du jeu. Heureusement, à ce niveau, la durée de vie du jeu entre parfaitement en adéquation avec le principe proposé : comptez à peu près « seulement » deux heures pour venir à bout du jeu… mais en fin de compte, c’est tout à fait raisonnable, car le jeu fait assez bien le tour des possibilités qu’il offre.


Notez que le voisin du dessous a été -couic- au préalable… il faut croire que la fin justifie les moyens…

Enfin, il convenait quand même de parler de l’aspect humoristique du jeu, car c’est véritablement ça qui en fait son charme.
Et ce, malgré un ou deux couacs : déjà, par le fait qu’il faille tuer les gens « gratuitement » (bon, c’est le maire qui vous le demande et qui vous paye pour ça, certes mais dans le tas, vous êtes obligés de tuer moult innocents par la même occasion, juste pour parvenir à vos objectifs), et que, graphiquement, on voit bien les détails des assassinats (mais de ce côté, ça reste du dessin, hein ; on ne voit aucun corps mutilé « en vrai », et c’est d’ailleurs tant mieux, car ce ne serait plus drôle du tout), il y a de quoi offusquer certaines âmes sensibles (bon, j’avoue, j’en suis un peu une, en fait). De plus, la fin du jeu reste quand même légèrement raciste sur les bords (pas de quoi déclencher les foudres des ONG, certes, mais quand même). Enfin bon, on ne va pas faire un débat sur « Peut-on rire de tout ? », tout dépend du fait qu’on soit réceptif à ce style d’humour ou non.
Cela étant, le domaine humoristique dans lequel joue le jeu est bien maîtrisé. On apprécie notamment les remarques du personnage principal, quelques clins d’oeil au travers des marmonnements de celui-ci (par exemple, Indiana Jones lorsqu’il entre dans les cheminées) et aussi les objets à équiper qui ne servent à rien sauf à faire parler les bavardes (Raoulette, entre autres), et, bien sûr, les différents personnages non jouables qui nous proposent des dialogues savoureux et savoureusement doublés. Finalement, c’est surtout pour cela que l’on retiendra ce jeu : pour son humour et son ambiance décalée.

Conclusion

Une expérience très intéressante, et rafraîchissante sur tous les plans, avec une durée de jeu raisonnable : ni trop courte, ni trop longue (d’une heure et demie à deux heures), on évite d’être lassé en passant un bon moment. Mais quand même, pour les âmes sensibles, il faut prendre tout ça au second degré.
Le jeu a obtenu plusieurs récompenses lors de la session 2011 des Alex d’Or, dont celle du meilleur jeu.

garsiminium

Enchanté, moi c'est garsim. Bienvenue sur mon blog, où je parle de différents sujets, légers comme moins légers.

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