Je vais vous avouer une chose : pendant un long moment, j’étais un peu snob (bon, certains diront sans doute que je le suis encore… mais disons qu’à l’époque, je n’en étais pas conscient), et j’ai eu tendance à mettre sur un piédestal certains types de jeux TV : les jeux basés sur de la culture générale.
Mais bon, aujourd’hui, je ne vais plus systématiquement affirmer qu’un jeu est bon parce que son concept repose sur de la culture générale. D’ailleurs, Tout le monde veut prendre sa place et Trouvez l’intrus peuvent en témoigner… ces jeux ont beau faire appel très majoritairement à de la culture générale, je leur préfère quand même un jeu comme Le mur infernal qui consiste juste à voir des candidats tenter de passer à travers un mur qui leur fonce dessus. Ou sinon, pour citer un jeu d’ambiance mieux conçu, A prendre ou à laisser, qui consiste juste à ouvrir des boîtes pour éliminer des gains, et dont la seule question de culture générale (pour sélectionner le candidat qui va jouer) est généralement une blague.
Mais au-delà de ça… il y a quand même quelque chose qui m’a toujours un peu dérangé dans ces jeux-là, au fond.
Prenons un exemple typique
Pour commencer, je vais parler d’un jeu qui n’est pas un jeu télévisé (du moins à la base, car il a eu droit à des adaptations en jeu TV… que je traiterai peut-être un jour, si j’ai le courage) : le Trivial Pursuit.
Ah, c’est le jeu de société de culture générale par excellence, non ? L’un de ceux auxquels on pense automatiquement quand on évoque ce genre de jeu.
Eh bien, autant être franc : personnellement, ce n’est pas un jeu que j’affectionne particulièrement. Certes, je ne refuserai pas une partie si on me la propose gentiment (… enfin, ça dépendra de la version), mais ce n’est pas moi qui irais proposer spontanément d’y jouer à une soirée jeux de société.
Pourquoi ? Pour plusieurs raisons.
D’une part, parce que son principe est basé quasi-exclusivement sur la culture générale pure… sans aller beaucoup plus loin. On se contente de poser des questions sur six domaines différents, mais c’est tout. Certes, on lance le dé et on déplace les pions sur le plateau, mais c’est tout…
D’autre part, à cause de la durée moyenne d’une partie. A cause de la trop forte dépendance aux résultats des jets de dés, une partie peut paraître interminable. Que celui qui n’a jamais pesté contre un mauvais lancer de dés qui l’a empêché d’atterrir sur une case « Quartier général » ou le centre du plateau de jeu pendant plusieurs tours se manifeste, il mérite la médaille de la patience… surtout quand on répond faux à la question qui nous permet de gagner un point et qu’il faut recommencer.
Et enfin, la version à laquelle on joue. Je n’ai personnellement pas de problème avec l’édition classique et ses thèmes « Géographie / Divertissement / Histoire / Arts et littérature / Sciences et techniques / Sports et loisirs », car la majorité des thèmes me parle… mais la fois où j’avais essayé l’édition de 2004 avec le DVD et des thèmes différents « Télévision / Tendances / People / Musique / Cinéma / Sports et loisirs », j’avais détesté, car je me sentais nul et déphasé avec les centres d’intérêt de cette version-là (malheureusement, le seul thème en commun avec l’édition classique est l’un de ceux qui m’intéressent le moins…).
Ce qui souligne quatre axes de réflexion intéressants, qui synthétisent finalement plutôt bien les problèmes que je peux avoir avec les jeux de culture générale :
- L’aspect « culture générale » pure ;
- Ce qu’on englobe dans la culture générale « commune » ;
- La pertinence des domaines questionnés, selon s’ils nous parlent ou non ;
- Les règles qui enrobent ce concept.
Tu sais ou tu sais pas…
Un jeu de culture générale pure où l’on se contente de poser des questions, sans enrobage particulier, est susceptible de m’ennuyer. Pourquoi ? En fait, la raison est simple.
Basiquement, quand on me pose une question, deux possibilités s’offrent à moi : soit je connais la réponse, soit je ne la connais pas.
Si je ne connais pas la réponse : je ne vais pas trouver ça amusant, puisqu’on va jouer sur mon inculture à ce sujet.
Si je connais la réponse : vu que je ne fais que répondre à quelque chose que je sais, je ne vois pas trop quel sentiment j’en tirerais. La satisfaction d’avoir bien répondu, le fait de pouvoir me la péter sur un sujet ? Admettons… mais bon, je n’ai pas vraiment de stimulation derrière, ni de processus de réflexion poussé, je ne fais que citer une réponse du tac au tac.
A moins de trouver les interrogations scolaires où l’on récite bêtement son cours passionnantes, j’ai un peu de mal à voir où est le fun là-dedans…
Bon, cela dit, je grossis pas mal le trait. Evidemment que ça a de l’intérêt de jouer sur la culture générale, sinon, tous les jeux spécialisés dans ce domaine que j’ai pu critiquer auraient eu une sale note.
Bien sûr, pas mal de choses vont peser dans la balance : la « simplicité » de la question, les choix de réponses possibles, la réflexion derrière… et ce seront ces choses-là qui feront que je trouverai les questions qu’on me pose intéressantes ou non.
La « culture générale », cette notion subjective…
En fait, dans l’expression « culture générale », le terme « général » peut paraître assez présomptueux, finalement.
Bon, il n’est certes pas usurpé non plus ; après tout, avoir une grande culture générale, c’est connaître beaucoup de choses, sur des sujets divers et variés.
En revanche, est-ce que, dans ces circonstances, un jeu TV peut se targuer de vraiment pouvoir questionner votre « culture générale », en abordant vraiment tous les sujets possibles et existants ? Même pour des jeux comme Questions pour un champion qui se veulent éclectiques (au moins davantage que TLMVPSP qui abusait des questions cinéma à une époque…), ça me paraît impossible qu’ils puissent questionner les candidats sur tous les domaines existants.
Tout simplement car certains d’entre eux sont bien trop pointus, ou ne concernent qu’une minorité de gens. Avouez que ça ferait bizarre qu’un jeu demande le nom d’un champion de Mikado des années 90, d’un influenceur qui a 1000 abonnés sur YouTube, ou d’une station du réseau de tramway de Dijon… des informations que des passionnés ou des personnes directement concernées seraient susceptibles d’avoir, mais certainement pas le grand public.
D’où cette « grande » révélation : les jeux de culture générale ne posent des questions que sur ce qui est susceptible d’intéresser la majorité des gens.
Bon, à quelques exceptions près tout de même. En fait, ça dépendra du jeu en question.
Un jeu comme QPUC qui se veut éclectique et pointu osera sans doute aborder des thèmes auxquels on ne pense pas au premier abord, comme le montrent certains libellés des 4 à la suite ; mais derrière lesquels peuvent se cacher des questions plus ou moins accessibles. Un jeu comme Qui veut gagner des millions ? aura intérêt à sortir des questions plus pointues, quitte à aborder des thèmes moins mainstream, pour les questions les plus proches du million d’euros. Un jeu comme TLMVPSP aura intérêt à sortir un thème exotique en finale pour que le champion puisse le refiler au challenger et conserver sa place pas trop difficilement (eh, je n’ai pas dit que ces jeux-là avaient systématiquement des bonnes raisons d’aller chercher des thèmes pointus, non plus…).
Mais globalement, on restera sur des thèmes communs, qui parleront au plus de monde possible. Et le plus souvent, pour les jeux TV, avoir une bonne « culture générale » se résumera à avoir le plus d’intérêt possible pour ces thèmes-là.
De toute façon, personne ne peut se targuer de savoir tout sur tout et d’avoir la meilleure culture générale possible. Vous trouverez toujours un thème, aussi pointu soit-il, sur lequel coller quelqu’un qui le prétend.
Donc ce n’est pas parce que vous êtes nul en sports ou en cinéma que vous avez à rougir…
Et honnêtement, parfois, on peut vraiment se demander l’intérêt de certaines connaissances.
Pour ma part, j’ai beaucoup de mal à trouver de l’intérêt dans tout ce qui est actualité people, car je ne vois pas en quoi c’est censé être important dans la vie, ni en quoi c’est censé me stimuler intellectuellement. Et pourtant, des questions portant sur des faits liés à des people, on peut en trouver dans ces jeux-là.
Je me souviens même d’une émission de TLMVPSP où, pour rebondir sur l’actualité du moment, le thème de la manche 2 était « Le mariage Meghan/Harry »… sérieusement ? On a consacré tout un tiers de l’émission à ça ? C’était jugé si intéressant que ça pour poser 12 questions à ce sujet ? Franchement, ça m’a totalement dépassé qu’on puisse y consacrer autant d’importance dans un jeu TV ! Personnellement, je n’aurais vraiment pas eu envie de potasser un tel sujet si j’avais voulu participer à cette émission (dans le cas très hypothétique où j’aurais apprécié ce jeu, évidemment…), j’aurais eu l’impression de complètement perdre mon temps et gaspiller mon énergie !
Néanmoins, même si c’est plus rare, certains jeux peuvent mettre en avant des domaines de connaissances plus spécifiques, davantage axés sur les thèmes de prédilection des candidats.
En France, l’un des exemples les plus marquants est la finale du Grand Concours (du moins jusqu’en 2016, avant qu’ils ne la remplacent par un format beaucoup plus bateau…), où les candidats pouvaient choisir des questions en rapport avec leur spécialité, qui devenaient de plus en plus difficiles au fur et à mesure que la finale avançait.
Je pourrais aussi citer l’exemple d’un jeu américain nommé Beat the Geeks, qui consistait à affronter des spécialistes de certains domaines : trois de ces domaines communs à toutes les émissions étant généralistes (musique, cinéma et TV), et un quatrième thème variant à chaque émission était plus pointu (les jouets, le hip-hop, Playboy…).
Et enfin, un jeu britannique nommé The Fanatics où trois candidats s’affrontaient chacun sur leur thème de prédilection.
Dans ces cas-là, l’intérêt n’est pas spécialement de proposer de l’interactivité avec le public, mais plutôt de voir des spécialistes briller dans leur domaine de prédilection.
Après, ce n’est pas non plus parce qu’un jeu aborde des thèmes ou des questions plus inattendu.e.s que ça le rendra automatiquement intéressant.
Assez ironiquement, j’ai été plutôt injuste envers Attention à la marche, quand j’y pense ; puisque ce jeu prend plutôt à contrepied ce qu’on a dans les jeux de culture générale la plupart du temps. Dans ma critique à ce sujet, j’avais expliqué que j’avais du mal à trouver de l’intérêt à la majorité des questions posées ; en sous-entendant donc que les informations soulevées par ces questions n’étaient finalement pas plus intéressantes que ça… alors que, pourtant, le fait d’aller chercher des questions plus pointues, auxquelles on ne penserait pas forcément, ça montre qu’on s’intéresse à des sujets moins « mainstream », non ?
Mais bon, voilà : les questions de type « panel de sondage » et la question coquine de la manche 1… la plupart du temps, je m’en tape. Donc même si c’est l’un des seuls jeux TV à poser ce genre de questions, ça ne le rend pas nécessairement plus intéressant à mes yeux…
La « hiérarchie » des connaissances relatives à certains domaines
Néanmoins, bien que les jeux TV proposent une certaine « hiérarchie » au niveau des domaines qui constituent la culture générale (par exemple, vous aurez toujours plus de questions qui porteront sur le cinéma que sur les transports), ces domaines appliquent eux aussi certaines hiérarchies en leur sein.
Et là encore, ce seront les éléments les plus connus qui ressortiront le plus souvent.
Prenons par exemple le domaine de la bande dessinée. Lorsqu’un jeu TV posera une question sur une BD, il y aura de fortes chances qu’elle porte sur les grands classiques type Astérix, Lucky Luke, Les Schtroumpfs, Gaston Lagaffe ou encore le surcoté Tintin (oui, honnêtement, j’ai toujours un peu de mal à comprendre pourquoi cette BD-là est autant adulée par le grand public, alors que je la trouve très ordinaire… mais ce n’est pas le sujet).
Ce ne seront pas les seuls, cela dit (la liste de « classiques » n’est évidemment pas exhaustive) ; mais plus la BD sera connue, plus le jeu se permettra de poser des questions pointues à son sujet. Ainsi, pour une question sur Tintin, on se permettra de poser des questions au sujet de la couverture d’un album, d’un personnage tertiaire, d’un événement particulier… alors que pour une question sur Garfield, on se contentera 95% du temps de demander quel sera son plat préféré (ou réciproquement, de demander quel chat de BD adore les lasagnes…). Pas spécialement parce que l’univers de Garfield est moins vaste (même si c’est effectivement le cas, je pourrais trouver une petite dizaine de questions pas trop pointues en rapport avec cette BD), mais parce que c’est l’un des faits de cette BD que les gens retiennent le plus.
Pour reprendre ce que je disais dans le paragraphe précédent : la « culture BD » qui est montrée dans ces jeux reste subjective. Vous pouvez très bien être un fervent lecteur de BD et en connaître pas mal (ainsi que leurs univers respectifs) ; si les « grands classiques » vous passent par-dessus l’épaule, vous ne pourrez malheureusement pas vous rattraper avec la diversité de ce que vous connaissez, parce que les producteurs et le « grand public » s’en foutent.
Ce qui est au passage bien dommage, car il n’y a pas de corrélation entre la qualité et la popularité, et que certaines œuvres peu connues peuvent s’avérer être de véritables pépites. Soyez donc fier de connaître des œuvres plaisantes et qualitatives, qu’elles soient connues du grand public ou non !
Je pourrais aussi parler de la chanson française, domaine mis à l’honneur par le jeu N’oubliez pas les paroles, et qui a un peu les mêmes problématiques que les jeux de culture générale à ce niveau-là.
Car vous aurez certainement remarqué que certaines chansons passaient plus souvent que d’autres. Et la fréquence des titres diffusés dans cette émission ne sort pas de nulle part, et qu’elle est basée sur des données un peu moins subjectives que les préférences de la production ; en particulier, l’artiste, les ventes de disques, l’impact qu’a pu avoir une chanson, sa représentation dans la culture populaire, etc.
Personnellement, j’aime bien écouter de la musique et chanter (en karaoké ou non), il y a des chansons que je connais particulièrement bien… mais je sais très bien que je n’aurais quasiment aucune chance de gagner quelque chose dans ce jeu si je décidais de participer.
Pourquoi ? Parce que j’ai beau connaître pas mal de chansons francophones, il y en aura toutefois un bon gros tiers dont je sais qu’elles ne passeront jamais dans l’émission, ou alors très rarement, et qui ne me serviront pour ainsi dire à rien. J’ai beau aimer des titres comme Papillon de Voyou, Le Wifi ou Dieu de Liz Van Deuq, Kiki de Alain Serco, Les hommes ne sont plus des hommes de Jo Wedin et Jean Felzine, Salauds de pauvres de Mustang, On te l’avait dit de Voilààààà, Le diable dans la bouteille de Juliette, et j’en passe… ce sont des titres que j’ai découvert sur des stations de radio éclectiques comme Fip ou Nova, qui passent des titres variés mais pas nécessairement connus (et je suis sûr que vous avez fait des yeux de merlan frit lorsque je les ai énumérés) ; et de ce fait, qui ne parleront pas à beaucoup de monde dans une émission qui se veut davantage grand public comme NOPLP. Si on les proposait, il y aurait très, très peu de chances que ces titres-là soient choisis par les candidats.
Et à l’inverse, il y a beaucoup de chansons ou d’artistes jugés « incontournables » qui me font l’effet d’un bol de soupe.
Angèle, par exemple : je respecte l’artiste et ses textes, mais je trouve ses chansons fades et peu mémorables ; et pourtant, on peut l’entendre dans une émission sur dix (… à la louche). Et (attention, préparez-vous à un choc), j’ai beau respecter le travail de Jean-Jacques Goldman, de Céline Dion ou de Johnny Hallyday… il n’y a que deux ou trois chansons de leur part que j’adore sincèrement ; mais pour le reste, je m’en suis lassé ou je n’en ai pas retenu grand-chose. Ca ne veut pas dire que je les trouve mauvais (très loin de là, hein !), mais juste qu’ils ne m’ont pas autant touché que le grand public.
Et personnellement… je n’ai pas envie de « forcer » ma culture musicale, en apprenant des titres très souvent diffusés, mais qui me passent par-dessus l’épaule… quand je ne les déteste pas carrément. Les Champs-Elysées de Joe Dassin a beau être l’une des chansons qui passent le plus souvent en « même chanson », je n’ai absolument pas envie de me forcer à apprendre par coeur la chanson française que je déteste le plus (assez ironiquement d’ailleurs, parce qu’en dehors de cette chanson-là, j’aime beaucoup la discographie de Joe Dassin, en particulier L’équipe à Jojo qui est dans le top 3 de mes chansons françaises préférées…). Idem pour Jour 1 de Louane ou Andalouse de Kendji Girac (bon, pour ces deux artistes-là en revanche, je n’aime pas davantage le reste de leur discographie…).
Bref, j’ai beau aimer la musique de façon générale, j’ai juste la « malchance » d’avoir des goûts musicaux qui diffèrent de la masse. Mais j’estime que ça ne fait pas de moi un « non-mélomane » pour autant, et que je n’ai pas forcément besoin de m’intéresser aux goûts musicaux du grand public pour aimer la musique et me définir comme tel. Tout comme je n’ai pas besoin de m’intéresser à Tintin pour aimer la bande dessinée de façon générale.
Comment exploiter la culture générale de sorte qu’elle soit intéressante ?
Par conséquent… est-ce que ça rend la « culture générale » inintéressante à exploiter dans les jeux TV ? Bien sûr que non !
Déjà, en dépit du côté « mainstream » que je reprochais un peu plus haut, ça permet quand même parfois de faire découvrir de nouvelles choses au public.
Dans le cas de NOPLP, par exemple, j’ai pu découvrir des chansons que je ne connaissais pas forcément, et qui m’ont bien plu : d’une part, car ils passent quand même des chansons moins connues de temps en temps ; d’autre part, car certaines chansons pourtant « connues » ne sont pas forcément de ma génération ou passent sur des radios que je n’ai pas l’habitude d’écouter.
Et dans le cas de pas mal de jeux TV basés sur la culture générale, ça permet aussi d’apprendre certaines choses. On peut même rendre cet apprentissage ludique pour un public plus large, comme l’ont fait des jeux tels que Y’a pas d’erreur ? ou La gym des neurones. Et même dans des jeux très fades comme Trouvez l’intrus, j’ai quand même appris deux ou trois choses que je ne connaissais pas et qui ne sont pas forcément inutiles.
Mais de façon générale, ce n’est pas la culture générale à elle seule qui m’intéresse dans les jeux dédiés à ça. J’en parlais avec le Trivial Pursuit en début d’article : un jeu basé quasi-exclusivement là-dessus a très peu de chances de m’intéresser. Ce qui m’intéresse, c’est la façon de la valoriser et de jouer avec.
Ainsi, Le maillon faible n’est pas un simple jeu où on se contente de poser des questions en rafale, il y a un aspect stratégique et une intelligence collective nécessaires pour gagner le plus d’argent possible. 8 chances de tout gagner consiste certes à poser des questions tout du long, mais de sorte que chaque manche ait un impact recherché sur la finale, ce qui le rend très créatif. Crésus est un jeu conscient du côté fade de poser des questions en continu, et de ce fait met un point d’honneur à les poser d’une façon originale (à l’exception d’une manche rajoutée tardivement qui fait exactement l’inverse…). L’intérêt de Money Drop n’est pas d’avoir systématiquement la bonne réponse, mais de pouvoir garder le plus d’argent possible en le répartissant sur plusieurs réponses (sauf la question finale qui est beaucoup plus ratée, mais bon…).
Et même sans avoir des principes aussi recherchés, ces jeux-là peuvent faire valoir d’autres qualités. Par exemple, le principe de QVGDM n’est pas particulièrement révolutionnaire, puisqu’il s’agit de QCM successifs avec quelques jokers ; mais l’intérêt du jeu réside dans sa dramaturgie, appuyée par une ambiance sonore et visuelle solennelle, et des enjeux élevés. QPUC est un jeu basé uniquement sur la culture générale, mais met en avant une compétition assez intense et soutenue en termes de questions posées entre ses candidats.
A l’inverse, on a certains jeux qui n’ont ni mécanique recherchée, ni ambiance particulièrement marquante.
Ainsi, Trouvez l’intrus est un jeu particulièrement fade, avec une mécanique ultra basique, dont le seul intérêt est d’avoir un peu de culture générale ; et les phases de duel de Chacun son tour n’étant là que pour désigner le candidat qui va jouer avec le billard, on n’a pas cherché à les rendre plus créatives qu’en posant des questions sans aucune particularité notable. On pourrait aussi citer certains jeux comme Boom : gagner ne tient qu’à un fil, où la mise en scène censée compenser le côté réchauffé de la mécanique s’essouffle particulièrement vite ; ou encore, Que le meilleur gagne !, où les questions ne sont presque qu’un prétexte pour montrer des extraits vidéo, des chorégraphies ou (pire !) voir l’animateur vanner les candidats…
Et pour moi, ces jeux-là ont davantage tendance à m’ennuyer, au final. Parce que je ne les trouve pas particulièrement recherchés dans leur mécanique, et presque aussi basiques qu’un Trivial Pursuit dans l’idée.
Après, évidemment, gardez bien à l’esprit que tout cela reste mon point de vue personnel.
Si, pour vous, le simple fait qu’un jeu soit basé sur de la culture générale en fait un bon jeu, tant mieux pour vous.
Moi-même, il m’arrive d’apprécier des jeux comme Y’a pas d’erreur ? ou 100% questions, qui n’ont pas d’autres prétentions que de jouer avec la culture générale ; mais qui, pour moi, arrivent à fonctionner, car ils assument totalement cet aspect-là.
Mais bon, pour moi, ce type de jeu n’a clairement pas vocation à être le jeu du siècle.
La culture générale reste une notion nécessaire
De toute façon, dans tous les cas, et même bien au-delà du simple cadre des jeux TV… la culture générale reste une notion bénéfique et plutôt nécessaire, qu’on est susceptible de retrouver un peu partout.
Même pour des jeux comme Motus, Des chiffres et des lettres ou Mot de passe, qui ne consistent pas à poser des questions et qui mettent davantage à l’honneur la réflexion, la culture générale reste indirectement présente, puisqu’elle permet entre autres d’enrichir son vocabulaire, et de comprendre certaines références culturelles parfois nécessaires pour trouver ou faire deviner certains mots.
Et puis bon, la notion de culture générale reste importante dans la vie de façon générale. S’amuser avec est un aspect très secondaire. Bon, vous pourriez certes bien gagner votre vie en devenant le nouveau Maître de Midi sur TF1 et en ne laissant pas la place vacante durant plusieurs mois, mais ça resterait un plan de carrière particulièrement hasardeux pour qu’il puisse tenir la route convenablement (surtout si la production ne vous a pas à la bonne, vu les trucages grossiers dont ce jeu est témoin…).
Mais de toute façon, connaître pas mal de choses est toujours un plus pour la vie et le quotidien. Si l’on apprend l’Histoire et la Géographie dans le système scolaire par exemple, ce n’est pas dans l’objectif de gagner au Trivial Pursuit, mais avant tout pour comprendre la façon dont la société s’est structurée et pour tirer des leçons du passé. Si l’on apprend les mathématiques, ce n’est pas pour pouvoir frimer devant Bertrand Renard dans DCDL, mais parce qu’on retrouve les maths dans beaucoup d’aspects de la vie quotidienne.
Ce n’est pas pour autant qu’absolument tout ce que l’on apprend à l’école aura de l’importance, cela dit ; certaines connaissances accumulées serviront probablement davantage à vous faire découvrir certaines choses, susceptibles de vous plaire ou non. Vous ne serez peut-être pas amenés à utiliser des logarithmes ou des barycentres au-delà de vos études ; ou bien vous vous demanderez en quoi ces fiches de lecture sur des romans de Flaubert ou de Balzac ont bien pu vous servir, et si ça valait vraiment la peine de vous être infligé des lectures qui vous ont royalement ennuyé (… bon, exemple très personnel, là, je le reconnais).
En fait, comme pour la culture générale dans les jeux, certaines connaissances accumulées seront là principalement pour l’exemple. Certaines notions mathématiques n’auront pas d’application visible de façon immédiate, mais le but est de faire travailler la logique en premier lieu ; étudier tel ou tel livre en soi n’a pas forcément d’importance, ce sera surtout le procédé d’analyse littéraire qui sera jugé (pas de bol en revanche si ça tombe sur quelque chose qui ne vous plaît pas, mais courage, vous pourrez vous faire davantage plaisir après vos études en analysant ce qui vous plaira).
En conclusion : même si c’est important d’avoir un socle culturel commun, il ne faut pas non plus se sentir obligé d’adhérer aux goûts de la masse, ni de se forcer à s’intéresser à des domaines que vous ne jugez pas si importants que ça. Intéressez-vous à ce qui est important pour la vie, puis aimez ce que vous aimez pour votre épanouissement personnel.