Ah, les génériques. C’est l’un des marqueurs d’identité d’un programme, et même l’un de ceux que les gens retiennent le plus. Et pour cause : pour un néophyte qui regarde une émission pour la première fois, il est censé vendre le programme qui suit, d’une certaine façon. Donc il se doit d’en être représentatif, d’une certaine manière.
Aussi, réussir un générique, c’est d’emblée vendre du rêve à son public, et s’assurer qu’il retiendra son nom, au moins pour cet aspect-là ; même si le reste du jeu ne l’intéresse pas plus que ça. En effet, je ne pense (malheureusement) pas que Des chiffres et des lettres soit un jeu si suivi que ça par le grand public, qui trouve sans doute réconfortant que ce jeu existe toujours, mais qui ne se bousculera pas pour le suivre assidûment (après, la façon dont France 3 traite ce jeu depuis plusieurs années n’aide clairement pas à fidéliser le public…) ; en revanche, le générique fait partie de ce que les gens en ont retenu. Vous entendez l’air de Western Patrol ; vous pensez immédiatement au programme. Et pour prendre un autre exemple : si, pour ma part, Attention à la marche n’est clairement pas un jeu que je porte dans mon cœur, j’ai tout de même envie d’allumer ma TV sur TF1 rien que pour profiter de la musique du générique qui déchire (… et de zapper juste après).
D’ailleurs, même si les goûts et les couleurs ne se discutent pas, il peut arriver également qu’un générique soit efficace… en étant pourtant raté.
Pour prendre un exemple qui, je suis sûr, va vous donner envie de me jeter des tomates à la figure : Motus. Je suis désolé, je ne conteste certes pas son côté emblématique ; mais il faut quand même bien avouer que, musicalement, on a quand même un peu l’impression d’entendre un jingle de supermarché (pour reprendre l’expression d’un critique musical que j’avais lu dans un Télé Loisirs il y a fort longtemps)… et visuellement, ça dépend certes des périodes, mais pour certaines ça ne vole pas bien haut non plus. Le dernier en date est d’ailleurs un mini-délire où on voit un avatar de Thierry Beccaro folatrer. Mais pourtant, aussi « raté » que soit ce générique, il marche quand même très bien dans l’esprit des gens ; et là encore, vous entendez la musique, vous pensez immédiatement à ce Mastermind linguistique et aux boules noires.
… ouaip, je ne sais pas ce qu’ils ont fumé pour avoir cette idée de générique.
Bref… qu’est-ce qui peut rendre un générique efficace ?
Le visuel
Visuellement parlant, le générique est censé pouvoir renvoyer une idée de ce qui nous attend. De plusieurs façons.
Notons déjà que certains jeux préfèrent carrément se passer d’un « vrai » générique, et démarrent directement sur le plateau, avec le titre incrusté à l’image et le jingle musical qui va bien (on en reparlera). C’est une façon de commencer in medias res, qui se défend. Après tout, certaines séries aussi se passent de générique (comme Lost), et ce n’est pas pour autant qu’elles n’ont pas marqué leur public.
Ensuite : la teneur du générique, quand il existe donc.
Personnellement, j’ai une nette préférence pour les génériques qui arrivent à « raconter » ce à quoi on va assister, concernant la mécanique du jeu. Car, rien qu’avec le visuel, c’est souvent possible de retranscrire une mécanique dans ses grandes lignes.
Prenons par exemple le générique de La Cible : dans celui-ci, on voit d’abord des images représentant une cible, en insistant sur son cœur ; puis, ensuite, une succession de candidats, qui passent dans un viseur un à un, dans un ordre aléatoire, jusqu’à ce que l’un d’eux se fasse cibler. C’est totalement la mécanique du jeu : des candidats disposés autour d’une cible, qui doivent en atteindre le cœur, mais qui se font sonder un à un, jusqu’à ce qu’ils se fassent éliminer les uns après les autres car ils ont commis une erreur.
Autre jeu du midi, autre exemple : TLMVPSP, version Nagui. Pour le coup, même si je n’aime toujours pas cette version (nonobstant l’existence de la version Jarry – sur laquelle je vais revenir… – qui me l’a faite revoir à la hausse…), s’il y a bien un point que je ne peux pas trop lui reprocher, c’est le côté « pensé » de la direction artistique. Et ça se ressent dans le premier générique du jeu : visuellement, il présente à la fois l’habillage de l’émission, le style visuel, le concept divisé en plusieurs manches avec les éliminations progressives, le côté classe de la position du champion… avec même un souci du détail quant à la représentation du champion selon le genre du champion actuel. Si je ne savais pas que je n’allais pas du tout aimer la suite, ce générique me donnerait clairement envie de continuer à regarder pour en savoir plus.
Cela dit, tous les génériques de type « explication du principe » ne sont pas forcément aussi subtils dans leur illustration.
Par exemple, le second générique de QVGDM montre explicitement une pyramide de gains, ainsi que les jokers mis à disposition. J’ai beau avoir dit que je préférais légèrement ce générique-là au premier, je reconnais que ça ne rend pas le second génial pour autant, parce que ça reste un style d’illustration assez basique. Qui serait peut-être mieux passé en tant que premier générique, d’ailleurs, à l’époque où ce genre de mécanique était encore assez novateur (alors qu’aujourd’hui, c’est devenu assez lambda).
Bon, j’aime beaucoup les génériques de type « présentation du concept » ; cela dit, je reconnais que ce ne sont pas les plus présents non plus.
Souvent, les génériques préfèrent se limiter à des effets visuels, qu’ils soient évocateurs du concept (sans pour autant le présenter) ou qu’ils soient juste là pour faire joli. Ce qui ne les empêche pas de marquer non plus, à l’occasion.
Quand je parle de génériques qui évoquent sans présenter, je pourrais par exemple citer Le maillon faible. Le générique n’est rien d’autre qu’une succession de zooms sur le logo du jeu en mouvement, qui représente les maillons d’une chaîne. Mais ça évoque le côté collaboratif du jeu, et en particulier le fait que pour que celui-ci fonctionne, il faut avoir des maillons solides. On aurait effectivement pu montrer un maillon qui se brise pour appuyer davantage la mécanique… mais bon, ce générique est déjà pas mal comme ça.
Je pourrais aussi citer Les z’amours… mais là, soyons francs : c’est parce qu’il n’y a pas grand-chose à illustrer dans la mécanique. De fait, le générique se contente de montrer un couple arriver vers les studios, ce qui constitue effectivement plus ou moins le concept du jeu. Mais au moins, il le fait avec un style visuel recherché, qui se démarque, et qui rend bien. A nouveau, si je ne savais pas qu’on allait avoir affaire à un jeu assez vide conceptuellement et dont l’intérêt ne repose que sur le fait de savoir comment les couples vivent leur vie, ça me donnerait envie de regarder.
D’ailleurs, même si le premier style visuel fait assez kitsch et très ancré 90’s, je trouve que ça lui va bien.
Après, certains génériques assument le fait de juste être jolis, mais de ne pas raconter grand-chose ni donner d’idée sur le contenu.
Parce que si je vous demande de me décrire le générique de QPUC, vous allez très certainement réussir à me le « chanter »… mais visuellement, est-ce qu’il vous a marqué au point de pouvoir le reproduire mentalement ? Non, hein ? On voit juste de jolis effets faits par des graphistes et des monteurs talentueux, mais rien qui n’évoque un élément emblématique de l’émission.
Et encore, certains se dispensent même de le faire. Reparlons de DCDL… depuis 2016, pour être plus précis. J’ai beau trouver que l’émission a atteint une certaine maturité à ce moment-là, je trouve néanmoins que le générique ne lui rend vraiment pas justice, celui-ci consistant juste en une succession de plans sur… un plateau vide. Plateau de jeu qui ne présente pas le jeu en lui-même, comme le fait par exemple 8 chances de tout gagner avec la présence des huit écrans. Qu’est-ce que je suis censé comprendre de ce générique ? Un message subliminal comme quoi DCDL est de plus en plus vidé de ses moyens humains, à l’instar de ces plans sur le plateau vide ? Visuellement, ça n’a rien d’affreux, d’autant plus que ces plans restent rythmés avec la musique… mais à moins que ma théorie sur le message subliminal ne soit la bonne, ça me donne davantage l’impression d’un choix artistique assez peu inspiré.
… oui, c’est un joli plateau de jeu, mais après ?
Et on a également une autre catégorie de génériques, qui, elle, va surtout se prêter aux jeux qui se veulent davantage… humoristiques. Pour ceux-là, l’idée est simple : véhiculer dès le générique l’ambiance à laquelle s’attendre.
Et à ce niveau-là, ça peut être… contrasté. En fait, j’ai envie de dire que ça va surtout dépendre d’à quel point le côté humoristique va interférer avec le côté sérieux du concept.
Car, pour un jeu comme Burger Quiz, ça n’a au final rien d’étonnant ni de blâmable d’avoir un générique dans lequel on voit des burgers animés émettre des sons, étant donné qu’on va assister à un jeu qui n’est pas à prendre au sérieux.
Et dans un sens, je pense que c’est pareil pour Attention à la marche, même s’il a des ambitions et des enjeux plus élevés. Le fait est que le concept est certes identifiable, mais pas suffisamment fort pour être illustré spécifiquement ; et étant donné que ce jeu fait souvent intervenir ses mascottes virtuelles durant la partie, les introduire dès le générique donne le ton.
Ca a tout de même ses limites : ok, le kitsch du générique de La part du lion peut encore se justifier par le fait que l’émission met très en avant ses délires humoristiques, et que le programme n’a pas grand intérêt en dehors de cet aspect-là… donc en somme, il ne ment pas sur la marchandise, mais d’un autre côté, il ne vend pas du rêve.
Et même si c’est censé être humoristique, je trouve ce gros plan sur Nagui plus flippant qu’autre chose, en fait…
En revanche, pour des jeux qui ont des ambitions plus sérieuses, ça peut devenir vraiment gênant.
Prenons le générique de NOPLP version maestro : dans celui-ci, on peut voir d’emblée les délires qu’on peut avoir dans l’émission, en voyant des musiciens déguisés de façon aléatoire. Le truc, c’est qu’en effet, les musiciens peuvent se déguiser pendant l’émission… mais avec des costumes ou des accessoires en lien avec les chansons jouées ; donc, dans ce contexte, ça peut se justifier. En revanche, dans le générique, ça n’est en lien avec rien de particulier (ça montre même des déguisements et accessoires dont je me demande toujours quelles chansons ils peuvent bien illustrer…), et ça apparaît juste comme un délire aléatoire. Ca n’incite pas vraiment un néophyte à découvrir le programme pour sa mécanique, il va plutôt se dire qu’il va assister à une émission d’ambiance qui ne va pas plus loin que ça.
On ne dirait clairement pas comme ça : mais si, si, c’est bien le générique d’un jeu de culture musicale relativement pointu.
Prenons également le générique de TLMVPSP, mais de la version Jarry cette fois-ci. On voit plusieurs fauteuils s’agiter dans tous les sens, avec des couleurs un peu partout, puis un gros fauteuil arriver de façon imposante avant que le logo n’apparaisse. On m’a signalé que les fauteuils qu’on voit au début sont censés représenter les candidats, et que le gros fauteuil qui s’impose à la fin représente le champion… mais même en gardant ça à l’esprit, pour moi, ça reste juste un énorme délire visuel sans intérêt. Dont le seul but est de dire qu’on va regarder « un jeu d’humeur et d’humour », comme aime à l’appeler son animateur et conseiller artistique… au moins, je ne peux pas dire que c’est mensonger ; cependant, ça me conforte totalement dans mon envie de ne pas regarder ce truc. Alors que la version Nagui, qui reposait aussi pas mal sur son ambiance et son ton détendu, avait, elle, un générique bien mieux conçu que ça.
Cela dit, la notion de « ratage » reste assez subjective. Certains génériques qui paraîtront ratés pour certains mais réussis pour d’autres seront parfois des sujets à l’interprétation.
Comme je le disais dans ma critique de QVGDM, je n’ai jamais été fan du visuel du premier générique, que je trouvais assez prétentieux, en mode « Il a l’air super fascinant notre jeu hein ? C’est pour ça que les gens s’y intéressent ! ». Mais un ami m’avait expliqué qu’en réalité, c’était censé illustrer le côté Qui veut gagner des millions ?, sous-entendu : « Qui est intéressé ? ». Donc, artistiquement, ça restait tout de même pensé ; et je ne peux pas dire que ce générique était raté. Juste que, finalement, il n’était pas aussi pertinent que ça selon moi. Après tout, la première chose à laquelle j’ai pensé en voyant ce générique, c’était plutôt à son côté prétentieux qu’à l’intention artistique probable…
Duuuuuh !
La description verbale
Toutefois, si certains jeux utilisent astucieusement leur visuel pour présenter leur concept ; d’autres se content plutôt de le présenter verbalement, via une voix-off incrustée dans le générique.
A ce titre, citons par exemple APOAL, pour lequel je me souviens encore verbatim du premier générique : « 22 boîtes. 22 gains, allant de un centime d’euro à 500 000 euros. 22 candidats représentant les 22 régions françaises. C’est A prendre ou à laisser, présenté par Arthur. ». Je pourrais aussi citer Crésus ou 1 contre 100… et c’est là que je me rends compte que c’était finalement surtout la marotte des jeux de TF1 de procéder ainsi. Il y a également d’autres jeux qui font de même comme LMF, mais cette fois-ci dans leur pré-générique (j’y reviendrai), ce qui revient un peu au même dans l’idée.
Je vous avoue que c’est une façon de faire dont je suis moins fan.
Comme je l’insinuais, je trouve plus créative la façon de faire qui passe par le visuel, qui a dû nécessiter plus de travail et d’inventivité que de juste « bêtement » se contenter de faire réciter un texte par voix-off. Voix-off qui ne récitera en tout et pour tout son texte qu’une seule fois, et qu’on pourra ressortir de façon surgelée pour chaque générique…
En outre, ça risque de faire un peu doublon avec la suite du jeu. Généralement, l’animateur va quand même rappeler les règles après, d’une façon plus explicite. Le fait de le faire dans le générique d’une façon plus concise est surtout là pour accentuer le côté « vendeur », à l’instar de la quatrième de couverture d’un livre, qui sera volontairement formulée de sorte que le lecteur ait envie de savoir ce qui va se passer plus en détail. Mais bon, regarder un jeu TV n’est pas aussi chronophage que de lire un livre, et généralement il n’y a pas besoin d’attendre plus de 5 minutes avant de savoir à quoi on va s’attendre.
Et puis… oui, le principal problème, c’est que pour un jeu qui s’est installé, au bout d’un moment, ça devient surtout lassant d’entendre l’émission commencer toujours de la même façon. Certains diront que c’est un gimmick récurrent qui aide à marquer l’identité d’un jeu, à l’instar d’un « Zéro plus zéro la tête à… TOTO ! » dans TLMVPSP (ne me demandez pas pourquoi j’ai cité cet exemple-là, mais c’est le premier qui m’est passé par la tête…) ; mais personnellement, j’y vois plutôt de la paresse intellectuelle…
En fait, ça peut rester intéressant pour un jeu qui vient d’être lancé, qui a besoin de se faire connaître, et de fidéliser du public, afin que les spectateurs aient une idée de ce à quoi s’attendre dès les premières secondes. Mais bon, une fois que le jeu est rentré dans l’esprit des gens… a-t-on vraiment besoin de continuer à y recourir ? Non, hein ? J’imagine que c’est pour cette raison-là qu’APOAL a fini par abandonner cette pratique au bout d’un moment…
Enfin, je suis un peu dur avec cette façon de faire, surtout quand je disais que la voix-off répétait tout le temps la même chose.
Dans le cas de 1 contre 100, elle avait un discours plus varié, puisqu’elle permettait également de faire un résumé de l’émission précédente et d’expliquer où on en était, ce qui était très pratique dans le contexte feuilletonnant de l’émission. C’est peut-être l’un des rares cas où je trouve cette façon de faire assez pertinente.
Et puis même quand ce n’est pas le cas, ça n’a rien d’affreux en soi. Ca peut même aider à rendre le générique un peu plus mémorable, après tout comme je le disais j’avais encore verbatim le texte récité dans le générique d’APOAL une vingtaine d’années plus tard.
D’ailleurs, pour citer un exemple pertinent, dans les génériques de QPUC jusque 2001, la voix-off présentait également les candidats, et le gain du champion en titre.
Sinon, avant de passer à la suite, parlons vite fait du cas de Pyramide, durant certaines saisons, où l’on entendait parfois la voix-off Néfertiti parler pendant le générique, et continuer une fois sur le plateau. C’est un peu hors-sujet, mais j’ai l’impression que je devais quand même le mentionner…
Parce que Néfertiti ne se contentait pas d’expliquer le principe, comme pour tous les exemples cités précédemment (et heureusement, sinon, vu la complexité du jeu, ce générique aurait duré 10 minutes… oui, on peut aussi tourner en dérision ce qu’on aime !) ; mais plutôt de faire un mini-délire de présentation des différents acteurs du programme. Comme ce que faisait Pierre Galibert dans La Cible, mais en attendant cette fois-ci que le générique se termine pour le faire.
A ce niveau… pourquoi pas. Je trouve légèrement dommage de parler par-dessus la musique du générique de Pyramide qui est bonne en soi, mais ça contribue à donner de la vie au programme. Et, pour le coup, le côté « vivant » de Pyramide est l’un des éléments qui me font autant apprécier cette émission. En outre, le fait que Néfertiti ne prononce jamais deux fois la même chose nécessite plus de travail d’écriture que les voix-off qui ne récitent leur texte qu’une seule fois et basta…
… ah ben oui, forcément, les images ne produisent pas de son, donc vous n’entendrez pas Néfertiti parler par-dessus l’image.
Les séquences pré-générique
Alors, je triche peut-être un peu ici, parce qu’il ne s’agit pas du générique à proprement parler ; mais plutôt d’une extension de celui-ci.
Certains jeux, en effet, ne démarrent pas directement avec le générique, ni même en conditions sur le plateau ; mais par une petite séquence où l’on voit généralement l’animateur discuter. Je pense notamment à La roue de la fortune, où on voyait Christophe Dechavanne et Victoria Silvstedt faire un petit délire avant le lancement du générique, pour appuyer l’ambiance du jeu ; ce qui n’était donc pas injustifié dans le contexte.
Dans un autre genre, j’ai également souvenir de quelques saisons de QPUC avec Julien Lepers, où l’on voyait l’animateur dialoguer un peu avec les candidats. J’imagine que l’idée était de donner un côté un peu plus chaleureux… mais honnêtement, quand on sait qu’en coulisses, Julien Lepers n’était pas aussi cordial qu’à l’écran, ça sonnait un peu faux. D’autant plus que la version Samuel Étienne s’en passe très bien, et véhicule mieux le sentiment de proximité animateur/candidats.
Mouais, ça sonnait un petit peu faux, personnellement. Même si dans l’idée, pourquoi pas.
Autre exemple, où cette fois-ci l’animateur n’est pas impliqué : LMF. Dans ce pré-générique, on recourt à une voix-off, sur le même modèle que j’ai expliqué plus haut ; mais visuellement, on voit les candidats en coulisses, en train de se découvrir (euh, non, pas dans le sens où ils se mettent à poil, mais dans le sens où ils se disent bonjour) dans une ambiance cordiale. Ce qui montre un moment où ils sont ensemble, avant de passer au début du jeu, où ils devront à la fois collaborer mais également se diviser. Bref, ce pré-générique est là pour contraster le contenu de l’émission.
Autre exemple également dépourvu d’animateur : Qui est qui ?, saisons plus tardives. Ici, on voit les « cobayes » arriver en courant via un couloir, se présenter rapidement, et être envoyés sur le plateau par une personne de la régie. C’est une façon de présenter le jeu in medias res, et de souligner son dynamisme (… même s’il n’en avait pas forcément besoin pour ça, puisqu’il possédait déjà la musique de générique la plus entraînante du monde, mais on en reparlera).
Néanmoins, s’il y a bien un domaine dans lequel ces pré-génériques semblent presque devenus incontournables, c’est celui des jeux d’aventure.
Pour des jeux feuilletonnants à la Koh-Lanta ou Pékin Express, démarrer par un monologue de l’animateur, c’est le moyen d’appuyer le nouvel environnement géographique, de sortir pléthore de qualificatifs pour décrire la nouvelle saison à laquelle on va assister, j’en passe et des meilleures. Et je reconnais que ça apparaîtrait comme un manque de ne pas avoir de séquence comme celle-ci. Bon, les mélioratifs du genre « Pour la première fois dans l’histoire du jeu », je trouve ça ridicule et je considère que c’est surtout une façon de se la péter… mais pour certains, ça fait partie du charme.
Cependant, s’il y a un cas davantage atypique à ce niveau-là, c’est celui de Fort Boyard. Selon les saisons, il n’a pas toujours eu de pré-générique : et les périodes notables où il en a eu un sont 1998-2002, 2010, et à partir de 2011.
En 1998-2002, ce pré-générique servait surtout à présenter les équipiers et à souligner le rôle du capitaine ; ce qui permettait d’appuyer le côté « équipe ». De plus, le rendu était fluide, ce qui rendait ce pré-générique plutôt agréable à regarder.
En 2010… à l’image de la saison, c’était surtout pour appuyer le montage et l’état d’esprit « à la Koh-Lanta« . Vu que ce fut le pire point de la saison en question, inutile de préciser que ce pré-générique n’était pas une bonne idée lui non plus…
Et à partir de 2011, la volonté est surtout d’appuyer le storytelling de l’émission. Idée louable en soi… mais qui va vite montrer ses limites. A l’instar de beaucoup d’autres cinématiques, ces pré-génériques, qui resteront identiques pendant toute la saison, vont être très vite répétitifs. D’autant plus que le message ne varie pas beaucoup non plus de saison en saison : le Père Fouras tient à protéger son trésor en mettant les candidats à rude épreuve, bla bla bla. Honnêtement, à part la tentative de mettre ça en chanson en 2018 (ce qui pouvait mieux se prêter à une trame répétitive qu’un discours surgelé), ça n’aura fait qu’accentuer le sentiment de lassitude…
Bon, je vais arrêter de parler de Fort Boyard pour cet article, parce que je suis en train de me dire que je pourrais faire un article à part entière rien que sur les génériques de cette émission.
N’empêche que si seulement la prod des années 2010 avait mis sa créativité à meilleur escient, par exemple pour faire une mécanique qui tienne la route plutôt qu’un visuel stylé…
La musique
Davantage que le visuel, s’il y a bien un élément qui va marquer l’esprit des gens, ce sera la musique.
Aussi, qu’elle soit réussie ou ratée, l’important est surtout qu’elle soit « catchy » ; parce qu’ainsi, elle se retient, et fait également se retenir le jeu en question.
Donc, oui, même si je trouve que le générique de Motus fait très « jingle de supermarché »… le fait est que je l’ai en tête, et que je ne peux pas le dissocier de l’émission.
Et à ce niveau, je trouve que le champion toutes catégories est le générique de Qui est qui ?, qui est vraiment le plus entraînant que je connaisse. C’est bien simple : c’est sans doute le seul sur lequel je pourrais danser sans être bourré… ce qui ne m’arrive jamais, vu le peu d’alcool qu’il m’arrive de boire.
Cela dit, ça ne veut évidemment pas dire qu’on peut se permettre de rater une musique sous prétexte qu’on va la retenir quand même.
Par exemple, le générique de Mot de passe version Sabatier m’a très rapidement gavé. Personnellement, j’ai vraiment beaucoup de mal avec les génériques qui reposent sur un sample en quatre notes, comme celui du JT de France 2 de 2006… ils deviennent très vite répétitifs et lassants. Ce n’est clairement pas plus mal que la version Boccolini de l’émission ait cherché à réorchestrer l’air pour moins insister sur ces quatre notes.
Je ne regrette vraiment pas que ce générique ait fini par changer d’ailleurs, visuellement ce carré rouge était moche, et le « tin tin tin tiiin » qui l’accompagnait ultra répétitif.
Mais outre le côté « catchy », qui convient surtout pour les jeux davantage axés « ambiance », la musique peut également prendre une forme qui va davantage souligner les ambitions du jeu.
Ainsi, Le grand concours, qui se voudra plus solennel, va plutôt avoir un générique en adéquation avec ses ambitions (… oui, je pars de l’hypothèse qu’on parle du programme quand il tirait son meilleur parti de sa formule, donc ce ne sera par exemple pas valable pour la catastrophique version Sublet), à savoir une musique plus majestueuse, voire crispante pour souligner le côté « concours ». Ou encore Le maillon faible, dont la musique du générique retranscrit plutôt bien le côté « froid » du jeu lui-même.
Et, encore une fois, pour les jeux d’aventure, ce sera un élément à ne pas négliger, puisque la musique du générique doit véhiculer l’exotisme, le frisson, les fortes ambitions du programme, etc. Pas forcément tout à la fois, mais elle doit cocher au moins l’une des cases. Ainsi, Pékin Express et Fort Boyard privilégieront plutôt le côté grandiloquent et solennel soulignant les ambitions, tandis que Koh-Lanta et La carte aux trésors préfèreront souligner l’exotisme et le sentiment de dépaysement procuré.
Bon, honnêtement, n’étant pas mélomane, je n’aurais pas grand-chose à développer de plus à ce sujet. Je pourrais parler d’instrumentations, de rythme, de tempo, etc. mais honnêtement, je n’ai aucune légitimité là-dessus. Tout ce que je pourrais dire, c’est « ça sonne bien », « j’aime/je n’aime pas », etc.
Notons toutefois que, lorsqu’un programme évolue avec le temps, s’il est davantage susceptible de changer radicalement son visuel de temps à autre, c’est beaucoup plus rare en ce qui concerne sa musique. Généralement, on se contente de remixer l’original pour qu’il reste dans l’air du temps, ou qu’il corresponde davantage à un nouvel état d’esprit du programme ; mais on ne le change pas, car ça reste un marqueur encore plus emblématique dans l’esprit du public.
Ainsi, DCDL a beau exister depuis plus de 50 ans et avoir connu une bonne poignée de visuels différents au niveau du générique, musicalement en revanche c’est toujours une variation de Western Patrol qui l’accompagne.
Mais comme toute règle a des exceptions, donnons quelques exemples plus ou moins réussis.
Chose rare, lorsque Les z’amours avait changé de générique en 2002, il avait aussi opté pour une musique différente de la précédente. Pourtant, je dirais qu’aussi bien l’ancienne musique que la nouvelle se retenaient bien. Le style restait le même : dans les deux cas, on associait ces airs à une émission qui allait parler d’amour.
Néanmoins, la transition est parfois plus discutable. Ainsi, 100% Question avait, en plus d’un changement d’habillage visuel et de plateau, opté pour une musique différente lors de sa dernière saison. Même si elle se laisse écouter et convient plutôt bien au visuel mis en place à ce moment-là, je ne pense pas que ce fut une bonne chose en termes d’identification. Cela étant, vu que France 5 avait placardisé l’émission à ce moment-là, c’était possible qu’on ne se soit pas posé la question de la pertinence de faire ainsi…
Bon, il n’y a pas la musique, mais le changement de style visuel était un peu du même acabit…
Mais l’un des pires exemples me venant à l’esprit est celui d’Une famille en or, version Dechavanne… et, honnêtement, c’était un exemple très raté.
Jusqu’en 1999, la musique du générique de UFEO était composé pour l’occasion, et nonobstant un remixage en cours de route, il était suffisamment reconnaissable pour marquer les esprits.
En revanche, lors du retour du programme en 2007, a préféré le remplacer par We are family, chanson du groupe Sister Sledge. Bon, je comprends l’idée : comme on parle d’un jeu au sujet de familles, on prend une chanson qui parle de famille elle aussi… mais artistiquement, ça ne vaut rien. La chanson est correcte, oui, mais c’est surtout la décision d’avoir opté pour une chanson qui est blâmable. Outre le fait que le rapport entre la chanson et l’émission manque de subtilité et fait très « rentre-dedans », c’est surtout le fait d’abandonner une musique originale pour un tube quelconque qui rend le processus très pauvret artistiquement. En plus, ça devient très lassant d’entendre du « We are family » à toutes les sauces, à la longue.
Ce n’est vraiment pas mieux que le breakfiller de France 3, qui était accompagné jadis de world music intemporelle, pour être finalement remplacée par One day baby we’ll be old de Asaf Avidian, soit le tube du moment qui ne marquera pas autant les générations. En plus, j’y vois presque une forme d’auto-dérision, sous-entendu « On est une chaîne de vieux, vous nous regarderez donc forcément un jour »… mais je digresse, le breakfiller de France 3 n’étant pas un jeu TV (mais j’avais quand même envie d’en parler, ne serait-ce que pour rendre hommage à l’ancien qui ne méritait pas de finir à la poubelle).
D’ailleurs, j’ai l’impression que les producteurs en étaient conscients, puisqu’un an plus tard, la musique a été remplacée par un instrumental rythmé… mais assez impersonnel, trop pour que puisse l’associer à cette émission-là. Ca restait certes légèrement plus recherché dans l’idée qu’une bête reprise de We are family ; mais franchement, aussitôt écoutée, aussitôt oubliée pour moi…
Et assez ironiquement, on a fini par réentendre le générique original… dans Family Battle de Cyril Hanouna, en 2017. Assez ironiquement, dans la mesure où je ne comprends pas du tout pourquoi avoir changé le nom de l’émission si c’était pour surfer sur la nostalgie avec ce générique… une question de droits ? Même si là encore, ça me semblerait très bizarre d’avoir les droits pour la musique mais pas pour le titre…
D’ailleurs, pour parler de génériques pré-mâchés d’une autre trempe que celui de UFEO version Dechavanne, je pourrais aussi citer celui de… Trouvez l’intrus, jeu pour lequel je n’ai décidément vraiment pas beaucoup de qualités à lui attribuer si même le générique est raté.
Pourquoi je dis qu’il est prémâché ? Parce qu’il se contente bêtement de reprendre celui du jeu Le coffre. Jeu qui a dû certes être un peu oublié avec le temps, et pour lequel le grand public n’a pas dû faire gaffe au fait que le générique n’était pas inédit… mais pour ceux qui s’en souviennent, ça appuie vraiment le manque de personnalité et le côté remâché du jeu en lui-même. En plus de ne pas être approprié à l’ambiance de Trouvez l’intrus…
Conclusion
Bon, contrairement à la plupart de mes articles thématiques, je ne peux pas dire que réussir un générique est un élément important à prendre en compte pour faire un bon jeu télévisé. Après tout, il ne va pas affecter la qualité du jeu lui-même, ni l’appréciation qu’on peut en avoir : certains jeux que j’ai détestés comme AALM ont pourtant un générique que j’adore, d’autres jeux que j’ai appréciés comme Mot de passe ont un générique que je n’aime pas, pour certaines émissions mon appréciation du générique et du jeu intrinsèque sont à peu près les mêmes… en soi, le générique est surtout un élément un peu « bonus » à prendre à part, à prendre comme un prolongement du jeu en lui-même. Un prolongement de la charte graphique, de la bande originale, voire de sa trame narrative… mais ce n’est pas une obligation non plus.
Toutefois, c’est toujours plaisant de voir des producteurs, monteurs, graphistes ou compositeurs inspirés, qui sont fiers de leur travail, fiers de l’identité qu’ils ont cherché à donner à leur émission, jusqu’à montrer tout ça via le générique. Souvent, il peut se traduire comme une marque de passion, qui donne envie de suivre le jeu, car on se dit qu’il cherche à se démarquer, et qu’il promet un contenu qui donne envie d’être regardé. Et faire monter la hype avant de regarder le programme, c’est plonger le spectateur dans un bon état d’esprit pour qu’il puisse être pris dedans très rapidement.
Donc si réussir un générique n’est en rien une obligation pour faire un jeu de qualité, ça reste tout de même un plus non négligeable pour enthousiasmer le spectateur.