Ah, Motus. Un jeu TV que j’affectionne particulièrement et qui mérite son statut culte, mais malgré toute mon affection, il avait quand même quelques défauts que je vais détailler ici. Euh… pardon ? Ah, mince, les critiques de jeux TV, c’est pas dans cette section du blog, désolé. Rendez-vous à côté pour que je parle plus en détail de Motus.
Cela dit, on va quand même en parler un petit peu ici, vu que le jeu d’aujourd’hui est une adaptation de Motus, dans un univers plus précis.
Au passage, j’en profite pour signaler un point assez rare dans les jeux amateurs (enfin, ceux que je connais) pour être signalé : le jeu est multijoueur ! En local, certes, mais si vous avez un ami ou un proche avec qui jouer, ça peut toujours être amusant.
Auteur : Shai-la
Année : 2011
Support : AGS
Langue : Français
Choisissez votre Seigneur parmi les huit disponibles, et partez attaquer vos adversaires en trouvant le mot caché. Plus le nombre de lettres est élevé, plus vous gagnerez d’or. Avec le butin, améliorez votre château et obtenez des créatures plus puissantes pour vous défendre. Parviendrez-vous à acheter la Statue Sacrée qui vous consacrera Seigneur des Huit Royaumes ?
Avant de parler de la partie « Motus » en elle-même, parlons un peu du contexte du jeu et de son univers.
Le jeu vous propose donc de choisir des seigneurs, mais ce qui n’est pas précisé dans la description, c’est :
- Le nombre de seigneurs : vous pouvez jouer seul, ou jusqu’à huit joueurs.
- Le type de joueur : humain ou intelligence artificielle.
Ainsi, il est possible d’avoir plusieurs possibilités de combinaison : si vous êtes seul, vous pouvez choisir un joueur humain et vous accompagner d’autres joueurs contrôlés par l’ordinateur (ou pas ! Vous pouvez aussi jouer tout seul.) ; si vous êtes plusieurs, vous pouvez vous défier avec plusieurs joueurs humains.
Chaque joueur se voit attribuer un terrain, qu’il faudra meubler (moyennant finance, bien sûr). Il y a trois types d’aménagements :
- Les bâtiments (taverne, auberge, bibliothèque) : chaque bâtiment acheté vous donne plus de temps pour réfléchir.
- Les unités : chaque unité a un niveau qui correspond à un nombre de lettres. Par défaut, vous avez une unité de niveau 6, que vous pouvez améliorer en dépensant un peu de sous pour augmenter son niveau. Ainsi, ceux qui voudront vous attaquer devront essayer de trouver des mots de plus en plus longs… et par conséquent, plus difficiles.
- La statue sacrée : ne peut être achetée que si on a déjà acheté tout le reste. L’acheter revient à gagner la partie.
Forcément, au début, c’est un peu spartiate.
Un tour se déroule ainsi : le joueur peut déjà commencer à aménager son terrain, avant d’attaquer un château. De là, deux possibilités se présentent :
- Le château est inoccupé : mais il est quand même habité par des créatures, de niveau aléatoire (de 6 à 12). Vous pouvez choisir de les attaquer, ou d’aller voir un autre château. Le niveau correspond, là encore, au nombre de lettres du mot à trouver. Si vous y arrivez, vous gagnez de l’or ; et plus le mot était long, plus vous devenez riche.
- Le château est occupé par un autre joueur : il est défendu par ses unités, dont le niveau correspond à ce qu’il a acheté jusque-là (cf. ce qui a été dit précédemment). Si vous trouvez le mot caché, vous pouvez piller votre adversaire ! Mais attention, le montant de ce que vous lui volez est lié au nombre de lettres du mot que vous aviez à trouver (ce serait trop facile sinon).
Et à la fin du tour, c’est au joueur suivant de jouer.
Bon, sinon, on va peut-être finir par parler de la partie Motus, non ? Cela étant, est-ce bien nécessaire ? Après tout, c’est un jeu culte bien installé dans les fins de matinée de France 2, qui n’est pas prêt de… ah ? Vraiment ? Il a été déprogrammé ? Parce qu’il y avait soi-disant trop de jeux de plateau sur la chaîne ? Mais quelle est l’andouille qui a osé faire ça sous un prétexte aussi débile, alors qu’1 heure plus tard Tout le monde veut prendre sa place aurait 100 fois plus mérité de dégager ?!
Oups, pardon, je m’égare. Mais du coup, ça va être une raison de plus de le rappeler.
Le principe du Motus consiste donc à trouver un mot d’un nombre de lettres donné, commençant par une lettre donnée (elle aussi) en un nombre maximum de tentatives. Ici, le nombre de tentatives est supérieur à celui du jeu télévisé (9 au lieu de 6), et le nombre de lettres va dépendre des monstres affrontés.
Pour chaque tentative, l’ordinateur vous indique les lettres :
- bien placées, dans un carré rouge ;
- présentes dans le mot, mais mal placées, dans un cercle jaune ;
- absentes du mot, sans changement dans la forme.
A vous de déduire de quel mot il peut s’agir.
Notez que, dans cette version, vous n’êtes pas sanctionnés pour un mot trop long ou trop court, on vous le signale tout simplement. A vous d’en mettre un de la bonne taille à la place. En revanche, si le mot n’existe pas, ça compte comme une proposition perdue.
Par ailleurs, contrairement à Dread Mac Farlane apprentie pirate, vous n’avez pas besoin de vous restreindre à un champ lexical particulier, tous les mots du dictonnaire (enfin, presque… on y reviendra) conviendront.
Et ce mot-là, je peux être fier de l’avoir trouvé.
Il s’agit donc d’un Motus avec une dimension stratégique. L’idée de « combattre » avec des grilles de Motus est bonne, bien qu’en pratique, lorsqu’on joue en multijoueur, il y ait peut-être un risque de lassitude lié au fait de devoir attendre qu’un joueur trouve son mot avant de poursuivre. Attente qui n’a pas lieu lorsqu’on joue avec des IA, étant donné qu’on nous épargne leur réflexion lorsqu’il s’agit de trouver un mot. Attente qui n’a pas lieu non plus lorsqu’on joue vraiment tout seul… mais dans ce cas-là, c’est un peu dénué d’intérêt il faut l’avouer, autant prendre un jeu de Motus simple.
Les IA, parlons-en justement ! En fait, elles n’interviennent que du côté « stratégique » du jeu, autrement dit vous ne les verrez jamais essayer de deviner un mot. Et du côté stratégique, elles sont peut-être un peu limitées, car elles sont essentiellement basées sur de l’aléatoire. Le château qu’elles vont attaquer est déterminé presque au hasard, le fait qu’elles « gagnent » un combat est basé sur une certaine probabilité, et elles ne sont pas toujours pressées d’aller acheter des bâtiments ou des unités lorsqu’elles en ont la possibilité. Et à l’inverse, elles peuvent aussi revenir chez elles, même quand elles n’ont pas assez d’or pour acheter quoi que ce soit… bref, bien qu’elles permettent d’égayer les parties en solo ou d’introduire une petite dose de fun supplémentaire en multijoueur, ce n’est pas forcément le nec plus ultra, et il est généralement peu probable que ce soit elles qui gagnent.
Malheureusement, ça s’invite quand on ne s’y attend pas, mais le jeu possède aussi quelques bugs (pas trop, heureusement, et généralement pas bloquants non plus) :
- D’abord, on pouvait s’y attendre avec une adaptation d’un jeu de lettres sur ordi (ou en console), certains mots ne sont pas reconnus. Mais parfois, ce ne sont pas des mots qu’il faut aller chercher bien loin… bon, un peu quand même. Par exemple, le mot « COUDRAIE » : certes, personne n’utilise ce mot couramment, et la plupart des gens ne sait certainement pas qu’il s’agit d’un lieu planté de coudriers (ni qu’un coudrier, c’est tout bêtement un noisetier). Pourtant, dans le jeu télévisé, c’est (à 99% de chances) le premier mot qui est proposé lorsqu’il s’agit de trouver un mot commençant par « C » ! La raison est tout simplement qu’il contient presque toutes les voyelles possibles. Et pour ma défense, certes, je peux sortir des mots que je ne connais pas, mais le jeu peut lui aussi faire de même, donc bon…
- Ensuite (bon, il faut le deviner, et de plus il ne risque pas d’arriver tant que ça), il ne faut pas lancer de partie avec huit joueurs, tout simplement car au bout d’un moment, il n’est plus possible de gagner d’argent. Bon, cela étant, je ne pense pas qu’il y ait des gens intéressés pour jouer à huit. Mais si on veut tout remplir avec des IA, attention à laisser au moins un château vierge…
- A propos de châteaux vierges, il est toujours possible d’en ressortir si on ne veut pas combattre avec la créature qui est dedans. Mais il est également possible d’y revenir tout de suite après. Et là, surprise : la créature qui y était n’est plus la même… un bug non gênant (au contraire, ça épargne de devoir se déplacer vers un autre château, d’autant plus que les déplacements sur la carte sont parfois un peu longs), mais pas très cohérent non plus.
- Enfin (et là, c’est vraiment le plus embêtant), il ne faut jamais jouer avec « le marécageux » en IA, car, au lieu d’être doté de 80 Or comme tout le monde au départ, il possède une somme particulièrement élevée, suffisamment pour pouvoir tout acheter, jusqu’à la statue sacrée… ce qu’il ne se prive pas de faire. Ainsi, le jeu vous annonce qu’il a gagné (que vous avez perdu…) et s’arrête brutalement avec un message d’erreur.
Mais si, je te dis que ça existe, « anxiogènes » !
Outre ces remarques un peu désagréables, concluons sur une note positive non négligeable que Shai-la travaille toujours avec soin : l’ambiance !
Graphiquement, même si les décors et les personnages viennent de « Heroes of Might & Magic 3 », c’est beau, les animations sont bien faites, et la police de caractères correspond bien à l’ambiance du jeu. On pourrait cependant toutefois regretter que, sur un cercle jaune, les lettres soient moins lisibles.
Quant à la bande son et aux effets sonores, rien à redire non plus. Ils se laissent entendre et sont bien adaptés au jeu.
Et il ose me refuser « anxiogènes ». Parce que « paludamentum » sonne plus compliqué peut-être ?
Allez, pour la culture, c’est un manteau pourpre qui était porté par les généraux et les empereurs romains.
Conclusion
Un jeu créatif et ludique, qui peut même être partagé à plusieurs, dans une ambiance typique des jeux de Shai-la. Une autre façon de jouer au Motus…