Je crois bien que c’est l’un des plus vieux jeux que j’ai pu tester. Et pour cause, c’est l’un des jeux vidéos auxquels je jouais quand j’étais… bien plus jeune. Et le fait de l’avoir retrouvé une dizaine d’années plus tard me rendait nostalgique…
Mais bon, la nostalgie ne va pas non plus me faire considérer ce jeu comme irréprochable, d’autant plus que déjà à l’époque, certains de ses niveaux me convainquaient beaucoup moins.
Néanmoins, alors que je jouais à une version adaptée pour Windows dans ma plus tendre enfance, l’existence d’un portage disponible sur la plateforme Steam m’a permis d’en redécouvrir certains aspects.
Le test porte sur la version téléchargeable sur Steam.
Brièvement, il s’agit de l’histoire d’un nerd lycéen nommé Chip McCallahan qui a recontré la Prodigieuse Mélinda (Melinda The Mental Marvel) au laboratoire de sciences de l’école. Il doit naviguer à travers le centre communautaire (clubhouse en anglais) qui est une suite de puzzles afin de prouver qu’il est à la hauteur pour être membre du très exclusif Bit Buster Club (qui pourrait être traduit par Club des Résolveurs de Bits).
En fait, l’histoire n’a pas vraiment d’importance dans le jeu, car il n’est pas vraiment nécessaire de la suivre pour finir le jeu. Elle apporte plutôt un cadre aux différents niveaux.
Jeu d’époque typé arcade oblige, il n’y a pas beaucoup d’emphase sur la progression scénaristique en cours de jeu ; toutefois, tous les dix niveaux, vous aurez un rappel appréciable de la trame scénaristique avec quelques petits messages au sujet de la progression de Chip.
Les tutoriels des premiers niveaux vous familiariseront avec le gameplay.
Avant de passer aux aspects techniques, je me dois de préciser que ce jeu a eu droit à plusieurs versions. La version de base est la version Lynx ; par la suite, le jeu a eu droit à un portage sur Windows ; et il est désormais possible de le trouver sur Steam, dans une version plus proche de la version Lynx d’origine, mais qu’il est possible de paramétrer.
Ainsi, sur cette version (qui fera l’objet de ce test), vous pouvez choisir les réglages originaux, les réglages de la version Windows, ou même importer des réglages personnalisés.
Ces réglages auront principalement un impact sur l’expérience visuelle et sonore, le gameplay restant à peu près le même dans tous les cas ; ce qui n’a en revanche pas été le cas pour le portage Windows de l’époque, où des différences de gameplay avec un impact sur certains niveaux était perceptible.
Ce niveau-là, en particulier, était un vrai calvaire sur la version Windows d’origine, la faute au mouvement de certains éléments qui était beaucoup plus imprévisible.
Personnellement, je vous conseillerais plutôt les réglages d’origine (version Lynx donc).
Certes, la version Lynx n’est pas la plus sexy visuellement, et je trouve les graphismes de la version Windows plus jolis. Pour citer un point en particulier, les monstres que doit affronter Chip paraissent plus flippants en version Lynx, et découvrir les designs d’origine de la plupart d’entre eux m’a fait un peu peur…
Toutefois, la version Windows a l’inconvénient de proposer des graphismes (en grande partie) statiques, et manque beaucoup de fluidité à ce niveau-là. Les déplacements se font au case par case de manière saccadée, ce qui rend cette version finalement moins fluide visuellement. Dommage de ne pas avoir profité du portage Steam pour rajouter davantage de mouvement (à l’exception de quelques tuiles).
En outre, niveau musical (si toutefois vous souhaitez activer la bande son, qui n’est pas indispensable), je vous recommande largement la version d’origine, qui comporte un peu plus de morceaux et propose des titres un peu plus jazzy, plus agréables à écouter (certes, ce n’est pas la folie et il n’y en a pas énormément, mais c’est un accompagnement acceptable). Tandis que la version Windows propose deux musiques d’accompagnement qui font personnellement saigner mes oreilles, avec des morceaux bruyants très désagréables à entendre (d’autant plus lorsqu’on les répète…) et qui ne correspondent pas beaucoup à l’ambiance du jeu.
A gauche : la version Lynx d’origine ; à droite : la version Windows.
Sur une image fixe, ma préférence va à la version Windows, mais en pratique…
L’intérêt du jeu réside dans son gameplay, qui est plutôt simple à appréhender.
Dans chaque niveau, le but de Chip est d’atteindre la sortie (quelle originalité !) en résolvant ce qui est proposé, dans un tableau où il se déplace case par case.
Chip ne peut que se déplacer horizontalement ou verticalement, c’est tout. Mais il peut toutefois activer des mécanismes en appuyant sur des boutons, et collecter des clés pour ouvrir des portes de même couleur, des chaussures pour pouvoir marcher dans certaines cases spécifiques, ainsi que des puces pour ouvrir le portail (derrière lequel se trouve le plus souvent la sortie).
Il pourra également pousser des blocs pour se frayer un chemin, activer certains mécanismes, libérer des objets cachés dessous (ou des mauvaises surprises…) ou guider des monstres.
Oui, comme ce serait assez monotone que Chip fasse tout ça tranquillement, il devra également prendre garde à ne pas entrer en collision avec les différents monstres qui peuvent ponctuer les niveaux. Ceux-ci ont des mouvements variés : les bugs et les paramécies longent les murs, les boules de feu et les gliders changent de direction en heurtant un mur, les blobs et les walkers se déplacent aléatoirement… et les paires de dents suivent inlassablement Chip.
Expliquées comme ça, les mécaniques ne sont pas très originales indépendamment ; mais l’intérêt du jeu réside dans la façon de les combiner.
A ce sujet, le level design du jeu présente beaucoup de variété propose pas mal de variété, et ne se focalise pas sur un style de niveau en particulier.
Ainsi, certains niveaux vous feront esquiver les monstres, d’autres s’axeront davantage sur la réflexion, certains consisteront en des labyrinthes assez variés, d’autres vous feront jouer à Sokoban, quelques-uns vous mettront la pression avec un chronomètre très restreint… et on a même des niveaux de type « mégamix », qui consistent en un enchaînement de plusieurs mécaniques.
Le titre annonce d’ailleurs la couleur ici, vu que ce niveau est en effet un mélange de plusieurs types de jeu.
Le jeu compte 149 niveaux, ce qui garantit une durée de vie très honorable ; en revanche, la qualité du level design est assez hétérogène. En effet, ces 149 niveaux sont assez loin de se valoir, au point même que j’envisage de faire un top 10 des meilleurs et des pires selon moi en bonus de ce test.
Après, certains considèreront un niveau mauvais là où d’autres adoreront le niveau en question… j’admets que c’est assez subjectif, même si je considère quand même que certains niveaux sont très peu inspirés ou reposent sur une mécanique mal pensée.
Par conséquent, votre appréciation du jeu dépendra sans doute du type de niveau auquel vous serez le plus sensible. L’avantage de cette variété est donc que vous devriez pouvoir trouver votre compte au moins durant une bonne partie du jeu… mais l’inconvénient est que certains niveaux vous paraîtront assez frustrants et/ou sans intérêt.
Si vous avez une dizaine de minutes à perdre et que générer des blocs en veux-tu en voilà pour meubler le niveau vous plaît, celui-ci est pour vous. Sinon… il irait aisément dans mon flop 10.
Pour ma part, si je devais citer un type de niveau que je n’aime pas, et qui rend ce jeu particulièrement ennuyeux lorsque ça arrive, ce sont les niveaux consistant uniquement en du poussage de blocs, car ce sont les plus longs et souvent les plus ennuyeux. D’autant plus que si certains d’entre eux ont une mécanique recherchée, d’autres sont clairement trop peu inspirés et ne méritaient pas de faire passer au joueur une dizaine de minutes dessus…
Ce ne sont cependant pas les seuls niveaux que j’ai trouvé très frustrants cela dit ; ainsi, un ou deux niveaux de type « labyrinthe », quelques niveaux d’évitement de monstres (surtout ceux au comportement imprévisible…) et quelques niveaux consistant en une mécanique de « die and retry » (qu’il faudra donc refaire plusieurs fois) sont fréquemment cités parmi les joueurs comme les plus détestés.
Le niveau de die and retry par excellence de ce jeu. Rien qu’à la capture d’écran, vous voyez venir le truc : choisissez la mauvaise direction, et puis Plouf le Chip…
Ajoutez à cela un problème qui peut devenir très embêtant selon les niveaux : l’absence totale de « vies » ou de checkpoint. Autrement dit, à la moindre erreur de votre part (contact avec un monstre, faux mouvement avec un bloc impossible à rattraper…), c’est tout le niveau qui est à recommencer.
Imaginez donc la frustration lorsque, dans un niveau sur lequel vous avez déjà passé 5 ou 10 minutes, vous devez tout recommencer à cause d’un doigt qui a ripé là où il ne fallait pas…
En soi, cette contrainte de « tout ou rien » aurait pu ne pas être un problème, si tous les niveaux avaient été conçus dans l’optique de pouvoir être résolus assez rapidement. Mais étant donné la proportion peu négligeable de niveaux assez fastidieux à ce niveau-là… on sent que les level designers n’ont pas suffisamment pris cet aspect en compte. Dommage.
Ce niveau en particulier aurait mérité de pouvoir être fait en plusieurs fois : en effet, il se décompose en plusieurs parties plutôt fastidieuses et prend une bonne dizaine de minutes à être résolu… donc si vous vous loupez sur la fin, vous devez tout recommencer. Râlant.
Néanmoins, les problèmes évoqués ci-dessus ne devraient cependant pas vous dégoûter des niveaux les mieux réalisés, qui en valent clairement la peine.
D’autant plus que la version disponible sur Steam vous permet de sauter sans problème les niveaux que vous n’avez pas envie de résoudre, là où il vous fallait des mots de passe dans les versions plus anciennes. Ce qui faisait d’ailleurs l’intérêt d’un certain niveau et permettait de débloquer des niveaux bonus, qui sont au final directement accessibles dans la version Steam.
Vous ne réussirez sans doute pas ce niveau du premier coup, car il nécessite plusieurs tentatives pour en venir à bout… mais il est plutôt fun dans son approche.
A la louche, je dirais qu’environ 20% des niveaux ne valent pas le coup ; mais le reste des niveaux est au pire correct sans plus, au mieux plutôt fun. J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer et rejouer à certains d’entre eux, pour leur mécanique créative ou la réflexion derrière.
Encore une fois, ça dépendra de la perception de chacun, mais une bonne partie de ces niveaux mérite d’être découverte.
L’un de mes niveaux préférés, qui exploite bien les différentes capacités mises en place par ce jeu : téléporteur, stratégie, monstres…
Conclusion
Un jeu aux mécanismes simples, mais la plupart du temps efficaces. En dépit de son côté un peu inégal, ce jeu mérite une petite découverte rétro, pour les amateurs de réflexion, d’agilité, de rapidité, de patience et d’efficacité friands du genre.