C’est toujours quelque chose de rédiger le test d’un jeu qu’on a connu étant enfant, et de le redécouvrir adulte sous un oeil plus critique.
Je me souviens très bien que parmi la petite dizaine/quinzaine de jeux Game Boy que j’avais à l’époque, celui-ci figurait plutôt en bonne place. Mais il ne m’a pas déçu en y rejouant plusieurs années plus tard, et ce même si les jeux Game Boy ont pris pour la plupart un coup de vieux technique à mes yeux. Je voulais donc lui rendre hommage avec ce test.
Editeur : Capcom
Développeur : Capcom
Support : Game Boy
Date de sortie : 1990
Genre : Plateforme/RPG
Il y a très longtemps, le royaume des Goules échappa de justesse à un grand péril. Une puissante armée de destructeurs venue d’un univers voisin vint les envahir. Les créatures du royaume des Goules n’étaient que du menu fretin pour ces puissants destructeurs. Soudain, alors que tout le monde venait de perdre tout espoir, un grand feu balaya le royaume, chassant ainsi l’armée de destructeurs.
Plusieurs centaines d’années ont passé, et le royaume des Goules est de nouveau menacé…
Firebrand vit reclus dans une autre dimension lorsque des goules en peine viennent réclamer son aide. En effet, le maléfique Breager est de retour et les Destructeurs attaquent de nouveau. La seule solution réside en une vieille légende qui dit qu’un héros nommé « Red Blaze » trouvera le feu sacré et ramènera une nouvelle fois la paix. Firebrand est alors appelé au secours pour trouver ce héros. Il se jette au travers du portail laissé ouvert par les envahisseurs.
Le début du jeu vous plonge directement dans l’action.
Le scénario est assez typique d’un RPG classique. On retrouve d’ailleurs dans le jeu des éléments typiques des RPG, à savoir une carte du monde, des paysages, des villages que l’on croise sur la route, où on peut faire du troc avec une monnaie assez particulière (des fioles), des châteaux et des donjons…
Ca reste donc assez classique, mais le plus original est l’alternance avec le mode plateforme.
Ce passage de la carte du monde n’est pas bien compliqué : on peut juste aller vers le village et le pont…
Un jeu à mi-chemin entre le RPG…
En effet, le jeu est vraiment à mi-chemin entre le mode plateforme et le mode RPG.
Le mode RPG, lui, est présent avec le scénario, le déroulement du jeu, la carte du monde, les villages, et le menu.
Le menu est en fait assez simple : il permet de consulter ses caractéristiques à tout moment, de parler avec un personnage, d’utiliser un objet en cours ou de ramasser un objet, qui peut être explicitement présent (on le voit directement sur la carte sous la forme d’une fiole) ou qu’il vous faudra chercher par vous-mêmes.
Pour faire tout ça, il suffit juste d’appuyer sur « A » lorsqu’on n’est pas dans une phase plateforme.
Rien de complexe donc, mais force est de constater que les actions possibles ne sont pas toutes utiles : ainsi, si on utilise souvent la fonction « Discussion » (Talk), ce n’est pas le cas de « Utiliser » (Use) qu’on doit bien utiliser (aha) trois fois au maximum dans le jeu. Du coup, peut-être était-il possible d’avoir un menu un peu plus ergonomique ou d’effectuer quelques actions sans passer par celui-ci, d’autant plus que les autres touches ne sont pas utilisées sur ces phases. Cela dit, le menu tel qu’on nous le propose n’en est pas pour autant désagréable à utiliser.
Rencontre avec le baron Jark.
Enfin, le type RPG survient également avec les combats aléatoires qui peuvent survenir lorsqu’on se promène tranquillement sur la carte du monde. Parfois, ils sont même provoqués par des monstres que vous voyez explicitement sur la carte.
Mais ces combats ne se déroulent pas en mode RPG, justement. Le seul point commun est qu’ils se déroulent de manière souvent aléatoire, et qu’après un combat victorieux, Firebrand gagne des fioles (plus ou moins équivalentes à une monnaie). Mais les ennemis doivent justement être battus en mode plateforme, souvent dans des contextes assez variés (au niveau du terrain et des ennemis, qui nécessitent parfois des techniques de combat différentes).
Autre détail, on ne peut pas fuir, donc soit on finit victorieux, soit on perd simplement une vie : vous pouvez donc respirer, ce n’est pas un game over qui vous attend en cas de défaite, à moins d’avoir épuisé votre stock de vies.
Si toutefois c’était le cas, vous pouvez en acheter dans les villages avec les fioles. Attention, car les prix augmentent au fil du jeu !
Deux fioles à la clé pour ce combat.
… et le plateforme.
Passons maintenant au mode plateforme. On retrouve essentiellement celui-ci dans les combats, les donjons, ainsi que certaines phases comme la traversée de ponts ou d’autres passages particuliers de la carte du monde.
Il est tout de même assez fourni, car en plus de sauter et de se déplacer, Firebrand peut également s’agripper aux murs et voler… mais au départ, sa capacité de vol, ainsi que sa capacité de saut, seront limitées. Tout comme ses points de vie et ses armes.
Ce n’est qu’au fil du jeu qu’il pourra acquérir de nouvelles armes (ayant de nouvelles propriétés), sauter plus haut, voler plus longtemps, et avoir plus de points de vie (qu’il pourra même régénérer grâce à un item spécial qu’on trouve à un moment donné du jeu).
N’oubliez pas de récolter ces fioles pour les échanger contre des vies…
Du coup, on va en venir à la difficulté.
Un joueur expérimenté n’aura sans doute pas trop de mal à progresser dans le jeu, mais tout comme un joueur normal, il aura besoin de prendre ses marques au départ.
Ce n’est pas que Firebrand ne soit pas très maniable, au contraire (même le faire voler est assez aisé, il suffit par exemple d’appuyer deux fois sur « A »), mais il faut tout de même un temps pour se familiariser avec les commandes (par exemple, voler de manière astucieuse pour éviter les piquants).
Il faut dire que le début du jeu n’est pas si difficile, mais comme Firebrand possède peu de points de vie et peu de vies au départ (ainsi que peu de capacités), passer le premier donjon peut s’avérer un peu délicat pour un débutant.
Mais au fil du jeu, on prend mieux ses aises avec les nouvelles capacités acquises par Firebrand. Du coup, la difficulté réside essentiellement dans l’adaptation au gameplay. On en arrive donc un peu paradoxalement au constat que plus on avance dans le jeu, moins celui-ci semble difficile… bon, bien sûr, la difficulté evolue au fil du jeu, mais le fait d’obtenir de façon continue (ou presque) de nouvelles capacités rend certaines actions plus simples.
Après avoir goûté à ces nouvelles capacités, c’est dur de recommencer à zéro…
L’ambiance
Au niveau des graphismes, on a de la Game Boy (qu’on peut cependant colorer avec une Gameboy Color ou un émulateur), mais les graphismes ne sont tout de même pas bâclés. Loin de là. On n’a pas à s’en plaindre, car on distingue bien les différents personnages, les différents monstres, les différents items… et les niveaux possèdent même leur propre ambiance, que ce soit au niveau graphique avec les murs et les panoramas, parfois animés de surcroît !
Mais malheureusement, le plaisir d’avoir des graphismes aussi détaillés est un peu gâché par quelques ralentissements, qui peuvent être produits à cause de certains ennemis (par exemple, les plantes carnivores qui ne lâchent pas Firebrand d’une semelle), ainsi qu’un affichage parfois un peu scintillant et intermittent des éléments comme les ennemis ou même Firebrand. Ce n’est pas envahissant (pas au point de lâcher le jeu, loin de là) mais juste un peu agaçant…
Et ce genre de désagrément se reproduit aussi lorsqu’on combat des boss (comme Bellzemos ici présent).
Et les musiques ne sont pas en reste, elles sont assez de la même veine en ce qui concerne les niveaux, et se laissent agréablement entendre. Elles sont également présentes sur la carte du monde, et les combats. Elles sont souvent assez appropriées.
Peut-être un léger bémol pour certains effets sonores (par exemple lorsqu’on ramasse une fiole) qui sont un peu stridents.
Une aventure qu’on voudrait voir prolongée…
Et en ce qui concerne la durée de vie, elle est en moyenne d’une dizaine d’heures (même si tout est relatif, en particulier pour ceux qui trouvent le jeu facile ou non…) ce qui est, certes, plutôt honorable et adapté au jeu, mais parfois, on en voudrait un peu plus.
Non pas que le jeu qu’on nous propose soit décidément trop court, mais on n’a pas vraiment l’impression de profiter pleinement des capacités nouvellement acquises par Firebrand, surtout vers la fin du jeu, où, au lieu de s’approprier de nouvelles capacités de façon continue, on nous les délivre plutôt par pavés, alors qu’on sait la fin proche. Autrement dit, dommage qu’on ne puisse se servir de cette nouvelle puissance que pour un ou deux passages plateforme et un boss…
Autre inconvénient, le jeu est aussi assez linéaire ; à part vadrouiller dans la carte du monde quand on le souhaite, on est souvent obligés de suivre à la lettre le fil du jeu. D’ailleurs, plus on avance, plus il est impossible de reculer. Notons également qu’il n’est pas possible de revenir dans des niveaux déjà terminés (hormis certains ponts et tunnels).
Autoriser des retours en arrière n’aurait cependant pas cassé des briques ni changé fondamentalement l’intérêt du jeu, étant donné qu’il n’y a aucun intérêt à vouloir revenir dans un village déjà lointain : tous les villages proposent plus ou moins la même chose (mis à part les rencontres avec les personnages spéciaux comme le baron Jark), entre autres l’obtention d’un mot de passe pour pouvoir faire une pause et revenir au jeu par la suite (système de sauvegarde très rétro mais un peu embêtant au passage) et l’échange de fioles contre des vies (talismans cyclone). Même si les villages plus proches de la fin du jeu proposent des vies pour un prix quatre fois plus cher qu’au départ (eh oui, même la crise est passée par là), le seul intérêt de chercher des vies pour moins cher n’aurait pas suffi.
Mis à part les dialogues des personnages, la présence de certains souverains et le prix des vies, grosso modo tous les villages sont interchangeables…
Conclusion
Voilà un exemple de mariage plutôt réussi entre RPG et plateforme, qui pourra sans doute ravir les fans de ces deux types de jeux, ainsi que ceux qui pourraient se plaindre du manque de scénario dans certains jeux plateforme… Ce mélange n’était d’ailleurs pas vraiment nouveau, puisqu’en 1987, Adventure of Link était sorti (source : Wikipédia), et celui-ci combinait une carte du monde, des villes, des caractéristiques RPG… avec des combats et des donjons en mode plateforme. On pourra également citer sur Gameboy d’autres Zelda, cependant sortis plus tard, comme Link’s Awakening (bien que le mode plateforme était vraiment peu présent) ainsi que le tandem Oracle of Ages/Seasons, d’ailleurs réalisé par Capcom lui aussi.